Chapitre 6 : L'Œuf d'Or (2)

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 — Le cours est déjà fini ? demanda Cassius, après une pause.

 — J'ai fini en avance le programme du jour.

 Dans le silence maladroit qui suivit, Cassius remit l'œuf dans la malle et vit en relevant les yeux qu'Adrian le fixait depuis tout à l'heure avec un air absent. Celui-ci secoua la tête et sembla reprendre ses esprits.

 — Je crois qu'on devrait prendre l'air, dit-il.

 Cassius ne put contester cette idée. La fin du devoir de métamorphose qui essayait de le tirer vers les salles de travail se dissipa rapidement de son esprit lorsque l'air de l'extérieur envahit ses narines, douloureusement froid, malgré que le temps se soit adouci depuis la veille, et étrangement doux.

 Cassius n'en savait toujours pas plus à propos de l'œuf, tout était confus. Alors il mena Adrian vers la berge du lac et décida de lui parler de la décision qu'il avait prise ce matin. Résoudre l'énigme de l'œuf, faire gagner Potter. Aider Voldemort.

 — Vraiment ? souffla-t-il. Tu vas laisser le garçon mourir et Tu-Sais-Qui gagner ?

 Cassius fut quelque peu surpris d'entendre la désapprobation de son ami mais au fond de lui il avait toujours su qu'il réagirait ainsi et c'était peut-être pour cela qu'il avait voulu lui en parler.

 — Je n'ai pas le choix, Adrian. Tu crois qu'il va me laisser décider, que j'aurai la possibilité d'ignorer sa demande ? Il a des pouvoirs qu'aucun de nous ne pourrait s'imaginer.

 Adrian fronça légèrement les sourcils et se remit à jouer avec les feuilles d'un trèfle près de ses pieds. Ils s'étaient assis dans l'herbe, sous un arbre, profitant du fait qu'ils n'en étaient pas encore à la période de l'année où le gel et la boue rendaient cela impossible. Cassius fut presque surpris lorsque la voix de son ami s'éleva à nouveau.

 — Je t'aiderai, Cassius, mais sache que tu possèdes aussi des pouvoirs auxquels il ne penserait jamais, et plus de choix que tu ne le crois.

 C'était vrai. C'était une vérité qu'il avait tant essayé d'ignorer. Et comme à chaque fois, il pouvait compter sur son ami pour la lui rappeler. C'est pour cela que Cassius l'appréciait, Adrian ne rendait pas les choses plus douces, il les rendait plus vraies.

 Et cette vérité faisait mal. Elle faisait mal car il avait le choix. Même s'il ne se le donnait pas, sûrement par peur, Cassius avait le choix. C'est ce qui le troublait le plus. Pourquoi le Seigneur des Ténèbres laissait-il entre les mains d'un adolescent de dix-sept ans la responsabilité d'accomplir l'unique mission qui pourrait lui rendre tous ses pouvoirs ?

 Cassius, qui fixait la surface onduleuse du lac sans même s'en rendre compte, était plongé dans ses pensées depuis plusieurs minutes lorsque des étranges cris leur parvinrent. Ils échangèrent un regard intrigué, ne sachant pas ce qu'il se passait. Ce n'était pas des appels au secours, c'était quelque chose de bien plus... ridicule. On aurait dit quelqu'un qui essayait de reproduire le son de tous les animaux du zoo en même temps.

 Ils se levèrent tous les deux pour voir d'où cela provenait. Et ce qu'ils virent fut une vraie surprise. La personne qui s'égosillait depuis tout à l'heure n'était autre que leur directeur Albus Dumbledore, perché au bord du lac à quelques mètres d'eux. C'était peut-être un homme étrange mais Cassius ne l'aurait jamais pensé fou à ce point. C'est alors qu'il remarqua que le vieillard n'était pas seul. Il était avec une selkie dont seul le haut du corps émergeait de l'eau. Les traits de son visage lui donnaient un air encore plus féroce et sauvage que celui du reste de sa tribu, si cela était possible, et elle avait un air imposant qui fit songer à Cassius qu'elle pourrait bien être la chef des êtres de l'eau du lac de Poudlard.

 Lorsque celle-ci s'exprima à son tour avec les mêmes jacassements que Dumbledore, mais toutefois avec une aisance notablement plus naturelle, il comprit qu'ils étaient plongé dans une discussion en langage aquatique, la langue des selkies. Cassius ne l'avait jamais entendue jusque là mais elle semblait pourtant faire résonner quelque chose dans son esprit. Comme s'il avait un souvenir lié à ce langage mais qu'il était incapable de mettre le doigt dessus. Et apparemment, il n'était pas le seul à qui cela semblait rappeler quelque chose.

 — J'ai déjà entendu ca, dit Adrian, perplexe, en se retournant vers lui.

 Tout d'un coup, son visage s'éclaircit et il saisit Cassius par les épaules.

 — Je sais ! s'écria-t-il avec enthousiasme.

 Durant un bref instant, il sembla réfléchir très vite, sourcils froncés, air absent.

 — Tu sais quoi ? demanda Cassius.

 — Je ne suis pas sûr, mais ça pourrait bien marcher, sembla-t-il dire plus pour lui-même, avant de regarder Cassius dans les yeux. Cassius, il me faut une plume d'Augurey, tu crois que tu peux me trouver ça ? Je m'occupe du reste.

 Et il s'élança vers le château, sans laisser le temps de répondre à Cassius, qui souriait encore bêtement. Adrian ne cesserait jamais de le surprendre. Et il adorait ça. Il serait toujours un inépuisable et fascinant mystère.

 Cassius se laissa prendre au jeu et pénétra dans le château à la suite d'Adrian. Les plumes d'Augurey avaient la particularité de repousser l'encre, aussi les Serpentard en gardaient-ils toujours dans un coin de leur salle commune. Regarder quelqu'un essayer de faire ses devoirs avec l'une d'elles était l'une des activités les plus divertissantes qui soient les dimanches après-midi, du moins à l'époque où ils avaient encore assez de temps libre entre dissertations et révisions pour s'adonner à ce genre de plaisanteries. Mais ce n'était certainement pas à cela qu'allait s'amuser Adrian, alors tandis qu'il se rendait vers les souterrains à pas empressés, Cassius essaya de se rappeler les autres propriétés des plumes d'Augurey.

 Il ne s'agissait pas tant d'une créature de l'air que de l'eau. Ils volaient rarement d'un arbre à un autre, si bien qu'on pouvait les retrouver au même endroit pendant plusieurs semaines, et leur chant, longtemps pris pour un présage de mort, annonçait l'approche de la pluie. Mais encore une fois, Cassius ne voyait pas en quoi cela pourrait leur servir.

 Lorsqu'il entra dans la salle commune, il y avait déjà plusieurs élèves qui étaient rentrés de leurs cours. Cassius attrapa une plume d'Augurey et se retourna pour voir Adrian debout, au milieu de l'arche de marbre qui séparait le hall d'entrée et la salle principale de leur salle commune, avec, blotti dans ses bras, l'œuf d'or.

 L'œuf d'or ! Comment Cassius avait-il pu être aussi stupide ? Maintenant qu'il le voyait, le son lui revenait en tête. C'était à ce son que lui avaient fait penser les cris de la selkie. Et il n'avait pas réussi à le relier au langage des êtres de l'eau, alors qu'il l'avait entendu juste avant. Cassius rejoignit Adrian avec un sourire. Désormais, il commençait à comprendre ce qu'il se passait et il suivit son ami à travers le dédale de couloirs qui débouchait sur l'extérieur.

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