Chapitre 26 : Au sommet - Part I.

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Charles fouettait la crème Chantilly, le bol coincé sous son avant-bras, dans le plus grand des silences. Il appréciait cuisiner dans le calme que lui offrait la matinée. Toujours le premier debout, tel lui incombait son rôle, il ne se plaignait pas de la vie qu’il menait. Les moments passés avec la famille Makes lui tenaient à cœur, devenant d’agréables souvenirs à mesure que le temps se cheminait. Il fut pourtant une époque où ce ne fut pas le cas.

En tant que majordome de père en fils, il avait du vécu et il n’avait pas toujours été aussi bien traité que sous les ordres de John-Eric et de Blear Makes. Le total dévouement qu’on lui avait réclamé autrefois, l’avait empêché de rencontrer une femme à aimer. Il n’avait donc ni connu l’amour, ni le bonheur d’être père. Dès ses vingt-cinq ans, le présent avait appartenu aux parents de Blear. Avant de revenir à cette dernière, sur sa demande, Charles n’avait osé se rendre compte de l’horrible contexte, anxiogène et militaire, dans laquelle il avait dû travailler. En ne lui laissant pas le choix que de devenir son propre majordome, Blear l’avait sauvé. Dans sa nouvelle demeure, sa vie avait radicalement changé. Il était non-seulement respecté, mais aussi écouté, alors libre d’émettre des propositions.

Bien qu’il eût conscience que dans ce système de Richess, les années ne se comptaient pas pareil, Charles avait l’âge d’être le père de Blear quand il intégra la maison. Le quarantenaire fut non seulement un soutien à la vie quotidienne pour sa maîtresse, mais également un conseiller quand John-Eric ne l’était pas.

Nostalgique, il se rappelait du temps où l’entente régnait au sein de la famille. Cette chantilly, parfaitement montée, il l’aurait placée au nez de Lysen quelques années auparavant, laquelle aurait quémandé comme une chatte dans ses pattes. Sky lui aurait piqué sa place, commandant de la fratrie et Billy se serait permis de les calmer en bon grand frère.

Il soupira, laissant ses épaules fatiguées de sexagénaire s’affaisser sous son costume. Bien des choses avaient changé depuis. L’oreille fine, ou alors était-ce le pas de Sky qui était trop lourd, Charles entendit ce dernier descendre les escaliers. Il ouvrit les portes de l’armoire au-dessus de sa tête pour en sortir deux assiettes carrées. Couchées sur le plan de travail, il souleva le couvercle du gaufrier fumant pour y déposer le petit-déjeuner et l’agrémenter de la Chantilly et de fruits.

Sky entra dans la cuisine, attiré par la bonne odeur :

  • Salut, dit-il simplement en attrapant un verre, amenant Charles à se faire la réflexion qu’il était maintenant plus grand que lui.
  • Bonjour. Tu as passé une bonne nuit ? demanda-t-il en terminant sa préparation. Tu peux aller t’asseoir à table, c’est prêt.

Comme réponse, il entendit seulement le déglutis de sa gorge attrapant l’eau par grosse gorgée. C’était une bête question, mais ne sachant comment l’aborder, il l’avait tout de même posée.

Le pas las, Sky s’exécuta aussitôt en retournant dans la salle à manger. Charles constata son effort de s’être habillé, malgré l’envie qui n’y était pas. Il devenait de plus en plus un homme. Aux boutons qu’il avait laissé ouverts de sa chemise souple, il vit aussi un tombeur.

  • Et voici pour Monsieur, le taquina-t-il gentiment en lui apportant son assiette sous le nez.
  • … C’est la fête, dis donc, lâcha Sky après avoir analysé son petit déj. Merci, Charles, dit-il ensuite d’un ton si sincère que le majordome en fut retourné.
  • Ça sent bon, entendit-il à l’autre bout de la pièce.

Habituellement, Lysen ne descendait pas en même temps que son frère, évitant à tout prix le tête-à-tête. Légèrement apprêtée, elle restait confortable dans sa tenue. Sky, en bout de table, la dévisagea quand elle s’installa deux chaises plus loin. S’étant réveillée plus tôt, elle mourait de faim, d’où sa présence. Charles lui apporta expressément son assiette à son ventre qui gargouilla.

