De sombre augure
Inquiet par le songe nocturne d'un lémure,
Je suis parti au loin, au delà des blancs murs
De ma franche cité, quérir l'aide delphique,
Sonder les desseins de l'oracle séraphique.
Alors me parvint une lente mélopée,
Depuis la retraite astrale de Cassiopée,
Un doux murmure, sibyllin mais terrible,
M'annonçait le sort vain de ma cité paisible :
"Sombre ! Telle une blanche nef parmi l'orage,
Emportant dans son sillage enfants et fortunes !
Ô Franche Cité ! La mollesse et l'esclavage
Déchaînent sur toi la colère de Neptune !
Tu renies ton credo, Tu oublies tes héros,
Bannis tes défenseurs et louent tes fossoyeurs !
Tu détrousses l'honnête homme d'un air railleur,
Condamnes mage et templier au brasero....
Est-il étonnant que tous enfin t'abandonnent ?
Ô vil tyran, qui mutile son propre sang !
Odieux soutien des brigands, tueur d'innocents !
Par ta main succombèrent Egée et Méthone !
Ni palais ni temple en ton sein, rien ne demeure,
Sans foi ni loi, tout est perdu, hormis l'honneur
Du rebelle au dedans, du proscrit au dehors.
Une flammèche existe toujours en leur corps !"
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