Songes

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 Etonné et effrayé par ce qui venait de se passer, le marchand s'écarta prestement de quelques pas, avant de se retourner et de braquer son arme sur l'inconnu. Sa surprise n'eu d'égale que la taille du mastodonte. Une créature titanesque à forme humaine, mesurant au bas mot dans les 2 mètres 50, le toisait avec un regard plongeant, rappelant celui des Dracks, quand ceux ci se préparait à fondre sur leur proie sans défense.

- "Qu...qu.... QUI ES-TU ?" Baragouina-t-il en tremblant tellement que même à cette distance, tirer avec son arme aurait de grandes chances de rater la cible, malgré sa taille.

 Le géant se contenta de rire, avant de finalement répondre à la question posée, non sans bomber le torse, et tout en s'approchant du petit homme.

- "Moi ? Je suis Magni Gnioles, Héraclyde, membre du clan Gnioles, et capitaine des Muscles de Baldrik. Et toi demi-nain ? Qui es-tu pour oser t'en prendre à mon fils ?"

 Magni fit craquer ses poings, pour ponctuer sa dernière question.

- "L..l...l.. Le clan Gnioles ?.." parvint à articuler le marchand, tout en abaissant son arme. "J.. Je ne savais pas que cet enfant était de votre famille"

 Le géant continua de regarder l'homme dans les yeux, sans bouger, son regard étant révélateur de ses intentions. Le tireur abaissa son arme et entreprit de reculer jusqu'à sa charrette, accompagné de son garde, boitant encore à cause d'Onyx.

 Une fois installés, ils repartirent d'où ils étaient venu, laissant le groupe seul sur le chemin de terre. Ysran regarda son sauveur, et réussit à se remettre debout, avant de serrer l'Héraclyde dans ses bras.

- "On était parti vous chercher, vous tombez à pic"

- "Et puis-je savoir ce que tu fais loin de chez toi ? Sans ta vermine de père qui plus est."

- "Ce n'est plus mon père."

Il haussa un de ses sourcils en signe d'étonnement.

- "Et puis-je savoir ce qui t'a fait prendre cette décision ?"

 Ysran se mit alors à lui raconter toute l'histoire, la trahison de son père, la mort de ceux de Kael, et ce mystérieux Hényr, qui serait une lame céleste.

- "Lame céleste ? J'en ai entendu parler il y a quelques années... Je pense qu'il faudrait que vous veniez avec moi, ce n'est plus sûr dans le coin pour vous." Magni conclu sa phrase en regardant les alentour avec attention.

- "Vous nous sauvez ! Nous étions justement en route pour vous rejoindre avant votre départ pour Fier Azur ! D'ailleurs comment se fait-il que vous soyez dans les parages ? Vous ne deviez pas partir la semaine prochaine ?"

- "Toujours autant de questions toi !" Magni se mit à rire. "Tu comprendras quand nous serons arrivé. Allez, en route. Prends ton ami sous le bras" Dit il en pointant Onyx. "Je m'occupe de l'autre"

 Le garçon s'exécuta et rejoignit l'Héraclyde.

 Au bout de quelques pas, ils remarquèrent la blessure d'Onyx, dont le sang traçait une petite rivière dans leur sillage. Le géant ne ralentit pas, et bientôt des bruits de combat se firent entendre, ainsi qu'une nouvelle détonation. Au bout de quelques secondes d'inquiétude, Ysran vu ce qui avait provoquer ce bruit. La charrette du marchant d'esclave était en plein milieu de la route, ce dernier gisait au sol, en sang. Un jeune qu'Ysran reconnut immédiatement était en train de rouer le garde de coup. Une fois celui ci inconscient, il se retourna et se dirigea vers l'esclavagiste. Il lui arracha son fusil, qu'il lui enfonça de toute ses forces dans son crâne. Un crac sonore surgit ce qui ne laissa que peu de mystère sur l'état de l'homme au sol.

- "Heim !" Ne put s'empécher de crier Ysran, et l'intéressé se retourna grand sourire.

- "Hey petit frère, je crois que vous avez oublié quelque chose" dit il en pointant la charrette de la tête.

- "Fils, libère les esclaves et charge ces 2 enfants sur la charrette." Annonça le géant.

- "Père ? pourquoi libérer ces esclaves ? ils ne méritent pas leur liberté !" Heim cracha sur les dit esclaves en signe de mépris.