Après leur avoir apporté du jus, ce dernier se rangea sagement dans la cuisine dont il laissa la porte ouverte. Concentré sur les deux adolescents, il entendit à peine John-Eric arriver par l’autre entrée de la cuisine. Surpris, ce dernier fronça les sourcils d’un air amusé en le voyant les épier.

  • Charles ? Que faites-vous ? demanda-t-il à voix basse prêt de son oreille.
  • Oh mon Dieu ! s’écria-t-il en murmurant après avoir sursauté. Chut ! fit-il ensuite. Regardez.

Curieux, John imita son majordome en plaçant ses mains sur ses épaules, sa tête dépassant la sienne, et écarquilla les yeux. La vision de Sky et Lysen, aussi proches de bon matin, lui parut irréelle. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient plus partagé un petit-déjeuner. Conscient de ça, derrière leurs façades, ils étaient tous les deux aussi mal à l’aise et sur leurs gardes.

Sky se racla la gorge :

  • Tu me passes le jus ? S’te plaît, ajouta-t-il rapidement.
  • Tiens, lui tendit-elle aussitôt.

L’écoulement du liquide de la bouteille à son verre semblait résonner dans l’immense pièce qui leur servait de salle à manger. L’ambiance n’y était pas seulement tendue. Autant Sky que Lysen étaient morts de fatigue. Le fait que Lysen attrape sa gaufre directement avec ses doigts pour croquer dedans, mettant de côté les manières, en était la preuve même. Son frère l’observa, puis fit de même. Leurs regards se croisèrent. En nettoyant ses dents avec sa langue, Sky la fixa, mâchouillant nonchalamment son premier repas de la journée.

  • … Du coup… ça va avec Leroy ? demanda-t-il à Lysen qui le foudroya par réflexe.
  • Ça va.
  • Hum. Genre, ça va ou “ça va” ?
  • On est très bien, répondit-elle rapidement en noyant sa gêne dans son verre.
  • … Ok. Tant mieux, alors.
  • … Comment ça ? l’interrogea-t-elle, les yeux ronds par l’étonnement, un “je ne sais quoi” dans sa poitrine s’envolant.
  • Bah… C’est cool que ça se passe bien avec ton mec… Nan ?
  • Ah oui. Oui, c’est très bien, dit-elle timidement. Euh… Et toi, alors ?
  • Moi ? se questionna-t-il en fronçant les sourcils.
  • Oui, tu es président maintenant… poursuivit-elle en titillant ses couverts, les doigts tremblants. Ça se passe bien ?
  • Ça va.

Un instant, son cœur palpitant sous sa petite poitrine, Lysen releva son regard de biche sur Sky. Elle eut envie d’essayer quelque chose :

  • Genre… ça va ou “ça va” ? répéta-t-elle ses précédents mots d’un ton assez léger.

Quand il lui sourit, son air s’adoucissant et un rire lui échappant, ses joues s’empourprèrent. Toute contente, elle essaya de ne pas trop le montrer en dévorant le reste de sa gaufre.

Face à cette scène, John-Eric fut stupéfait :

  • Ils… conversent ? lâcha-t-il, estomaqué, cherchant la même réaction chez Charles.
  • Me voilà ému, répondit ce dernier en sortant son mouchoir de poche pour sécher ses fausses larmes, bien qu’en trouvant une lueur dans son regard, John resserra sa poigne autour de son épaule et lui sourit. Qu’y a-t-il ? l’interrogea alors le majordome.
  • Rien. Je suis content. Merci pour tout ce que vous faites.

Dans le silence, les deux hommes se comprirent, un profond respect les animant. Charles abaissa à peine son menton, l’émotion le gagnant.

  • Et vous ? Dites-moi, ce qui ne va pas ? Je vous sens d’une humeur compliquée ces derniers temps, l’invita John à s’exprimer.
  • Je crois que… Puis-je vous partagez honnêtement ce que je ressens ?
  • Allez-y, rétorqua-t-il sans une once d’hésitation.
  • J’ai passé tellement de bons moments en votre compagnie que… Je pense que tout cela va me manquer, voilà tout, expliqua-t-il d’une voix sage et douce.
  • Je vois.

