Chapitre 44 : Abcès.

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“Bong.”

Le bruit du poing de Sky s’écrasant férocement contre la table fit sursauter l’ensemble du groupe : “Je ne veux plus être déléguée”. De la peine dans ses yeux vert pomme, il les attarda sur sa cible, les traits serrés.

***

  • Vous pensez qu’elles vont se battre ?
  • Selim, dis pas ça. Je veux pas voir ça.
  • Moi non plus, mais… C’est quand même un peu excitant, non ?

Autant Faye que son acolyte préféré s’arrêtèrent sur le visage pétillant de Nice qui avait l’impression d’assister au début d’un combat de boxe. La grande rousse s’appuyait sur les épaules de Selim, qui lui-même tenait celles de Nice, qui elle-même était accroupie afin que les deux autres puissent avoir une bonne vue. Cachés sur le coin de la porte d’entrée de l’auditorium, les ados scrutaient les poulettes en train de se becter la figure.

La première réclama le silence :

  • Shhh ! On est pas censés être…
  • Vous pensez vraiment passer inaperçus ? releva Alex qui se tenait à leurs côtés, droit comme un piquet, en les jugeant d’un regard impassible. Bandes d’abrutis, ajouta-t-il gratuitement.
  • Elles vont te voir… !
  • Je pense que c’est déjà trop tard.
  • Et qu’elles s’en fichent, surtout.

Loyd aussi les observait de loin, plus inquiet que jamais. Si cela dégénérait, il considérait que ce serait sa faute, mais il valait peut-être mieux que le conflit explose de suite. Crever l'abcès. C’était l’expression juste. Il coulait déjà, les deux meilleures copines en pleine engueulade. Autant l’une que l’autre avait fait preuve de méchanceté, atteignant ce point de non-retour où chacune rêvait de pousser l’autre hors de la scène.

  • À ma droite, Kimi Dan’s, l’intrépide et forte tête… se mit à chuchoter Selim alors que le blond flanqua sa main sur sa bouche pour qu’il ne parle plus. ‘Bamah gôôche, Blaure Libiss…
  • Agh, mais c’est qu’il bave ! s'écoeura Alex qui essuya sa main sur le pull de Sky.

Ce dernier ne bougea pas d’un poil, appuyé au mur. Taiseux, il regardait les filles d’un drôle d’air. La forme ne le tenait pas, mais l’énergie le prit quand il remarqua ce que venait de faire son pote. Il émit un cri et pesta contre Alex.

Quel culot.

Tous les muscles de Kimi se raidirent en découvrant la bande en train de les scruter, mais surtout en le voyant lui, se pavaner comme si de rien était. Elle ne le supportait plus. La remarque de Laure lui revint en pleine figure : “Pour une fille qui ne veut plus rien avoir avec Sky, tu lui ressembles drôlement”. Comment avait-elle pu seulement la comparer à lui, et lui dire qu’elle avait été abjecte ? Ce n’était définitivement pas vrai. Lui, ce n’était qu’un lâche et Laure n’avait pas idée…

Oui, elle avait été dure avec Sky le jour de la réunion, mais pas sans raison. Il avait mérité ce traitement.

***

Personne dans le groupe n’en voulut à Nice de ne pas réussir à tenir le restant de la réunion. Cette dernière s’était enfermée dans sa peine et dans ses pensées, à cause du choc. Loyd avait connaissance de la trahison de leurs parents, faisant de lui un traître à son tour. L’idée de comprendre ce qui l’avait poussé à garder le secret l’avait évidemment traversée. Elle ne se voyait cependant pas lui pardonner tout de suite. Lui-même s’en serait voulu. Il comprenait sa réaction, ainsi que l’évitement qu’elle lui proposait dès lors. Afin de lui apporter son soutien, Loyd entama le chemin du pardon en même temps qu’il attrapa du bout des doigts la feuille qu’elle avait sous les yeux.

Si en reparcourant les sujets à aborder, il crut que le pire de la tempête était passé, il se trompait :

  • Hum ! se racla-t-il la gorge. Kimi, tu voulais discuter de l'élection des délégués ?

Gravement, la blonde se rangea dans le silence. Un tremblement paralysa ses mains, l’impression du poids du regard de Sky la poussant à ranger une mèche de cheveux derrière son oreille. En réalité, à cet instant précis, son duo ne la regardait pas aussi mal qu’elle pouvait l’imaginer. La crainte de l’affronter agissait à sa place.

