Loyautés

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« Amiral vous allez tenir ce point de saut pour les 40 prochaines minutes ! ai-je été clair ? »

Antonius se tenait devant Djed, torse bombé menton relevé tout en le pointant du doigt. La lumière des jardins du palais se diffusait dans le bureau contrastant avec l’éclairage d’urgence.

« Parfaitement clair mon seigneur… »

Un regard a l’affichage des données du réseau de combat de la flotte le conforta dans l’idée que ce ne serait pas un problème de clarté mais de réalisme.

A la vitesse ou les écrans fondent… on sera tous morts bien avant.

« Je crains que nos vaisseaux ne puissent supporter le feu de ceux du Caesar aussi longtemps. »

« Mais Amiral, les vaisseaux du Caesar ne vous tirent pas dessus. Il n’y a que ceux d’Othon, rien d’autre. »

La queue de Djed fouetta l’air.

« Ceux du Caesar Othon si vous le souhaitez, ne jouons pas sur ces détails. Les rapports de vos espions ont sous-estimé la puissance de l’armement de ses nouveaux cuirassés. Je peux sauver… »

Le seigneur Antonius gronda

« Vous et vos hommes avez failli ! Votre serment et votre honneur exigent que vous répariez votre faute »

« Ces hommes vont mourir pour rien… »

« Qu’il en soit ainsi ! 40 minutes, pas une de moins. Vous avez vos ordres ! »

« Bien mon seigneur »

La projection s’était volatilisée, laissant la pièce dans une pénombre menaçante. L’écran du réseau de combat scintillait de mauvaises nouvelles.

« Imbécile ! »

Djed sentait la fureur qui montait en lui. En dépits de milliers d’années d’évolution, les Dakshi étaient restés des prédateurs, sanguins et agressifs. L’histoire avait été marquée par ce trait de caractère, donnant naissance à bien des drames et des légendes.

« Je dois garder le contrôle… »

L’amiral ferma les yeux, l’image du lac Turquoise envahit son esprit. Perdu dans les hautes montagnes jouxtant Portus Naonis, il s’y était installé avec sa famille. Rapidement, la maison de bois sombre et de pierre blanche lui apparut. Bâtie de ses mains il y avait installé sa famille.

« Ayda, j’ai été tellement absent, devoir, honneur…. »

Le visage sa femme, sauvage et souriante lui avait donné trois magnifiques enfants. Leurs arche »s funéraires jouxtaient le lac, leurs ossement tourné vers ses eaux calmes. Morts aux combat pour le clan et sa gloire. Le chagrin et la solitude avaient emporté les rires de son épouse. Il ne restait que lui, rien d’autre.

« Antonius, quand est ce que ta folie prendra fin ? Quarante minutes, pourquoi y tiens tu autant ? »

Son maître n’était pas un imbécile, même sans être un grand stratège il savait que la situation était critique. Si Othon passait le point de saut, la flotte d’Achéménès lui infligerais au mieux de lourds dégâts au pire écraserait la sienne. Une bataille qui laisserait le clan sans défense et l’impérium privé de chef s’embraserait et s’effondrerait suites aux guerres entre seigneurs.

« Alors quoi ? tu veux envoyer la flotte ici ? »

Le délai était bon, 20 minute de transit, 20 minutes pour rassembler la flotte. Mais à quoi bon sans la tour de défense ? Les pertes même en cas de succès seraient catastrophiques.

« Une trahison ! Antonius a conclu une alliance avec un des seigneurs voisins ! »

Le clan avait prospéré garce a la ruse et à la fourberie, pourquoi changer. Si une seconde force prenait le Caesar en tenaille alors la victoire était quasi certaine.

« Et tu t’assurera que ton allié encaisse le plus de perte avant de l’écraser. »

La rage avait disparue, désormais son esprit était clair, il savait comment sauver ses hommes et respecter sa parole, son serment. Djed ressenti une sorte malaise, obéir a son seigneur devenait de plus en plus difficile. En tant qu’officier il était un chevalier combattant, en prêtant allégeance a son seigneur il s’engager a protéger l’impérium et son clan d’adoption.

«Tant que je peux protéger le clan je n’ai pas le droit de renoncer, l’Impérium n’est pas un Caesar, ce sont ceux qui le constituent. »

L’amiral gronda

« Admet le, tu sers un maître qui ne protège pas ses sujets, comment pourrait-il être un Caesar digne de régner ? »

En ouvrant les yeux il faisait face à l’affichage qui le narguait, agitant ses petits chiffres moqueurs. Le temps lui manquait.

