Chapitre 5 : Lune de minuit (1)

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 Le mois de décembre enveloppa le château de ses violents courants d'air et de son froid saisissant. Les élèves restaient donc à l'abri entre les murs, où les discussions insouciantes répandaient une agréable chaleur humaine qui semblait faire disparaître de leurs esprits la météo capricieuse.

 Passée la montée de pression de la première tâche, le quotidien de Cassius était devenu plus simple. Même s'il n'avait pas fini premier du classement, il avait été acclamé par toute sa maison à son retour de la tente qui faisait office d'infirmerie.

 Toutes les autres maisons, et même les autres écoles, ne cessaient de parler de la première tâche. On commentait la manière avec laquelle chaque champion avait battu les dragonnes, on soutenait son favori ou on critiquait les notes attribuées aux autres. Sur ce dernier point, les Gryffondor, dont la participation au Tournoi des Trois Sorciers à travers un quatrième champion était à peine légitime, se montraient particulièrement doués. Ils reprochaient à Cassius d'avoir utilisé un badge anti-Potter alors que le règlement stipulait que les champions devaient être seulement armés de leur baguette. Il suffisait alors de leur rappeler que le leur avait utilisé un balai volant pour qu'ils ne sachent plus quoi rétorquer. Faute d'arguments, ils essayaient alors d'attaquer des groupes de Serpentard par surprise dans les couloirs. Heureusement, habitués depuis longtemps à ces attaques stupides, les Serpentard avaient développé une technique jusque là imbattue : ils voyageaient toujours en paire de groupes, l'un servant de proie, l'autre attaquant les ennemis par derrière.

 En-dehors des Gryffondor, qui pour la plupart se retrouvaient désormais à l'infirmerie pour soigner leurs langues décuplées de taille, leurs oreilles ramollies ou leurs doigts qui dansaient de manière incontrôlable le cha cha cha, les élèves de Poudlard portaient plus d'attention à Cassius qu'auparavant. Ayant fait ses preuves, il était maintenant totalement considéré comme un champion digne de la compétition, malgré le nom de sa maison.

 Et puis même s'il ne comprenait toujours pas pourquoi Potter l'avait prévenu pour les dragons, il avait abandonné l'idée d'y trouver une explication. Quant au problème de Pansy Parkinson, il se trouva lui aussi résolu, le premier mercredi du mois.

 Cassius et Adrian s'étaient enfermés dans une des salles secondaires de la salle commune de Serpentard pour travailler sur un devoir d'Astronomie qu'ils avaient à rendre le soir-même. Le regard de Cassius avait erré vaguement durant plusieurs minutes entre Saturne et Mars, dont il devait encore calculer l'angle qu'elles formeraient avec Mercure trois jours après leur prochain alignement, quand un bruit lui fit lever la tête.

 Quelqu'un venait d'entrer dans la salle commune et des voix leur parvinrent.

 — Allez, Pansy, appela celle de Drago, il n'y a personne ici.

 — Non, je ne te dirai rien, répondit celle-ci tout en entrant quand même.

 — Je mérite de savoir, maintenant que c'est fini, tu ne penses pas ?

 — Pourquoi je te le dévoilerais ?

 — Allez, Pansy, depuis quand il y a des secrets entre nous ?

 Il y eut un long silence durant lequel Cassius échangea un regard intrigué avec Adrian, puis ils entendirent les deux élèves s'installer sur un canapé avec un soupir.

 — L'idée m'était venue l'autre jour, quand on est allé à Pré-au-Lard, expliqua Pansy. Quand on s'est séparé, je n'ai pas pu me rendre directement au bureau de poste. Il y avait ce fanfaron ambulant qui en bloquait l'entrée pour faire ses tours de magie moldus. Il ne voulait pas me laisser entrer. Il prétendait que la porte avait disparu. Et quand il s'est poussé, en effet, il n'y avait qu'un grand carré noir à la place de l'entrée. J'ai utilisé plusieurs sortilèges de révélation mais rien. Il ne se passait rien. Jusqu'à ce qu'un oiseau ne vienne se poser sur le sol juste devant l'entrée. Et que son reflet n'apparût dans le carré noir. C'était un miroir. Cet idiot m'avait dupé avec un simple miroir. Il l'avait incliné pour que je voie le sol au lieu de la porte.

 Il y avait comme de l'agacement dans sa voix. Sans faire de bruit, Cassius s'était rapproché du mur pour mieux entendre son histoire.

