2. YOU SAID YOU'D GROW UP WITH ME

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SCOTT

Je suis rentré à la maison furieux, comment mon frère pouvait-il dire ça ? Comment pouvait-il accepter son sort aussi facilement ? Je suis en colère contre lui, contre son égoïsme. J'ai l'impression que la nouvelle ne l'atteint même pas, comme s’il s’en fichait de mourir, comme s’il ne ressentait rien. Il était là à parler si calmement, sans verser une seule larme, sans être en colère envers ce qu’il lui arrive, c’est comme si c’était rien. Je le regardais parler et je bouillais littéralement de rage, de tristesse. Il s'en fiche de nous blesser, de me blesser.

Alors j'ai passé la soirée à vider le frigo d'alcool. Plus je bois, plus je suis énervé, hors de moi. Ma chambre finit par en subir les conséquences, sans ménage, j'envoie valser tous ceux qui me tiennent à cœur, les photos de familles s'écrasent contre les murs, les cadeaux se brisent en mille morceaux sur le sol. Tout ce que j'aime y passe, tout ce que j'aime est brisé. Je finis par m’allonger par terre vidée de toutes émotions, trop fatigué et alcoolisé pour faire quoi que ce soit. J'ai juste envie de rester là, de ne plus bouger, de m'habituer à la solitude de son départ.

Le lendemain matin, je me réveille dans les décombres de ma chambre, allongé sur le parquet une bière vide à la main. Je pue l'alcool et le désespoir. Mais il faut que je me lève, que je me lave, il est huit heures et ma famille ne va pas tarder à rentrer de l'hôpital. Je ne veux pas les voir, je ne veux pas le voir. Alors je décide quitte la maison, de prendre l’air.

— Salut Scott, tout va bien ? me demande Angel alors que je m'apprête à monter dans le pick-up.

— Ouais.
Je commence alors à ouvrir la portière.

— Comment va ton frère ?

Je serre les poings, je n’ai pas envie de parler de ça, ni de lui d’ailleurs. Néanmoins, l'alcool toujours présent dans mes veines prend le dessus.

— Je n'en sais rien et je m’en fous ! Maintenant, je peux y aller ou tu as d'autres questions stupides à me poser !

Je ne la laisse pas répondre et démarre la voiture. Je m'en veux de l'avoir blessé, de m’être emporter contre elle de cette façon. Elle n’y est pour rien dans cette histoire. Mais pour une fois, je n'ai pas envie de me confier à elle ou à n'importe qui d'ailleurs, j'ai juste envie de prendre l'air, de rester éloigner le plus longtemps possible de cette maison. Je veux qu'on me laisse tranquille, j’ai besoin de digérer ça tout seul. Dans la voiture, je mets une compilation de mes chansons préfères. Malheureusement, cela ne m’aide pas à me détendre, pire ça m’énerve encore plus. Alors rageusement, je coupe la stéréo.

Sur ce, je retrouve Antonio et quelques-uns de mes amis au centre de Seattle. Nous errons dans les rues sans but précis, raccrochant sans cesse aux appels de Reese. Je sais qu'il me cherche, mais je n’ai pas envie de lui parler, de lui faire face, je veux juste oublier tout ça, faire comme si ça n’était jamais arrivé. La seule solution que je trouve, c’est le bar, je passe ma soirée là-bas avec mon meilleur ami. J’essaye de faire comme si tout allait bien, comme si je m’amuser, la vérité c’est que je suis au fond du gouffre. Les verres s’enchaînent de mon côté, tant dit qu’Antonio ralentit le rythme :

— Mec qu’est-ce qui t'arrive ? Je ne t'ai jamais vu boire autant, il faut que je te ramène chez toi, dit Antonio l'air inquiet.

— Je vais bien, tu peux rentrer.

C'est en soupirant qu'il quitter le bar, il n'avait aucune chance de me convaincre et il le sait. Ce soir-là je suis rentré à quatre heures du matin complètement saoule. Je me tiens au mur tellement la maison bouge et l’escalier se révéler être une vraie épreuve. Est-ce que mon quotidien va ce résumé à ça, éviter ma famille et boire pour ne plus ressentir toute cette tristesse ?

Malheureusement, cette situation se confirme, j'ai passé les deux semaines qui ont suivi à fuir mon frère et à boire encore et encore. Je suis pathétique, pire, Reese ne mérite pas un frère comme moi. Un mec qui fuit dès que ça devient compliqué, un mec qui à peur de tout perdre en un seul instant.

Halloween arrive et mon meilleur ami m'a invité à une fête. Il espère me remonter le moral, mais c’est perdu d’avance. Je fais semblant d'être heureux d'y aller, mais pour être honnête, c’est l’alcool qu’il y aura là-bas qui me pousse à y allait. Le cœur ni est pas, l’envie encore moins la preuve je n'ai pas pris la peine de me déguiser.

***

2007 chez les Graham

— Les enfants, maman et moi considérons que vous êtes assez grands pour fêter Halloween. Alors ça vous direz de partir à la chasse au bonbon avec nous.