- "Ils ne sont pas plus esclaves que toi. L'homme qui les as capturé se servait d'une arme de lâche, ils n'ont pas pu prouver qu'ils étaient indignes de leur liberté, alors libère les sur le champ."

 Heim grommela puis s'exécuta, libérant ainsi les malheureux qui ne demandèrent pas leur reste, avant de partir dans l'ombre des bois.

 Une fois tout le monde sur la charrette, ils se mirent en route vers le village le plus proche. En cours de route, Heim et Ysran ont pu se raconter leur vie depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, tout en veillant sur Kael et onyx, toujours inconscient.

- "Du coup p'tit frère, tu vas venir avec nous ?"

- "C'est ce que ton père m'a dit, et j'avoue que c'est ce que je voulais. Que nous voulions."

- "Et qui sont tes deux camarades ?"

- "Le plus vieux est un ami orphelin. Il n'a jamais connu sa famille, et depuis aussi loin que je le connaisse il a toujours du se débrouiller seul. Il est très débrouillard, et même si sa technique à l'arme n'est pas la plus gracieuse, elle est la plus efficace si on l'a compare à la mienne"

 Magni se mit à rire, en entendant cette remarque, puis se permit de lui répondre.

- "Tu sais, la plupart des meilleurs épéistes, et même des combattants de manière générale, sont ceux qui ont du apprendre de leur erreurs au prix fort. Par exemple toi, si tu pares mal le coup de ton maître d'armes ? Tu te prendrais un coup de bâton, ça fait mal mais ça va encore. Ton ami ? Un mauvais coup de couteau, et il pourrait perdre la vie. Dans ces conditions, on a souvent tendance à préférer l'efficacité à la beauté. Surtout quand notre vie est en jeu. Considère ça comme un conseil de ma part."

 Ysran acquieça en se disant que ce précieux conseil n'était que le premier d'une longue série. Heim se permit même de compléter le conseil de son paternel.

- "Je dirais même plus, la beauté d'une attaque ne sert strictement à rien. Tu devrais dès à présent l'enlever de ton esprit."

 L'enfant prit note de ce qui venait d'être dit, et sombra sans s'en rendre compte, dans un sommeil lourd.

 A son réveil, la chariote était arrêtée sur le bord du chemin, et un feu de camps avait été dressé. Ysran chercha après ses 2 amis, et les vit tous deux réveillés, et attendant prêt du feu. Il les rejoignit rapidement et remarqua qu'il y avait quelque chose d'anormal.

Onyx se tenait assis, et mangeait une portion de ragout, pendant que Kael regardait le feu, sans un bruit, ni même un regard. Il s'approcha d'Onyx, et vit que sa plaie ventrale était complètement guérie..

- "Attends quoi ? Qu'est ce qui se passe ?"

 Il regarda Kael et vit qu'il lui manquait ses yeux. Ceux ci avaient laissé place à des orbites vides d'une profondeur abyssale. Sous le coup de la panique, Ysran cria et tomba à la renverse, et sans un bruit, Kael et Onyx le regardèrent puis se levèrent. Il commencèrent à avancer vers lui. Au fur et à mesure des pas, Onyx commença à ressembler de plus en plus à un loup se préparant à le dévorer sur place, tandis que Kael semblait de plus en plus vide, comme si le vide en lui voulait l'englober entièrement.

 Complètement guidé par son instinct, il se releva et couru de toutes ses forces en direction d'une maison qu'il pouvait voir d'ici. Il ouvra puis ferma la porte tout en se jetant à l'intérieur. Un tremblement de terre vibra, et le toit se souleva, révélant une créature infernale d'une taille inimaginable. Elle était en train de soulever le toit, et se mit à articuler des mots à la limite du compréhensible.

"TU... ES... TROP... ... ... FAIIIIIIIIBLE !!!"

 La voix de la créature se fit tellement assourdissante, que le garçon eu préféré se faire arracher les oreilles à vif.

 Au bout d'une dizaine de secondes interminable, Ysran ouvrit les yeux en hurlant de terreur. Magni et Heim le regardèrent étonné, tandis que le jeune homme écarquilla les yeux à la recherche de son agresseur, et finit par se calmer en ne voyant que le visage des deux héraclydes.

"Hey ben, je sais pas d'quoi t'as rêvé, mais ça avait l'air de te foutre des sacrés chocottes !" dit Heim, avant d'éclater de rire.

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