Témoignage de Monsieur Simons

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1er jour du procès, 10h36.

  • J’appelle à la barre Monsieur Simons.

 Dans le box des prévenus, Ren relève la tête pour le voir s’avancer avec cette même démarche solennelle. Sa prestance attire tous les regards alors qu’il se place face au tribunal, derrière le pupitre qui délimite la place des répondants et celle des interrogateurs. En costume trois pièces impeccable, comme toujours, il impose un profond respect. Ren croit même déceler dans le regard des assesseurs une lueur impressionnée. La Juge le scrute un court instant.

― Monsieur Simons, jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ?

― Je le jure, Votre Honneur.

 Sa voix profonde, posée, captive immédiatement son auditoire. Il se tient droit, les mains vissées à la barre. Malgré son appréhension qu’il dissimule sans difficulté, il prend conscience de l’importance capitale de ce qu’il va dire. Pendant le temps où, assis dans le public, il écoutait attentivement le déroulé du procès, il n’avait cessé de fixer Ren et d’y voir là, un enfant perdu, un gamin brisé. Une colère sourde le dominait : celle de voir un enfant endeuillé être accusé de la tragédie familiale par sa propre génitrice. Lui qui n’avait pas d’enfant trouvait cela d’une ironie caustique. Il connaissait les jumeaux depuis tant d’années que d’apprendre la disparition de l’un fut déjà difficile à accepter mais d’avoir été convoqué par la police fut une épreuve supplémentaire. On l’avait désigné comme témoin parce qu’on le voyait fumer avec Eliott et que l’on savait sa sympathie particulière pour Ren ; c’est vrai, ce gamin n’avait rien d’ordinnaire alors oui, il l’aimait bien. Une sorte de lien presque de père à fils s’était tissé entre eux mû par cet amour des lettres et des arts, par des conversations passionnantes sur les grands auteurs et philosophes avec Ren, et par l’esprit plaisantin, un goût démesuré pour la musique et cette même addiction pour le café-clopes des pauses avec Eliott. Comment en sommes-nous arrivés là ? se demandait-il souvent. Mais il n’y avait aucune réponse autre que deux chaises désespérément vides dans une classe de Seconde 5 et dans une de Première S.

 Ren est l’ombre de lui-même, le regard dans le vide. Cette lueur de vie, celle enthousiaste et passionnée qu’il avait vu grandir s’était éteinte : ses deux yeux noirs reflètent un abysse bruyant. Alors quand on l’appela à la barre, il se promit de faire de son mieux pour le défendre, ce petit, de lui rendre justice à sa manière. Sans mentir ou embellir, bien entendu, mais au moins essayer de faire entendre raison à la Cour, leur faire prendre conscience de la folie d’une femme capable de traîner la chair de sa chair dans l’opprobe. C’est elle qui devrait figurer dans ce box, elle et personne d’autre, car en son for intérieur il le savait : c’était elle la responsable.

― Bien. Déclinez votre identité et parlez-nous de Ren : comment l’avez-vous connu ? Quelle est votre opinion sur lui ?

 Ren s’en veut terriblement en ce moment, il a honte de voir cet homme ici, alors qu’il n’y a pas sa place. Sa place est en cours, à passionner ses élèves pense-t-il, pas face à un tribunal pour témoigner sur un gamin comme lui qui n’est qu’une perte de temps.

― Je me nomme Stéphane Simons, je suis professeur de Français au sein de l’établissement Jeanne d’Arc. J’ai rencontré Ren et son frère il y a 6 ans, lorsque je suis devenu leur enseignant, en Sixième. Ren était - et l’est encore - un élève brillant, très vif d’esprit et démontrait d’une volonté surprenante d’apprendre. Eliott quant à lui était un élève dans la moyenne, perturbateur aux dires de certains de mes collègues. Pour ma part, il s’est montré parfois dissipé mais pas plus que des enfants de son âge.

 Le professeur se tait, pas sûr de ce qu’il pourrait dire d’autre. Un long silence s’installe, pendant lequel la Juge continue de le scruter, s’attendant à ce qu’il poursuive. Elle lui fait signe d’un moulinet de mains de continuer. Alors le professeur s'exécute.