Mon frère et moi crions de joie, depuis le temps que j’attends ça. Nous courons nous changer dans nos chambres, j’enfile ma tenue de Superman, parce qu’il tout simplement le plus fort de tout les super-héros. Reese, lui, sort avec son costume de capitaine James T. Kirk. C’est son univers préféré, je ne sais combien de fois, il m’a fait regarder les séries de Stark Trek avec ses étincelles passionner dans les yeux. Nos parents nous regardent en souriant, ils nous obligent même a nous faire prendre en photo. Ils sont tellement heureux.

Nous sortons enfin de la maison et commençons notre balade dans le quartier. Les rues sont tout simplement magnifique, les lanternes en formes citrouille, les toiles d’araignées qui couvrent les maisons, les gens déguisés en toute sorte de monstres, du sang sur le visage. Ils sont à fois terrifiants et fascinent. J’ai l’impression d’être dans un autre monde, d’être émerveillé pour rien.

Mais ce n’est pas le cas de Reese qui, de son côté est terrifié. À la seconde où je presse la sonnette d’une maison, il se réfugie dernière nos parents. Il répète qui veut rentrer, alors je lui ai pris la main :

— Reese n’est pas peur, je suis là avec mes super-pouvoirs, avec moi tu ne crains rien, ni personne. N’oublie pas que tu es le commandement d’un super vaisseau spatial, rien ne peut t’arrêter.

— OK, dit-il le sourire aux lèvres

On finit la soirée main dans la main à récolter des bonbons, mon frère n’a plus peur, il est heureux et moi aussi.

***

Quand on arrive, la fête bat déjà son plein, il y a du monde à perte de vue. Des gens se sont habillés, maquillés en zombies, monstres, vampires et autres. Certains s'embrassent déjà sur les canapés, d'autre, on envahit les chambres à l'étage. La maison, elle, est remplie de fausses toiles d'araignée, de citrouilles, de lumière violette et bleue. J'adore Halloween, mais cette année, je ne me sens pas à ma place, je ne tarde pas à laisser Antonio pour me rendre dans la cuisine. Là-bas, je trouve l'objet de mes désirs, après quelques verres, l'alcool coule à flots dans mes veines. Je suis enfin près pour m'éclater un peu et à oublier mes problèmes. Je danse, je chante fort entouré de centaine de personnes, tous avec leurs verres greffés à la main. Mon cerveau est tellement embrouillé que je ne sais plus ce que je fais. Je ne sais pas comment j'arrive sur la table du salon :

— Vous pouvez couper la musique, j'ai une annonce à vous faire.

Le son cesse alors d'émettre et les gens de danser.

— Je m'appelle Scott et vous savez quoi mon frère va mourir et honnêtement, je suis trop ivre pour savoir ce que je ressens, dis-je en riant, alors levons nos verres à la mort prochaine de mon frère.

Un silence pesant ce fait dans la pièce, je suis le seul à le lever mon verre et rire comme un idiot. Pour être honnête, je pense que les gens à ce moment-là ont plus de pitié pour moi qu'autre chose. C'est alors que la musique reprend effaçant le malaise que j'ai créé, et dont je n'ai pas conscience. Mon meilleur ami me fait descendre de la table :

— Scott vient, je vais te ramener chez moi, il ne faut pas que tes parents te voient comme ça.

— Je vais bien, laisse-moi continuer la fête.

— Mec, tu tiens à peine debout, je te ramène que tu le veuilles ou non.

Me soutenant, il m'emmène dans sa voiture, puis arrivé chez lui, il m'assoit sur son lit :

— J'ai pas envie de dormir.

Mais il ne m'écoute pas et m'allonge, ma tête touche à peine l'oreiller que je m’endors.

Le matin est difficile, j'ai l'impression que quelqu'un m'a mis un marteau-piqueur dans la tête. En plus de ça je ne sais pas où je suis. J’espère que je ne suis pas rentré chez quelqu’un par effraction, ou pire que j’ai coucher avec une fille. Mais alors que je suis à la limite de prier tous les dieux qui existent pour ne pas avoir fait de bêtises, la porte s'ouvre.

— Ah, notre belle au bois dormant s'est enfin réveillée, déclare joyeusement mon idiot de meilleur ami.

— Ta gueule et parle moins fort.

— C'est ça de se bourrer pour la quatorzième fois en deux semaines, dis-moi tu comptes battre un record du monde.

Je soupire.

— J'avoue j'ai exagéré, je suis désolé.

Il s'assoit sur le lit et j'ai l'impression qu'il m'en veut déjà moins, même comme meilleur ami je suis nul.

— Mec t’a déconné grave hier soir, t’a annoncé à tout le monde que ton frère allait mourir.

Je tombe des nues, est-ce que j'ai été assez idiot pour faire ça ? Pour balancer quelques choses que je n'aurais jamais dû dire. Pour être honnête, je suis un peu sonné :

— Tu veux en parler ?

— Non, j'ai juste dit ça pour faire mon intéressant. Tu me connais, je réponds en essayant de cacher la tristesse qui me gagne.

— D’accord…

Mais je vois très bien dans ses yeux qu'il s'inquiète, et je sais qu’il a remarqué le chagrin et la peur dans mon regard. Après cette discussion, nous n’avons plus évoqué le sujet. Mais j’ai décidé qu’il était mieux pour tout le monde que je reste quelque temps chez lui. Il faut qu'il me surveille, qu'il m'empêche d'aller boire, et c'est mieux comme ça…

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