« Le temps ! mais oui ! »

Une stratégie lui était venue, il ne pouvait tenir 40 minutes mais 20 lui suffisaient pour évacuer ses troupes. Pour faire passer sa flotte Antonius allait devoir abaisser le champ de force qui bloquait la sortie. Sans équipage plus besoin de systèmes de survie, de gravité… de quoi alimenter ses écrans plus longtemps.

*******

« Lieutenant Basnett »

Le jeune aide de camp se redressa d’un bond, comme les autres membre de l’équipage il avait endossé sa combinaison de combat pressurisée.

« Je veux une rotation de nos bâtiments, placez le Wyvern, le fury, le Typhon, le victoire et le harpie en première ligne. Ecran à pleine puissance.

« A vos ordre Amiral ! »

« Officier de com ouvrez un canal sur la flotte »

Le silence s’était fait sur le pont, tous étaient suspendus aux lèvres de leur commandant. Djed hésitai, pour la première fois de sa vie il allait désobéir a un ordre. Pris de tournis il s’appuya sur l’accoudoir de son siège de commandement.

Pour une fois je trouve ce truc utile…

La gorge serrée et la bouche sèche il pris la parole, sa voix portée par les ondes dans chaque vaisseau rescapé.

« Ici l’Amiral Djed, il est désormais impossible de tenir le système. Vous laisser mourir ici n’aurai pas le moindre sens. C’est pourquoi j’ordonne l’évacuation des vaisseaux trop endommagé pour prendre le point de saut. »

Autour de lui, les hommes le dévisageait. Il ne pouvait leur en vouloir, le héros de makran qui se rendait, abandonnait.

« A tous les capitaines ordre de transférer les équipages sur les vaisseaux d’escorte, le Wyvern, le fury, le Typhon, le victoire et le harpie. Vous avez 20 minutes pas une de plus, passé ce délai je basculerai les commandes de vos bâtiments sur le vigilant. »

Djed avait le sentiment de chuter, pris de vertige il luttait pour tenir debout.

« Nous couvrirons votre retraite avec le Béhémoth, l’ambition et le manticore en prenant la place des vaisseaux du mur. »

Ces trois vaisseaux étaient gravement endommagés mais ils pouvaient encore faire du dégâts.

« Puissions-nous, nous retrouver dans les courants de l’Ouhn, que l’idée vous guide vers l’avenir, vous, mes frères d’armes. Fin de transmission ! »

Djed se tourna vers le capitaine du vigilant, lui faisant signe d’approcher avant de parler à voix basse.

« Marcus, notre seigneur nous a condamnés, il a décidé de sacrifier la flotte de makran pour abattre le Caesar. »

« Le fils de six ! »

« Garde ta colère ! je veux que tu mène nos hommes en sureté. Fait passer des navettes inoccupées devant la flotte, Il devrait ouvrir le champ de force d’ici 20 minutes pour faire passer ses vaisseaux. »

« D’accord… mais tu vas pas rester ? c’est du suicide ! »

« Quelqu’un doit le faire, ces hommes sont sous ma responsabilité. »

L’amiral regardait les yeux de son ami le plus ancien se remplir de larmes.

« Tout à une fin mon frère. »

« C’est toi qui a fait la puissance du clan en prenant Markan ! Antonius le sait, sa guerre contre le Caesar c’est de la folie. Le peuple est contre lui, un mot de toi… »

Le regard de Djed suffit a faire taire Marcus. Ce regard il le connaissait, honneur et droiture…

« Tu a jamais pensé qu’il avait jouer un rôle dans la mort de tes enfants ? »

« Des rumeurs, il est retors mais de là à s’abaisser à de telles pratiques. Aucun homme honorable de ferait ce genre de choses. »

L’amiral hésita, refusant de penser que son seigneur ait pu ordonner la mort de sa famille.

Il est prêt a sacrifier ses neveux et cousins, toute une flotte pour servir ses intérêts.

« Djed ! mon ami, tu est le plus droit des hommes que je connaisse. Mais ça te rend naïf. »

« Comment ça ? »

Marcus déposa dans sa main une puce de donnée, elle semblait lourde, glacée.

« Tout est là, juste avant l’assaut quelque chose, un transfert m’a intrigué et … regarde ça tu comprendras mes doutes. »

Vingt minutes plus tard, seul dans l’étrange et inconfortable silence de la passerelle, Le puissant Amiral hurla de rage devant son écran.

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