  • … Dis-nous ? la relança Loyd, de son ton le plus bienveillant.

Pour lui non plus, rien n’était simple. Il se sentait terriblement coupable de ne pas avoir avoué la vérité plus tôt à propos de sa mère. Quant à Sky, malgré le torse qu’il bomba, la sérénité le quitta à mesure qu’il vit Kimi se décomposer. De quoi voulait-elle parler ? Un mauvais préssentiment naquit en lui aussitôt qu’elle releva la tête et celui-ci se confirma rapidement. Les muscles de sa mâchoire inférieure le lâchèrent. Nice effectua un mouvement similaire, ses yeux s’illuminant, tandis qu’un déferlement de questions traversa l’esprit du président. Une pression écrasant son buste, il tiqua :

  • Quoi ? lâcha-t-il en exécutant un mouvement vers l’avant, espérant lui faire répéter une version différente cette fois.

Il avait cependant bien entendu. Kimi ne s’exécuta pas, ne lui offrant que pour réponse, l’écrasement de ses lèvres l’une contre l’autre.

  • Comment ça… Tu ne veux plus être déléguée ? demanda-t-il, en tombant des nues. Tu plaisantes, quand même ?

En constatant qu’elle ne lui accordait toujours pas un regard, Sky perdit patience.

Bong.

  • C’est quoi ce délire, enco…
  • Ne me crie dessus ! s’exclama Kimi aussitôt qu’elle se remit de son sursaut.
  • C’est une blague ? C’est toi qui me laisse tomber et… Non, fit-il en secouant la tête. Non, tu n’arrêtes pas. C’est hors de question.
  • Je veux arrêter, répondit-elle sèchement, chacun de ses mots pesant lourd.
  • Mais pourquoi… ? On a été élus tous les deux et…

Sky blanchit en entendant l’écho de sa voix plaintive. Il était redevenu un môme, se taisant pour ne pas crier ce qui le rongeait. Une bulle se gonfla sous son torse avec le sentiment qu’elle ne voulait plus continuer d’être déléguée en sa compagnie, alors qu’ils n’avaient même pas encore eu le temps de mettre concrètement quelque chose en place. Kimi fronça les sourcils, la peau entre se retroussant au-dessus de son nez. Pourquoi portait-il cette expression ? La lueur dans son regard l’obligea à garder le sien rivé sur autre chose. Il ne devrait pas s’étonner : tout était de sa faute.

  • Pourquoi… ? redemanda-t-il, plus durement.
  • Parce que j’en ai marre ! s’écria-t-elle enfin en retour, encore une fois, sans oser plonger dans le grand bain. J’en ai déjà marre de bosser avec toi, alors qu’on a rien fait…
  • Justement, on a encore…
  • Et on ne fera rien. Rien de rien. Tu me parles mal, tu m’engueules tout le temps pour le moindre truc, peu importe ce que je fais, ça te déplaît et… Non, je veux plus. C’est tout.
  • … Dis-moi au moins ça dans les yeux, que je te prenne réellement au sérieux.

Kimi rigola amèrement, relevant ceux-ci en l’air, agacée par le ton qu’il employait, avant de les ramener dans les siens de sorte à ce qu’il regrette ses dires.

  • Oh, mais oui, Messire ! Oui, je ne veux plus être déléguée, parce que je ne supporte plus que tu me parles mal et que tu te prennes pour le plus…

Du dédain naquit sur son visage avec l’envie de l’enterrer. Elle ravala ces dernières paroles pour le mettre K.O. C’était lui qui avait joué en premier.

  • … Je ne veux plus rien avoir en commun avec un gars comme toi…

Tranchante, elle laissa ses paupières tombées, ses prunelles s’éteindre, préférant ne pas se remémorer le fondant de sa bouche.

  • D’un gars qui se prend pour le roi de je ne sais pas quoi.

Quand bien même il fallait le blesser pour qu’il comprenne.

  • … Toi et moi, on ne vient clairement pas du même monde.

