Chapitre 9 : Tempête sur Pré-au-Lard (3)

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 Des affiches pour leur toute nouvelle friandise, les Bonbons Bonair, étaient placardées dans tout le magasin. Les quatre élèves trouvèrent vite où ils étaient : une énorme foule était concentrée autour de l'étagère des confiseries à effets spéciaux. Des centaines de paquets de Bonbons Bonair avaient été entassés dans une énorme cuve rouge, au-dessus de laquelle un grand panneau lisait : « Les Bonbons Bonair, quel air vous donneront-ils ? » Tous les élèves voulaient acheter cet intriguant produit et eux quatre n'échappaient pas à la règle. Alors, après s'être faufilés à travers les autres clients, ils prirent un paquet chacun et se rendirent en caisse pour les acheter.

 — Alors, vous croyez qu'ils font quoi ? demanda Miles une fois qu'ils se furent installé dans un coin du magasin pour y goûter.

 Daphné, qui avait longtemps farfouillé dans son paquet, en ressortit un de couleur jaune. Il brillait légèrement.

 — Ananas, dit-elle en lisant la notice de son paquet. Ça devrait être bon.

 Elle le mit dans sa bouche. Tout le monde observait son visage, prêt à voir apparaître les étrangetés les plus farfelues, mais ce fut dans sa bouche que tout se passa. À l'intérieur, le bonbon s'était mis à briller si intensément qu'ils pouvaient le voir à travers sa joue.

 — Vous entendez ça ? dit Cassius.

 Des notes de musique avaient commencé à se faire entendre. Il regarda derrière lui, à travers le magasin, pour essayer d'en trouver l'origine mais il n'y avait aucun orchestre, ni dedans, ni dans la rue.

 — Eh ! mais c'est Célestina Moldubec, remarqua Adrian.

 Et, en effet, doucement commençait à être entonné l'air de Repoussez les terribles Cognards et lancez droit le Souafle, l'hymne de l'équipe de Quidditch du Club de Flaquemare, interprété par la célèbre chanteuse. Daphné ouvrit légèrement la bouche et le son devint soudain beaucoup plus clair. Tout le monde comprit alors que le bonbon en était la source.

 La chanson fut jouée jusqu'au bout et, même lorsque Daphné, lassée de l'entendre, eut avalé la confiserie, des notes de musique leur parvenaient encore depuis son estomac.

 En sortant de Honeydukes, ils marchèrent tous d'un accord tacite en direction des Trois Balais. Lorsqu'ils passèrent devant l'enseigne du salon de thé de Madame Pieddodu, qui réunissait habituellement les couples heureux de Poudlard, Miles sembla y jeter un coup d'oeil envieux. Heureusement, contrairement à ce que Cassius avait craint, Daphné et lui n'étaient pas restés seuls dans leur coin durant l'après-midi.

 Lorsqu'ils se posèrent à une table du pub des Trois Balais, pas loin d'un mur, et eurent commandé leurs boissons, ils purent tous ensemble essayer les différentes chansons de leurs bonbons. Il s'avéra que celles-ci n'étaient pas liées aux goûts, aussi purent-il se laisser surprendre ainsi un bon moment.

 Ils étaient tous en train de chanter d'un air grave La complainte d'Odo lorsqu'un coup de vent frais fit frissonner Cassius. Pour une raison étrange, la fenêtre derrière eux avait été laissée ouverte, alors que dehors sifflaient ardemment les bourrasques hivernales. Il se leva donc pour aller la fermer mais, juste avant de pousser le deuxième battant, il entendit le chant d'un oiseau à l'extérieur. Une étrange sensation lui recouvrit alors l'esprit, le plongeant dans une béatitude et une mollesse réconfortantes. Il entendit une dernière chose, une voix qui lui parlait depuis derrière lui.

 « Suis les oiseaux. »

 Et puis le reste du monde s'évanouit.

 Il se trouva d'un coup attablé face à la Bièraubeurre qu'on lui avait servie, revenant à lui avec comme la sensation de s'être réveillé. À côté de lui, Daphné et Miles le fixaient d'un air préoccupé et, debout, un peu plus loin, Adrian le regardait comme s'il était un inconnu.

 — Qu'est-ce que vous avez à me regarder ? s'enquérit Cassius.

 À ces mots, l'incompréhension s'accentua sur les visages de Daphné et Miles, et Adrian vint s'asseoir avec, lui, un air presque soulagé.

 — Tu as eu un comportement très bizarre, Cassius, lui dit Daphné.

 — J'ai juste fermé la fenêtre, expliqua-t-il, pour le froid.

 — Et après la fenêtre, tu ne te rappelles de rien ? lui demanda Adrian.

 — Euh... Quelqu'un a parlé, essayait-il de se remémorer, il m'a dit de suivre les oiseaux et il était derrière moi. Et puis après je suis revenu m'asseoir, non ?

 À y repenser, Cassius n'avait pas souvenir d'avoir marché jusqu'à sa chaise. Peut-être avait-il eu un moment d'absence pendant qu'il revenait s'y installer mais certainement pas de quoi s'inquiéter autant.

 — Qu'est-ce qu'il est allé faire ? demanda Miles à Adrian.

 — Je crois… Je crois que je devrais en parler avec lui d'abord, répondit-il tout en fixant étrangement Cassius. On va rentrer au château.

 — On vient avec vous ! s'exclama Daphné.

 — Non, non, ne vous inquiétez pas, restez ici, leur dit Adrian.

 Cassius, qui était impatient de comprendre ce qui lui échappait, ne se fit pas prier pour rentrer. Une fois qu'ils se furent isolés dans le dortoir, Adrian put tout lui expliquer.

 — Tu étais en train de refermer la fenêtre quand tu es parti du pub, sans un mot. Personne ne comprenait, alors je t'ai suivi.

 — Je ne me rappelle absolument pas de ça, s'étonna Cassius.

 — Tu es allé jusqu'à une petite ruelle isolée qui longe la Tête de Sanglier et puis tu t'es arrêté au coin d'une autre rue. Quand je me suis arrêté aussi, j'ai entendu la voix de Pansy.

 — Qu'est-ce qu'elle faisait là ? demanda Cassius, soudain curieux.

 — Elle était en train de parler avec quelqu'un, je n'ai pas reconnu l'autre voix, c'était une femme mais je ne l'avais jamais entendue.

 — Et qu'est-ce qu'elles disaient ?

 — Je ne comprenais pas tout avec la tempête mais elles parlaient de quelqu'un dans le château que Pansy soupçonnait de quelque chose. La deuxième femme lui disait qu'elle n'avait rien trouvé de suspect pour l'instant et lui demandait si elle avait quelque chose de nouveau de son côté. Alors Pansy a dit qu'elle trouverait quelque chose, de ne pas s'inquiéter. Et puis tu es parti, alors je t'ai suivi, jusqu'aux Trois Balais, et maintenant nous voilà.

 Tout cela plongea Cassius dans une profonde réflexion. Que pouvait bien signifier cette conversation ? Peut-être avait-elle un lien avec ce qu'il s'était passé à Noël ou avec lui, pour qu'il aille l'espionner. Mais pourquoi alors avait-il tout oublié ?

 — Et la voix derrière moi ? demanda Cassius, après avoir intégré toutes ces informations.

 Adrian fronça gravement les sourcils, comme s'il se demandait ce qu'il devait dire. Et puis il répondit ce qui se révéla être pour Cassius le plus incompréhensible dans toute cette histoire.

 — Il n'y avait personne derrière toi, Cassius.

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