Quand John-Eric l’entoura pour l’étreindre, Charles ne refusa pas l’accolade. Au contraire, il l’accepta à cœur ouvert, ayant l’impression de serrer l’enfant qu’il n’avait pas eu. Cela lui fit le plus grand bien. Il n’aurait franchement pas pu rêver mieux comme employeur. La tendresse de John lui arracha une fine larme que ce dernier ne releva pas. À la place, un grand sourire vint taquiner ses lèvres :

  • Ne croyez pas être au bout de votre peine et pouvoir vous débarrasser de nous aussi facilement parce que nous divorçons. Tout en sachant que le prochain que vous accompagnerez, c’est lui, dit-il en pointant son pouce vers le mur, faisant référence à Sky, Charles y jeta expressément un œil.
  • Bon sang… souffla-t-il. Je ne suis pas certain d’en être heureux.

La grande exclaffe qu’ils partagèrent interpellèrent les enfants qui les écoutèrent fanfaronner joyeusement depuis la cuisine. Entre-temps, Sky et Lysen étaient redevenus silencieux, éprouvant des difficultés à se parler naturellement. Un bruit de porte claquant à l’étage les fit se retourner vers le même point. La même pensée les traversa : n’ayant pas encore aperçu leur mère, ils en avaient tous les deux conclu qu’elle se trouvait déjà dans son bureau au rez-de-chaussée. En effet, elle avait pour habitude de se lever très tôt, profitant des premières heures de la journée pour travailler en toute quiétude. Simplement, ils furent obligés de constater qu’elle n’y était pas. En la découvrant au-dessus de l’escalier, encore en pyjama, les cheveux relâchés, l’étonnement fut général.

Blear traîna les pieds, se déplaçant difficilement sur le carrelage avec ses pantoufles, l’objectif en tête d’atteindre la cuisine. Elle adressa un simple signe à ses enfants en passant à leurs côtés. Sur sa chaise, Sky se figea, choqué par la longueur de ses cernes. Elle ne leur était jamais passé devant de cette manière. Lysen se tortilla également, perturbée de son comportement.

Au pas de la porte qui menait à la cuisine, Blear tomba sur John-Eric. Doucement, elle déposa sa main sur son torse en se mettant sur la pointe des pieds et en levant le menton vers lui. Elle s’arrêta immédiatement quand celui-ci cligna une fois des paupières. Les vieilles habitudes n’étaient pas encore parties.

  • Ah… C’est vrai, soupira-t-elle en se dirigeant directement vers le frigo.
  • Je vous ai préparé le petit-déjeuner, l’interrompit Charles qui partagea un regard inquiet avec John.

Quand elle se tourna avec le minimum d’efforts possibles, il vit que le sien était éteint. Son visage ne laissait transparaître aucune joie.

  • Je… vous le mets à table ? demanda-t-il en soulevant l’assiette.
  • Non, le coupa-t-elle promptement. Merci, enchaîna-t-elle en le prenant de ses mains, en se dirigeant de nouveau vers la salle à manger.

Interpellé Charles, se glissa aux côtés de John :

  • Je ne l’ai jamais vu comme ça, lui chuchota-t-il.
  • Je lui ai conseillé de prendre un peu de repos… Mais moi non plus, avoua-t-il en effectuant ensuite un mouvement de tête en avant, lui indiquant de la suivre.

La famille au complet dans la pièce principale, Blear s’arrêta devant la table où ses progénitures étaient assises. L’assiette en main, elle resta debout un moment à cogiter. Mal à l’aise, Sky et Lysen attendaient de voir si elle allait s’asseoir. Elle tourna la tête vers le fauteuil, plus loin. Ils n’avaient jamais eu le droit d’y manger, mais Blear s’y rendit, sans dire un mot. Elle prit place confortablement, plongeant sur sa gaufre avec sa fourchette. Cette vision, bien qu’il ne voyait plus que sa chevelure brune, laissa tout le monde perplexe. John-Eric se sentit obligé de dire quelque chose :

  • Blear… Tu ne viendrais pas à table ?