Ah, Kimi était forte. Quand il s’agissait de se défendre, elle maniait le couteau à la perfection, mais jusqu’où était-elle capable de l’enfoncer ? Ces mots, ils les avaient dits à son frère il y a un temps. Est-ce qu’elle les répétait en connaissance de cause ? Parce qu’elle avait entendu leur dispute à l’époque ? Il espérait encore que ce soit anodin. Après ce baiser qu’il lui avait imposé, alors qu’il avait l’annulaire lourd de responsabilités, la volonté de lui faire mal était plus forte que tout. La fierté qui la gagna s’envola aussitôt qu’elle vit son minois se rembrunir. Cette brève émotion, il ne réussit à la cacher à personne, aussi mince soit-elle, et encore moins à Laure qui sauta sur l’occasion pour non seulement reprendre les rênes, mais également lui faire des reproches.

  • C’est du propre, rit-elle à son tour, en croisant les bras.

Kimi s’écrasa immédiatement, ce qui ne l’arrêta en rien.

  • Comme c’est facile… D’abandonner, quand on sait qu’il y a des gens derrière pour reprendre le flambeau. C’est lâche, dit-elle avec mépris. Et ce n’est aucunement respectueux envers ceux contre qui tu as gagné cette élection.

Elle tomba de haut, d’entendre de tels mots. L’urgence de se justifier l’amena à cafouiller :

  • Pourtant… Tout le monde était d’accord pour dire que ces élections n’étaient pas justes…
  • Peu importe comment elles se sont déroulées, tu t’es présentée, déclara Laure. Ça veut dire que tu voulais nous montrer quelque chose. Or, ici, tu ne fais que prouver que tu as tenté le coup dans le vent. Alors qu'effectivement, Nice ou Loyd auraient pu être à ta place.
  • … C’est pour ça que je préfère laisser ma place…
  • Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Je m’attendais au moins à ce que tu assumes ton choix.
  • Mais…
  • Moi aussi, lâcha la plus petite qui apparut soudainement très grande aux yeux de Kimi.
  • … Mais…
  • J’aimerais pourtant bien prendre cette place… Ce serait avec joie, mais… C’est assez insupportable de s’y voir, juste parce que tu as abandonné. Ce n’est pas moi qui ai été choisi.
  • Je suis du même avis, la rejoint Loyd.

Tous deux ne l’épargnèrent pas, l’asseyant de regards qui en disaient long. Kimi tomba encore d’un cran, alors qu’elle avait pensé agir pour le mieux. Ils voulaient tant être délégués, mais ils refusaient l’opportunité. C’était ce qui les différenciait. Eux, ils tenaient leurs responsabilités et ils s’attendaient à ce qu’elle fasse de même. Pour cette même raison, elle trouva Laure extrêmement jugeante.

  • Kimi… Tu sais que tu peux y arriver ?

Alex était vraiment son sauveur dans ce genre de situation. Il réussit à ramener au sein du groupe une once d’espoir.

  • Mais ouais ! s’exclama Selim, qui lui aussi voulait rapporter de la joie. Abandonne pas juste parce qu’en ce moment, c’est compliqué avec Sky…
  • Ce n’est pas compliqué, répondit ce dernier.

Il se leva et rangea correctement sa chaise sous la table avant de marquer une pause. Lui non plus, ne la regardait plus dans les yeux.

  • Tu sais quoi… ? Fais ce que tu veux. Ce n’est pas moi qui ai voulu ça.

Ce furent ces derniers mots avant qu’il ne parte, la tête basse, pensif. Laure le suivit de prêt. Elle aussi adressa une parole à Kimi avant de quitter le groupe :

  • J’espère que t’es contente.

Aucunement.

Elle ne l’était pas du tout.

***


Depuis, le silence avait gagné les deux filles, jusqu’à ce que Loyd décide de les faire se confronter. Kimi n’avait plus parlé à Sky non plus. Elle le haïssait à cet instant précis, parce qu’en plus de l’avoir mis au pied du mur en l’embrassant, il s’était foutu de sa tête. C’était risible, à quel point il lui avait manqué de respect. Comment pouvait-il embrasser une fille un jour, puis se ranger du côté de sa prétendante le lendemain ? Est-ce qu’elle méritait un tel comportement ? Est-ce qu’elle méritait de s’envoler avec les papillons dans son ventre, le temps de quelques secondes, puis de s’écraser au sol comme une vieille merde, une fois la vérité révélée ? Heureusement, qu’elle était maligne. Heureusement, qu’elle avait eu l’intelligence de lui demander qui était Jena au lieu de se laisser aller dans ses bras. Oh, elle ne l’aurait pas fait de toute manière, mais cela lui aurait évité de se retrouver prise au piège. Quoi qu’elle était tout de même dans de beaux draps.