― De ce que je sais, Ren et Eliott étaient très proches. Il y eut certes une période où ils se querellaient, mais rien de significativement alarmant. J’ai connu des fratries davantage vindicatives. Ren s’est assagi lors de son passage en Troisième ; mes collègues sont parvenus à convaincre ses parents de le laisser en fin de Cinquième sauter une classe pour disons le challenger. Il s’ennuyait durant les cours et je crois que cela l’agaçait de voir son jumeau peiner là où il réussissait. Et puis ils se sont mis à la musique. Ce fut une révélation pour Eliott : il retrouvait de la motivation et aussi la considération de son frère. Je les ai perdus de vue pendant plusieurs années scolaires, puis à la rentrée dernière j’ai eu le plaisir de constater que Ren faisait partie de mes élèves. Au début, il se comportait normalement : un peu en repli, très attentif en cours mais peu participatif. Et puis vers la mi-novembre, début décembre, je me suis aperçu qu’il décrochait. Le fait le plus surprenant a été lorsqu’il s’est absenté pendant toute une semaine sans aucune explication. De vous à moi, en tant qu’enseignant, des élèves qui sèchent les cours ce n’est pas nouveau, mais comprenez que pour Ren ce n’était pas normal : je l’ai déjà vu venir avec 40 de fièvre parce qu’il adorait apprendre et n’envisageait pas une seule seconde rester cloîtrer chez lui. Alors cela m’a paru suspect. Je me suis dit au début qu’il était peut-être tombé vraiment malade. Comme cela me travaillait, j’en ai discuté avec des collègues qui m’ont non seulement confirmé qu’ils ne l’avaient pas vu de la semaine mais qu’Eliott aussi était aux abonnés absents. Puis le 17 décembre est arrivé.

― Le jour des oraux, c’est bien cela ?

― En effet.

― Et donc que s’est-il passé ce jour-là, Monsieur Simons ?

*

 Le jeudi 17 décembre 2015 aurait pu être n’importe quelle journée froide et ensoleillée de l’hiver, mais pour les lycéens, il s’agissait du jour tant redouté de l’oral blanc de Français. Monsieur Simons avait entamé sa journée par un café et une cigarette, dans l’air frais et vivifiant à l’entrée du bâtiment. Il surveillait de temps à autre sa montre pour être sûr de ne pas prendre de retard. La ponctualité était de mise car une liste entière d’élèves l’attendait. Il salua les premiers arrivants pétris de froid et de trac dont certains vinrent fumer avec lui, cherchant à glaner quelques informations. Lorsque la sonnerie retentit, il écrasa son mégot et termina son café. Il chemina jusqu’au portillon, suivi par les fumeurs, puis pénétra dans la petite salle attenante au bâtiment principal. L’espace exigu pouvait accueillir tout juste trois tables : une monoplace et deux biplaces. Ces dernières étaient collées pour former un carré. Une chaise lui était réservée, l’autre face à lui était destinée à l’élève audité. Enfin, plaquée contre un mur derrière cette dernière place, la table mono personnelle de l’élève qui passerait ensuite. Celui-ci aurait à relever l’effort de concentration le plus extraordinaire pour ne pas se laisser distraire par son camarade en plein oral. Mais pas le choix, seules 3 salles étaient disponibles pour les 3 professeurs désignés à la tâche.

 Il alluma les néons qui grésillèrent au-dessus de sa tête, sortit de sa serviette la liste des élèves qui passaient et la parcourut des yeux. Il en reconnu certains de sa promotion, d’autres suivaient les cours de ses collègues. Parmi ceux qu’ils connaissaient, il s'arrêta sur le nom Kimiko Ren. Son brillant élève. Un sourire naquit sur ses lèvres nourrit par une impatience non dissimulée de voir ce qu’il lui réservait. Le meilleur pour la fin, pensa-t-il en consultant son heure de passage fixée à 11h30. Enfin, si tant est que celui-ci fasse acte de présence. Pour d’autres, ils les attendaient au tournant : peut-être lui feraient-ils le plaisir de prendre au sérieux cet oral, à moins qu’au contraire ils sous estimeraient la tâche.