Elle se tourna à peine après un énième silence. Vidée, le questionnement qui traversait autant son ex-mari que ses enfants, ne la fit pas réagir. Elle mordit dans sa fourchette, puis se détourna à nouveau. Ce geste irrita Sky. Ça y est. Maintenant, elle faisait grêve.

  • Pfff, lâcha-t-il en rangeant ses couverts sur son assiette. On a jamais été aussi unis que depuis que vous nous avez annoncé votre divorce et elle refuse de manger avec nous.

Sky se leva pour retourner à l’étage, l’envie de la blesser au passage devenant trop forte :

  • T’es sérieusement ridicule… balança-t-il en se tournant vers sa mère qui ne broncha pas, de grosses larmes menaçant de dévaler ses joues tandis qu’elle continuait de manger.

Alors que John-Eric s’apprêtait à lui donner la leçon de sa vie, il trouva que la pâleur qui gagna son visage fut suffisante comme punition. Jamais, de toute son existence, il n’avait vu sa mère céder. L’image lui avait provoqué des sueurs froides. Coupable, il s’approcha de la première marche, ne s’attendant pas à ce qu’elle lui réponde :

  • C’est bien. Tu as gagné, lâcha-t-elle d’un ton inexpressif.

Ces mots logèrent un frisson dans son dos qui le parcourut ensuite de la tête au pied. Il partit rapidement après. John-Eric envoya Lysen dans sa chambre également et demanda à Charles de le laisser seul avec Blear. Il s’assit à côté d’elle dans le fauteuil, attendant longuement qu’elle se prononce d’elle-même sur ce qui la rongeait. La tête basse, ses mouvements de fourchettes devenaient de plus en plus vifs.

  • … Ils s’en foutent… grommela-t-elle, mettant sa fierté de côté, d’une expression serrée. De moi… de toi… Du fait qu’on divorce… Ils n'en ont rien à faire !
  • … Ce n’est pas vrai… répondit John, désarmé.
  • Tu as bien vu, hier…
  • Mais non. Ils sont justes…
  • Arrête de te voiler la face !! Peut-être qu’ils ne s'en foutent pas de toi, mais de moi… Oui, je parie qu’ils préféreraient vivre avec toi.

John n’avait plus les mots et les siens le blessaient. Il voulait la rassurer, mais il devait bien s’avouer que lui aussi avait été étonné. Au moment de l’annonce, après la première épreuve que les parents venaient d’endurer, Blear et John craignaient une deuxième vague de colère. Seraient-ils capables de supporter leur réaction ? Ne devaient-ils pas reporter cette mauvaise nouvelle ? Dans tous les cas, la conclusion restait la même : ils ne seraient jamais prêts, alors autant leur avouer le plus vite possible.

En père de famille, ce fut John qui amorça le sujet en leur demandant de bien vouloir rester dans le salon après le repas du soir. Charles ne se tenait pas très loin, raide comme un piquet. Ils avaient essayé d’être le plus doux possible, se plaçant tous deux dans le fauteuil opposé à leurs enfants. En prenant une pose décontractée, voulant éviter de tomber dans les manières familiales, John se décida enfin à leur lâcher la bombe :

  • C’est difficile à amener, commença-t-il les mains croisées entre ses jambes. Mais à vrai dire, nous ne savions pas comment vous l’annoncer…

Quand il vit le sourcil de Sky se hausser légèrement, il comprit qu’il avait déjà deviné. Ce dernier se plaça dans une posture offensive, Lysen à côté attendant qu’il se prononce entièrement, nerveuse à l’intérieur.

  • … Nous avons décidé de divorcer.

Blear n’avait pas osé les regarder tout de suite dans les yeux, mais le lourd silence qui se perpétuait lui fit lever son regard. Sky les défiait du sien, la mâchoire légèrement décalée. Il se montrait en roi, comme on lui avait appris pour encaisser les coups.