Kimi était coincée. Elle ne se voyait dire à personne la raison pour laquelle elle avait souhaité quitter son poste, pas même à Laure. Sa meilleure amie lui en voulait trop pour qu’elle lui apprenne un autre secret. Elle ne voulait pas non plus donner l’impression de fanfaronner sur ce baiser ou de laisser croire qu’elle était jalouse de Jena. En fait, tout ce qu’elle aurait aimé, c’était la vérité, dès le départ. La vérité. Voilà ce qui avait causé sa dispute avec Laure.

Au moment où elle pensa qu’il serait peut être temps de devenir raisonnable, elle vit en face, une puissante envie de vengeance :

  • Comme c’est marrant, s’en alla Laure, d’un air méprisant. Il aura suffit que je parle de Sky pour que tu ne dises plus un mot.
  • … Arrête, ça n’a…
  • Je m’en fiche, lâcha-t-elle en la dévisageant. Non seulement, tu n’es pas capable de me faire confiance, d’avouer tes torts, mais en plus, tu n’assumes pas non plus tes responsabilités et tes sentiments. Tu as lâchement abandonné ton poste…
  • Je ne l’abandonne pas !
  • Oh.

L’intonation qui sortit de sa bouche sonna comme une fausse note de musique. En voyant, la noirceur qui se dégageait de sa petite amie, Loyd commença à regretter.

  • Donc, ça y est ? Tu veux toujours être déléguée ?
  • Ouais. Je ne vais pas me laisser marcher dessus.
  • … Et je peux savoir, qui, te marche dessus exactement ?
  • Tu comprends rien.

Dans ces cas-là, la fuite semblait plus simple. Kimi préféra quitter la scène, mais Laure la suivit.

  • Alors, dis-moi. Qu’est-ce qui était si difficile dans le fait de me dire que tu voulais parler à mon père ? l’interrogea-t-elle, en marchant rapidement sur ses côtes.
  • Parce que ce n’était pas certain.
  • Et alors ? J’aurai pu t’aider.
  • Tu n’aurais pas accepté, marmonna Kimi.
  • Ce n’est pas vrai !
  • Si, c’est vrai ! Tu ne les aimes pas !

Elles s’arrêtèrent au milieu de l’allée et se fixèrent. Laure n’en revenait pas qu’elle pensait de telles choses à son propos.

  • … Parce que tu as tout gardé pour toi ! J’aurai compris !
  • Ça, c’est ce que tu dis.
  • Je te le dis !
  • Très bien ! Alors ne m’en veux pas de rester près d’eux quand tu m’expulses du groupe.
  • Quoi ?! Je n’ai jamais fait ça !
  • Si ! Tout ce qui compte pour toi, c’est le bonheur de ton petit protégé ! Dès qu’on touche à Sky, tu attaques ! T’es un chien de garde ou ça se passe comment ?

Laure bouillit de l’intérieur et sentit sa raison lui échapper quand elle la vit se carapater.

  • Et quoi ? T’es jalouse ?

Bingo.

Quand bien même elle eut peur du visage que Kimi lui afficha, cela avait eu au moins le mérite de l’arrêter. Ce conflit prenait des proportions dérisoires.

  • J’en ai rien à foutre, cracha-t-elle durement.

Depuis les premières places, le reste du groupe pâlit. Ils avaient tous plus ou moins compris que le sujet “Sky” était un sujet sensible. Le concerné se contenta de les fixer.

  • Bizarre… J’ai l’impression que ton envie d’arrêter d’être déléguée coïncide étrangement avec l’arrivée de Jena…

Exactement ce que Kimi ne voulait pas que les autres croient.

  • Pas du tout. Elle coïncide juste avec le fait que c’est un connard.
  • … Tu es jalouse. C’est ça. Avoue que c’est ça.
  • Je ne suis pas jalouse !
  • Oh si tu l’es…
  • Non ! Je n’ai aucune raison de…
  • Si, parce que tu l’aimes et tu ne veux juste pas l’avouer…

Parfois, Kimi avait l’impression que quelqu’un venait tirer la corde qui éteignait la lumière dans sa tête. Dès l’instant où celle-ci disparaissait, elle ne contrôlait plus rien. Empoignée Laure Ibiss en faisait partie. Le monde tournait au ralenti, des images violentes s’insinuant entre les bribes de la réalité. Le col entre ses mains, elle vit le visage de sa meilleure copine se déformer entre frayeur et plaisir, car cette dernière ne se laissa pas impressionner. L’envie de lui déchiqueter pour n’en faire qu’une charpie lui venait de loin. Monstre. Le fil du film se rambobina. L’ampoule brilla à nouveau. La pression d’une main sur son torse la ramena à l’instant présent. Loyd, et ses yeux clairs, suppliants, l’incitèrent à lâcher prise. Kimi s’exécuta. “Pardon”. Elle eut à peine le temps de le penser que Laure se montra à nouveau hargneuse, comme si cela ne l’avait pas touché.