 Comme ce qu’il redoutait, la matinée fut longue, il eut besoin de faire une pause café et technique entre deux élèves pour rester concentré. Quelques présentations le rassurèrent, d’autres au contraire furent catastrophiques, les plus timorés peinant à maintenir le contact visuel avec lui ; ils débordaient de stress.

 A 11 heures, il sortit de la salle pour appeler le jeune homme tant attendu. Il fut soulagé de le voir, le nez plongé dans les feuilles volantes qui lui servaient de fiches de révisions. Il lui trouva pourtant un air morose et épuisé qui expliquait peut-être son absence remarquée depuis le début de la semaine. Il l’invita à s’installer à la place contre le mur, lui confia son sujet et une feuille de brouillon : il l’interrogerait sur un passage de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, celui où Montag, le protagoniste, montrait ses premiers doutes. Après s’être assuré qu’il entamait sa lecture, il reprit place devant Elise Jeanne qu’il ne connaissait pas. Il l’écouta attentivement, elle structurait bien son propos, ne montrait pas de signe de stress, en somme elle maîtrisait son sujet. Avant d’entamer la partie entretien, il se leva pour se dégourdir un peu les jambes, sa grande taille le gênait prodigieusement, ce qui le forçait à rester la plupart du temps debout y compris pendant ses cours. Il vissa son regard à l’avancée de Ren. Comme il s’y attendait, le jeune homme était pleinement concentré dans sa rédaction. Il avait relevé les manches de son pull, ce qui dévoila à la stupeur de son professeur des hématomes bleus-violets. Il en resta interdit. Il continua de le scruter, les bras croisés, un doigt sur les lèvres marquant sa réflexion. Lorsque Ren se redressa pour s’attacher les cheveux, il ne s’aperçut pas que son professeur venait de remarquer la trace violacée à la naissance de son cou.

― Monsieur ?

 Ses yeux se posèrent sur Elise qui patientait. Il s’excusa, se rassit pour la seconde partie de l’oral. Il lui posa quelques questions auxquelles elle n’eut aucun mal à répondre. Il la congédia donc, attribua sa note et s'intéressa à nouveau à son élève.

― Tu es prêt ? lui demanda-t-il.

 Ren hocha la tête, remit ses manches en place. Sa feuille de brouillon en main, il s’assit face à Monsieur Simons qui le fixait bizarrement.

― Je t’écoute.

 Le jeune homme débita son analyse comme s’ils discutaient du sujet en cours. Puis il s’arrêta net.

― Tu as intérêt à me pondre un conclusion Kimiko, sinon je vais me fâcher.

 Il s’exécuta, un peu moins à l’aise, se rattrapa en beauté en établissant un parallèle ingénieux avec “Nous Autres” de Zamiatine, un livre optionnel qu’il avait recommandé sans conviction que quelqu’un s’aventurerait à le lire. L'œuvre n’était pas à la portée de tous, était très scientifique dans son approche, même pour des Première S. Il ne put s’empêcher de sourire et de hocher la tête en écoutant les arguments pertinents qu’il lui présentait. Il avait compris l’essence de l'œuvre et pris ce risque de le présenter ; aucun doute, ce petit avait de l’avenir. Il le questionna pour tester son degré de compréhension, voir jusqu’à quel point il pouvait analyser un corpus de texte. A sa surprise, Ren dépassa ses attentes, soulevant même des points que lui-même n’avait pas relevés en 20 ans de carrière. Oui, il était définitivement brillant, mais alors que cachait-il ? Alors que le jeune homme enfouissait sa trousse et son brouillon dans son sac, il ne put s’empêcher de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres :

― Est-ce que tout va bien à la maison ?

 Ren s’arrêta net, en fit tomber quelques crayons. Il les ramassa à la hâte.

― Pourquoi cette question ?

 Il était sur la défensive, cela ne faisait aucun doute. Est-ce que les marques qu’il avait aussi constaté sur Eliott étaient corrélées ? S’étaient-ils battus ?

― Toi et ton frère avez été absents ces derniers jours, commença-t-il d’une voix posée mais sûre. Si voir Eliott revenir avec le nez cassé n’est pas étonnant, en revanche tes marques dans le cou et le fait que mon meilleur élève, jamais absent depuis que nous nous connaissons, disparaît d’un seul coup…

 Dans un mouvement de panique, le jeune homme releva le pan de son écharpe qui couvrait son cou, peut-être pour mieux cacher la trace qui y était imprimée.