 — Finalement, le bureau de poste était fermé pour cause d'infestation de Bandimons. Alors, je suis allé chez Zonko. Et c'est là-bas que m'est venue l'idée de réutiliser ce minable tour de passe-passe pour une plus grande cause.

 — Le Jeu des Souterrains, ajouta Drago.

 — Il ne m'a fallu que quelques objets de plus pour parfaire mon tour, continua Pansy. Je ne voulais pas te le dire de suite, alors j'ai gardé tout ça bien caché, jusqu'à la fameuse nuit où je me suis retrouvée toute seule. Je suis allé à cet endroit que Peeves aimait bien, un fond de couloir qui donne sur un étroit escalier.

 — Attends, comment tu pouvais savoir qu'on y passerait ? demanda Malefoy.

 — Je ne le savais pas. Je me suis juste dépêchée d'installer tous les pièges avant que ma première victime n'arrive. Je venais de sortir ma Poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou quand je me suis fait attaquer. Je ne sais pas comment, mais durant le combat, un sort a touché les pierres noires qui se sont transformées en orbes transparentes. Aucune de nous deux n'avait compris ce qu'il venait de se passer et j'ai profité de son moment d'incrédulité pour l'éliminer. Une fois qu'elle s'était éloignée, j'ai lancé une des orbes contre le mur et j'ai été soufflée par un gigantesque coup de neige. Ce que j'avais entre les mains était parfait, Drago, mais je venais de faire assez de bruit pour réveiller Dumbledore jusque dans son bureau. Et même si j'avais ces objets depuis longtemps, je n'avais pas encore établi exactement de stratégie.

 — Tu as tout improvisé ? s'étonna Drago.

 — Eh, bien, je me suis d'abord dit que j'allais avoir besoin d'une diversion. Alors j'ai installé une Cape d'Invisibilité sur la fausse horloge et le Scrutoscope à trois Mornilles et je l'ai accrochée à une fausse fourchette qui tourne sur elle-même pour créer des tornades. Oui, on trouve de tout chez Zonko. Je venais de placer les orbes au centre de ce qui devait être le futur œil du cyclone quand je vous ai entendus arriver. Vous étiez d'une indiscrétion affligeante.

 Cassius et Adrian échangèrent un regard perplexe.

 — Je me suis dépêchée de m'éloigner de là, j'ai fait tenir mon miroir de façon oblique pour qu'il reflète le sol comme si c'était un mur, puis je l'ai agrandi jusqu'à ce qu'il fasse la taille du couloir, de manière à ce que mon illusion soit parfaite. Je me demande comment vous avez fait pour ne pas m'entendre prononcer les formules. Et ensuite tout s'est enchaîné parfaitement. Vous avez tous cru que vous vous trouviez dans un cul-de-sac et personne n'a remarqué le miroir. Puis votre attention s'est détournée encore plus tôt que prévu, grâce à Astoria qui a entendu le bruit du début de la tornade de la fourchette, qui a alors pu dévoiler l'horloge en faisant s'enrouler la Cape d'Invisibilité. J'ai deviné à votre silence que vous étiez tous rivés dessus, puis sur le Scrutoscope, qui a créé le chaos nécessaire pour vous faire perdre pied. La tempête a alors pu achever de vous déstabiliser et, à ce moment-là, vous aviez déjà perdu. Quand les orbes au centre de la tempête ont explosé, elles ont créé avec les rafales de vent quelque chose de bien plus puissant que tout ce que j'avais espéré. Alors j'ai pris juste assez d'élan pour sauter sur le miroir et le briser et, à partir de là, ce n'était plus qu'un jeu d'enfant.

 Sa voix s'éteignit dans une fierté non dissimulée.

 — Et pour le sortilège informulé ? demanda Malefoy. Comment as-tu fait ?

 — Je ne sais pas, reprit Pansy d'un air moins enjoué. Je ne réfléchissais pas à ce que je faisais. Je me souviens juste que je souhaitais très fort que tu ne sois plus là. Et puis cette formule que j'avais lue quelque part m'est venue en tête. Et... tu as disparu. Pouf.

 Un silence s'ensuivit.

 — Ah ! bah voilà ! s'exclama Malefoy, essayant de cacher sa contrariété. C'était pas si compliqué à raconter.

 Dans la salle d'à côté, Cassius se retourna vers Adrian, son dos appuyé contre la porte, pantois.

 — Au moins, tu as eu ton explication, chuchota Adrian maladroitement.

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