  • … Du coup ? avait-il lancé au désarroi de ses parents.
  • Du coup, nous vous… l’annonçons.
  • Okay, acquiesça-t-il, droit dans ses baskets.
  • Alors, hum… Nous comprenons que ça puisse être un choc pour vous, enchaîna-t-il en espérant trouver une réaction chez sa fille. Cependant, il fallait qu’on vous le dise et c’est chose faite. C’est normal qu’il vous faille du temps pour digérer.
  • Oui… parce que, se lança Lysen, vous nous le dites, mais… ça ne changera rien à votre décision… ? bafouilla-t-elle, submergée dans ses pensées.

Ce fut eux qui furent choqués. Lysen restait droite, assise au bout du coussin pendant que Sky regardait ailleurs. Blear, qui souhaitait participer à la conversation, n’y arriva pas. Ils lui donnèrent l’impression d’en avoir royalement rien à foutre. Il y avait certes un peu de colère chez Sky et de la tristesse chez Lysen, mais rien d’extrême.

Déstabilisé, John reprit :

  • Voilà, donc… si vous avez des questions à nous poser…
  • Non, merci. Vous avez fini ? se leva Sky en glissant ses mains dans ses poches.

Subjugués, ils le laissèrent partirent, puis s’attardèrent sur Lysen qui leur lança un sourire maladroit avant de s’éclipser également.

Le soulagement qu’ils avaient alors espéré n’apparut jamais. Au contraire, si John avait pu prendre du recul, Blear fut tourmentée toute la nuit par leur réaction. Elle en vint à la conclusion que ses enfants n’avaient aucun attachement envers eux et ce fut pour cette raison, qu’elle n’arriva pas à les regarder en face le matin qui précéda.

  • Ils s’en foutent, répéta-t-elle, d'un ton hargneux. Tu te rends compte ?? On leur a dit qu’on se séparait et ils sont juste… partis ?! Qu’est-ce qu’on est pour eux ? Rien ?
  • Pas du tout. Blear, tous les enfants ne réagissent pas de la même manière. Je pense qu’ils… digèrent ça… difficilement et…
  • Eh bien, qu’ils digèrent. Je ne leur parle plus.
  • Tu ne le penses pas…
  • Si ! C’est fini ! Voilà… Moi aussi, je m’en fiche d’eux maintenant ! Ils verront ce que ça fait… craqua-t-elle à nouveau. Ah, bon sang ! s’écria-t-elle. Je suis fatiguée ! De pleurer pour eux… pour des enfants qui n’ont aucun coeur ! continua-t-elle en s’efforçant de sécher ses larmes. Ils… ne m’estiment pas… J’ai été si mauvaise que ça ? John ? J’ai vraiment été une si mauvaise… mère ? l’interrogea-t-elle d’une voix perçante.
  • … Non, souffla-t-il à peine, détruit de la voir aussi malheureuse. Je te promets que non.

En haut de l’escalier, adossé en secret à un mur, Sky n’avait pas totalement la même réponse à cette question. Remué, il se mordait la lèvre inférieure, un goût métallique imprégnant sa bouche. Il jura dans sa tête un nombre incalculable de fois contre lui-même. Il s’en voulait d’avoir de la peine pour sa mère. Il détestait le fait que de la voir pleurer lui avait donné l’impression qu’il tombait de mille étages. Il refusait de se sentir coupable, mais ses pleurs… écorchaient ses oreilles et brûlaient ses poumons. Il gardait pourtant un masque sombre sous sa chevelure en bataille, en guerre avec ses propres pensées.

Le reniflement de sa petite sœur le poussa à sortir de sa torpeur. Au mur d’en face, Lysen qui avait aussi voulu écouter ne bougeait pas d’un poil. Elle essayait de les retenir, mais ses larmes tombaient toutes seules. Une grosse grimace transforma son visage en même temps qu’elle passait ses poings sous ses yeux. Elle s'était à nouveau transformée en une jeune fille normale de son âge, cédant à ses émotions. Le nez de Sky se retroussa. Le regard ailleurs, il mit sa fierté de côté et vint l'encadrer avec prudence. Au fur et à mesure, il serra sa prise, Lysen lui rendant son câlin. Elle non plus, il ne supportait pas de la voir pleurer. La tristesse de sa famille l’amenait au sommet de sa rage.

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