― Je ne vois pas de quoi vous parlez… Je…Elie s’est encore bagarré et je me suis juste fait mal en…portant un objet lourd le weekend dernier. Et j’étais fiévreux au début de la semaine donc par précaution on est restés à la maison, débita-t-il.

Menteur, pensa son professeur. Il les connaissait par cœur ces excuses, il en avait entendu d’autres pendant sa carrière. La plupart du temps, ses soupçons étaient fondés. Malheureusement, tant que l’élève ne se confiait pas, il ne pouvait réagir.

― Ren, si le port de charge lourde, votre grippe, une pseudo bagarre ou que sais-je venait à provoquer une nouvelle absence, vous pouvez tous les deux m’appeler. Je te laisse mon numéro personnel. Appelle-moi de jour comme de nuit. Et si jamais vous aviez besoin d’un toit pour…une quelconque raison, ma porte vous sera toujours ouverte, compris ?

― Oui, Monsieur.

 Là-dessus, il crayonna son numéro sur une feuille de brouillon et lui fit signe qu’il pouvait s’en aller. Malgré cela, Ren demeura immobile, les yeux brillants ; était-il parvenu à fendre sa carapace ?

― Monsieur ?

― Oui ?

― Vous…Est-ce que vous pourriez ne le dire à personne s’il vous plait ? Je ne veux pas qu’on ait d’ennui…

― Tu souhaites m’en parler plus en détail ?

 Il lui offrit un sourire léger, pour l’inviter à se confier.

― Je…Non…Je ne sais pas.

― Tu as mon numéro. Je ne pourrais pas t’accorder l’écoute nécessaire aujourd’hui en raison de l’examen. Cependant, si tu le souhaites, nous pouvons en discuter par message si tu es plus à l’aise, ou seul à seul à la pause de demain. Je te laisse y réfléchir.

 Le garçon qui lui semblait encore plus en détresse, hocha la tête en silence. Il attrapa son sac, rangea la feuille et quitta les lieux.

*

― Monsieur Simons, vous évoquiez quelques querelles entre les deux frères. Se sont-ils déjà battus ?

― Non, Votre Honneur.

― Mais vous les soupçonniez de s’être bagarrés ce jour-là. Ren s’est-il déjà montré violent avant l’incident du 18 mars ?

― Pas à ma connaissance.

― Pourquoi n’étiez-vous pas surpris qu’Eliott revienne en cours avec le nez cassé ?

― Comme je vous l’ai dit, Eliott pouvait se montrer plus dissipé. Il lui est arrivé de se battre avec d’autres élèves.

― Donc il était violent.

― Non, ce n’était pas un voyou s’il s’agit de votre question. Il éprouvait plus de difficultés que son frère il est vrai, mais ce n’était pas un mauvais garçon.

― Pensez-vous qu’Eliott aie pu jalouser son frère ?

 Ren voit rouge et ne peut s’empêcher de se lever et taper sur la vitre comme un damné. Le vacarme est si soudain que toute l’assemblée tressaille, y compris l’imperturbable professeur. Ce dernier tourne la tête en direction de Ren avec ce même regard perçant qui l’avait captivé lors de leur première rencontre. Il le regarde jusqu’au plus profond de son âme, avec une telle tristesse que cela remue un peu plus les entrailles de l’accusé. Il se tient là, dans une prison de plexiglas, fulminant de cette question stupide. Si seulement il pouvait parler, il leur crierait que jamais son frère ne l’avait jalousé, que c’était son jumeau adoré, celui qui importait plus que tout et que toute cette comédie avait assez durée. Il leur exhorterait de le laisser tranquille, mais pas un son ne franchit le mur de ses lèvres. Seuls ses poings martelant la vitre et son expression colérique témoignent le fond de sa pensée.