  • Il n'y a que la vérité qui blesse…
  • C’est bon, arrêtez, s’en mêla Sky. De toute manière…
  • Je t’aime pas.

Essoufflée, sans le regarder, en une plainte, elle plongea le couteau dans la plaie déjà saillante.

  • De toute manière… Je t’aime pas, répéta-t-elle, cette fois en attrapant son regard qu'elle vit s'arrondir brièvement, puis prendre de la distance. Je ne suis pas amoureuse de toi. Vous entendez ? s’adressa-t-elle au groupe. Il faut arrêtez de croire que parce qu’on est les deux derniers du groupe à ne pas être en couple, que forcément, on s'aime… Non. C’est ridicule. Et me parler de Jena, dire que je suis jalouse, alors que Sky s’est proclamé lui-même comme le roi, qu’il a manqué de respect à mes amis,... Ça n'a rien avoir.

Au silence qui régna, Kimi sentit qu’elle avait été peut-être trop dure. Elle se reprit. Non. Faiblir, s’était capitulé.

  • … J’en ai marre, souffla-t-elle. Je t’ai menti, dit-elle en se tournant vers Laure. Mais je t’ai dit que j’étais désolée. A ce moment-là, je ne savais pas faire autrement. Dans ma tête, c’était comme ça. Tu n’as pas accepté et tu m’as attaqué de tous les côtés, alors ouais… Ouais, j’ai mal ! Et quand on s’explique enfin, tu me parles de Sky ! Alors que Monsieur se prend pour le roi du monde ! Et c’est bien pour ça que je voulais plus être déléguée, parce que… De toute manière, vous faites les choses de votre côté. Une soirée est prévue ? Je ne suis pas prévenue, et on se dit que c’est pas grave ? Après vous vous étonner que je veux arrêter, alors qu’on gère tout à ma place. Puis, je me suis rendue compte que Loyd et Nice étaient plus qualifiés. Peut-être trop tard… Oui. Alors, ok ! J’assume ! Je suis la sous-déléguée et Sky, le président ! On fait avec. Mais ne rendez pas les choses encore plus compliquées en nous inventant une histoire d’amour à la con, alors que… C’est vrai, Jena vient d'arriver, et vous savez quoi ? Dire ce genre de choses, alors qu’ils vont se marier dans quelques années, c’est vraiment pas respectueux envers elle. J’en ai marre qu’on m’invente une vie, alors qu’à la base, je voulais juste ramener mes vieux amis ici pour qu’ils soient bien et j’ai été bien trop… naïve pour croire que… que ça se passerait bien.

L’envie de pleurer s’invita.

Malgré toutes ses justifications, elle s’en voulait à mourir :

  • Alors, arrêtez de me parler d’amour quand il y a plus important à régler.

Elle faisait la dure, cherchant à crever une bonne fois pour toute l'abcès qu’il y avait au sein du groupe. Sky avait écouté son discours sans broncher, tandis que Laure s’en rongeait les ongles. Les autres étaient tout aussi impuissants qu’au départ.

  • Tu as raison, déclara Sky. C’est bien de remettre les pendules à l’heure. Vous deux, c’est une chose, dit-il en parlant aux filles. Nous deux, s’en est une autre, mais ça ne concerne que nos places de délégués. Moi non plus, “je t’aime pas”. Je ne sais pas si c’était utile de le dire, vu que c’est une évidence, mais au moins, ça à le mérite d’être clair. Si maintenant grâce à ça on peut retourner à nos moutons, en tant que délégués, alors c’est parfait.

Dès que Sky eut l'opportunité de lui planter à son tour le couteau dans son cœur, il n’hésita à aucun instant. Puisque Kimi avait décidé de le faire saigner, il décida de faire de même en retournant sa propre arme contre elle. Ça ne pouvait que lui servir de leçon.

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