Livres...

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Hélas une fois la lecture finie, ce fut une nouvelle déception, l’auteur n’avait clairement répondu à aucune des questions qu’il avait imposé aux lecteurs et la fin, plus que moyenne, nous laissait dans un doute sans espoirs d’une suite. Je soupirai, posant mon livre à mes pieds tout en profitant des rayons du soleil qui me réchauffaient le visage. Il chassa les mauvaises pensées que ce livre m’avait apportées, et je me jurai de ne plus lire cet auteur. Je n’avais plus de livre en réserve et plus d’argent en poche pour aller en acheter un autre.

- Raaa ! Quel début de journée pourri !

- Et bien quelle négativité. Que t’arrive-t-il ?

J’ouvris un œil, Alex se tenait à quelques mètres de moi, le visage tourné lui aussi vers le soleil. Sa peau n’en paraissait que plus colorée encore, comme s’il revenait d’un long voyage dans un pays chaud et ensoleiller.

- Cela ne te regarde pas, lui lançais-je en lui tournant le dos.

- Oh excuse-moi, t’aurais-je offensé ? Tu ne sembles pas beaucoup m’aimer pourtant tu ne me connais pas.

- Je n’aime pas les gens en général, tu n’es pas une exception, et comme tu l’as dit je ne te connais pas.

Il ria entre ses dents et s’approcha pour au final s’assoire à côté de moi, il se pencha presque aussitôt pour prendre mon livre et en parcourra rapidement le résumé des yeux.

- Mmm je l'ai lu celui-ci, je l’ai beaucoup aimé pour ma part.

- Tu plaisantes ! hurlais-je en me tournant vers lui. Le livre est absolument nul, l’histoire en elle-même est certes intéressante, les personnages sont plutôt bien décrits et leur histoire tient la route, mais le déroulement des actions est complètement en foutoir, la trame de base n’est pas assez solide et la fin n’est absolument pas adaptée à l'enchaînement de l'histoire et au chemin qu’il a fait prendre à ses personnages ! Il ne répond à aucune question ni à aucune problématique que soulève son livre !!!

- Et tu ne trouves pas ça parfait que nous restions à ce point dans le doute? Ne sachant pas ce qu’il va se passer? Que seule notre propre imagination peut créer une fin digne de ce nom ?

Il avait dit cela avec un calme dans la voix particulièrement envoûtant, d’un ton bas, presque grave comme s’il venait de me susurrer à l’oreille un secret inavouable. Je ne pus m’empêcher de frissonner. J’avais toujours aimé les livres, écrire et discuter de livre était pour moi un vrai bonheur, mais ma mère n’était pas une littéraire. C’était une scientifique qui n’aimait ni les romans et ni la fantaisie, c’était en partie pour ça que j’avais décidé de faire des études de lettres avancées.

Je ne savais pas quoi dire, et ce fut bien la première fois que les mots me manquaient pour discuter d’un livre.

- Ce que tu dis est vrai, le roman dans sa globalité est très quelconque et moyen, mais… cette manière qu’il a d’écrire les phrases, de parler des paysages, de la sensation de l’eau, du vent ou même d’un baiser… un livre pour moi ne doit pas être uniquement passionnant, avoir un bon timing et un ensemble harmonieux, mais surtout avoir une écriture qui envoûte. Le meilleur livre du monde sera sans doute une poésie décadente et bordélique, qui nous laissera sur notre faim et nous donnera des frissons !

Il s’était tourné vers moi, ses yeux brillaient, et jamais je n’avais entendu quelqu’un parler ainsi de livre, comme s’ils étaient vivants et dotés d’une personnalité qu’il fallait déchiffrer pour pouvoir les apprécier dans leur globalité. J’étais très ordonnée dans tout ce que je faisais, et plus encore dans les livres, je n’aimais que les livres qui avaient une prouesse technique parfaite seul ces livres semblaient pouvoir me rassasier de ma faim.

- Je… Je pense que… Malgré ce que tu dis, j’ai lu beaucoup de livres bien mieux écrits, que ce soit dans la composition ou comme tu le dis, dans l’écriture, je… je peux t’en montrer quelques-uns qui m’ont particulièrement plus !

J’avais lâché ça a une vitesse folle, butant sur mes mots comme une enfant qui hésitait à dire ce qu'elle pensait. Un sourire passa sur ses lèvres et j’eus une impression étrange, un flash peut-être, quelque chose de triste et de sombre qui s’évapora aussi vite qu’il fut apparu.

- Avec plaisir.

Il se leva en se dirigeant vers la maison, se tourna un instant, m’attendant, et comme si quelque chose me tirer, je me levai et le suivis jusqu’à l’étage. Nous nous stoppâmes devant ma chambre, interdis, nous y restâmes quelques instants avant que je n'y pénètre la première. Etrangement ce n’était pas comme dans les livres que j’avais lus quand j’étais plus jeune, dans ces livres où la fille faisait entrer un garçon dans sa chambre pour la première fois et où leur cœur battait la chamade à cette idée. Non, moi j’étais particulièrement calme, et c’était sans arrière-pensées que je le fis entrer. Ma chambre n’étant pas très grande, je me sentis néanmoins rapidement à l’étroit, j’ouvris mon rideau puis la fenêtre, ramassa un petit tas de vêtement et remis à sa place quelques livres que j’avais laissée sur mon bureau pour les étudier.

- J’aime bien l’atmosphère de ta chambre.

- Ah ? Et quel genre d’atmosphère y a-t-il ?

- Mmm, une atmosphère bleue…

- Bleue ?

- Oui… bleue.

Et c’était tout, bleue, voilà comment il voyait ma chambre, il était vraiment particulier comme garçon. Il se tourna vers ma bibliothèque qui s’étendait sur tout un pan de mur et continuait en étagères ici et là dans tout le reste de la petite pièce. Il les parcourut du regard, s’arrêtant quelques fois, tirant un livre à lui puis le reposant à sa place. Je vins à côté de lui, parcourus un court instant les rayonnages un peu poussiéreux, puis me saisis d’un livre, d’un second et enfin d’un dernier.

- Ceux-là, en particulier, m'ont émue.

- Et bien, je pensais que rien ne pouvait t’émouvoir avec ton approche froide des choses… il me jeta un regard rieur.

- Pfff, tu ne me connais même pas, comment peux-tu dire ça… marmonnais-je dans ma bouche.

Il regarda enfin mes livres, sembla les soupeser, les inspecter, lus le résumé, je crus même un moment le voir en sentir un.

- Je peux te les emprunter pour les lire ?

- Si tu veux, mais ne les abîmes pas !

- Evidemment.

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