 Loin d’en faire cas, la Juge reprend la parole d’une voix posée, dardant ses petits yeux noirs sur lui :

― Monsieur Kimiko, nous sommes là pour comprendre et pour cela, nous devons poser ces questions. Nous ne remettons pas en cause la loyauté de votre frère envers vous. Veuillez ne plus nous interrompre. Monsieur Simons, veuillez répondre à la question je vous prie.

 Comme l’attention de la Juge se reporte sur son enseignant, il décide de s'asseoir pour l’écouter. Peut-être trouvera-t-il à sa place les mots les plus justes.

― Non, Eliott admirait son frère.

― Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?

― Parce qu’il me l’a dit. Nous fumions régulièrement ensemble. Il n’était pas rare, pendant les pauses, qu’il vienne me voir pour me dire à quel point son frère était génial ; c’était un garçon très jovial, plein de vie, une vraie pipelette aussi. Nous parlions de tout et de rien, mais son frère occupait une large place dans nos discussions.

― Monsieur Simons, cela vous arrive-t-il régulièrement d’être aussi proches de vos élèves ?

 La question l’agaça ; il avait l’impression que la Juge lui attribuait un rôle qu’il n’avait pas eu. Qu’y avait-il de mal à tendre la main à un élève en détresse ?

 Au lieu de s’insurger et d’entrer dans son jeu, l’enseignant darda sur elle un regard parfaitement calme et détaché, puis répondit :

― Je reste humain : certains étudiants me sont plus sympathiques que d’autres. Je mentirai si je disais ne pas avoir été fasciné par la perspicacité de Ren et par la bonté naturelle d’Eliott.

― Bien. Je n’ai plus de questions. Monsieur le Procureur, en avez-vous ?

― Non, Votre Honneur, je n’ai pas de questions.

― Et vous chers assesseurs ?

― Oui, j’aimerais que l’on éclaircisse un point, se manifeste celui de gauche, vous dites avoir constaté des hématomes sur les avants-bras et le cou de Ren. Pourriez-vous être plus précis ? Avaient-ils une forme particulière ? En avez-vous parlé à d’autres personnes ?

― Je ne me souviens plus très bien. Mais celui dans le cou ressemblait à une empreinte de main. Pour votre deuxième question, non, je n’en ai fait part à personne.

― Pour quelle raison ?

― Je ne sais pas. Je n’étais pas sûr de moi, je ne voulais pas crier au loup ou faire des déductions à la hâte. Je préférais d’abord en parler en tête à tête avec Ren.

― Et en avez-vous discuté avec lui ?

― Non. Ren ne s’est pas confié à moi. Les vacances de Noël sont passées et j’ai fini par penser que cela s’était résolu.

― Eliott s’est-il ouvert à vous ? Vous disiez qu’il était loquace, est-ce que vous avez eu le fin mot de l’histoire ?

― Non. Il m’a donné une autre version des faits.

― Ah oui ? Et quelle est-elle ?

― Il m’a dit qu’ils avaient été agressés et que cela avait traumatisé son frère ce qui expliquait son silence.

― Vous a-t-il précisé qui était leur ou leurs agresseurs ?

― Non. Je n’ai pas creusé. Écoutez, la situation était délicate, je le sentais. Ils semblaient très marqués parce qu’il leur était arrivé, ce n’était pas mon rôle de m’imisser à ce point dans leur intimité.

― Pourtant vous avez été jusqu’à donner votre numéro personnel à Ren.

 Monsieur Simons se tait. A mesure que Ren l’écoutait, il réalisait qu’Elie l’avait protégé une fois de plus. Les larmes menacent ses yeux, il est épuisé. Cela aurait-il changé quelque chose s’il s’était confié à lui ?

― Je n’ai pas d’autres questions. Vous pouvez vous rassoir, merci.

 Simons se retourne, et lui lance un regard peiné. Il esquisse un sourire, le même qu’il lui avait adressé ce fameux jour. Son cœur se broyait un peu plus maintenant qu’il s’était confié. Comme il le soupçonnait à l’époque, il s’inquiétait vraiment pour eux ce jour-là. Mais il ne peut pas leur dire ce qui s’est réellement passé. Il aimerait mais on ne le croira pas. On se moquera de lui tout au plus. Et puis cela remettrait de l’huile sur le feu, alors tant pis, il doit le garder pour lui ce secret.

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