3

2 minutes de lecture

Le vol fut une épreuve en soi, le passager de droite, un gros moustachu, semblait souffrir du peu d'espace et de la présence des cheveux baladeurs de Roxanne. Il se fâcha lorsque l'une des mèches plongea dans ses petits pois. Quant à la voyageuse, se confondant en excuses, elle n'eut pas la force de toucher à son plateau-repas. Seule la verdeur fade des pois la tentait, mais elle y avait par maladresse trempé ses dreads. Elle se cala dans son siège et dormit.

À Montréal, personne n'attendait Roxanne. Son lourd bagage sur les épaules, elle hésita un peu, puis opta pour un taxi. Elle donna l'adresse de la gardienne de Gaston. Ah ! pouvoir serrer son bébé dans ses bras.

Jacinthe, une solide femme à la quarantaine bien entamée, l'accueillit avec sa joie de vivre coutumière. Oui, Gaston s'était bien comporté, bon, si on oublie l'incident de l'écureuil qui s'était aventuré dans le parc des petits monstres. Oui, en trois bouchées. Je sais, éviter la viande... Mais le petit boude ses croquettes véganes. Et puis, ah ! oui, il faudrait bien penser à lui faire tailler les griffes... quoique le tac-tac est bien pratique pour dénicher le coquin.

Et ça pouvait continuer comme ça longtemps.

La facture était salée, une question de primes d'assurance depuis qu'un laroh avait dévoré le chihuahua d'une propriétaire d'un service de garde. Une pétition circulait sur le web, visant à faire adopter au Conseil municipal l'interdiction des curiosités animales. Roxanne soupira, prit Gaston dans ses bras, se surprit de son poids. Décidément, elle aurait besoin de repos. La bête grogna. " Il te boude ! " lança Jacinthe, hilare.

Les bretelles de son sac à dos lui sciant les épaules, Gaston bien calé entre ses bras, Roxanne parcourut de peine et de misère les quelque deux cents mètres jusqu'à chez elle. La bête courut aussitôt se dissimuler sous le sofa, histoire de signifier que le chapitre n'était pas clos. La jeune femme lui versa un bol de maté, la seule boisson que son bébé acceptait, et vida le reste d'une boîte de croquettes dans sa gamelle. Elle l'appela d'un clap sonore des lèvres. Le monstre resta planqué.

Fourbue, sans prendre la peine de se déshabiller, elle tomba sur son lit. Les dreads se lovèrent contre son cou. Elle se souvint qu'elle n'avait pas répondu à Marco. Elle s'endormit. La nuit fut agitée des plaintes de Gaston. Le laroh, habitué à partager la couche de sa maîtresse, chignait comme un jeune chien, planté sur le seuil de la porte. Réveillée par ses pleurs, Roxanne l'invita à grimper. En vain. À la fausse indifférence avait succédé la peur.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Mille Milles ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0