Jour 3

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A partir de deux meurtres revendiqués par le même tueur, on peut commencer à parler de série. Plantin — malgré ses capacités limitées l’avait compris : cette série n’était pas prête de s’arrêter.

Le troisième jour, l'inspecteur était devant son téléphone à attendre nerveusement le coup de fil annonçant un nouveau meurtre.

« Monsieur l'inspecteur, Bonjour ! Je vois que vous patinez », fit la voix. « Ce n’est pas fini, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. » Puis il donna l’adresse, avant de conclure en chantant d'une voix suave et joyeuse : « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais l’inspecteur n’est pas là et un crime l’attend. »

Le commissaire connaissait la chanson de Trénet et se surprit à la fredonner dans sa tête. Il aimait bien le "fou chantant", insouciant et rieur, aux paroles gaies d'un autre temps. Mais le moment n'était pas à la ritournelle, on parlait d'un nouveau crime.

Plantin raccrocha, contrarié. Le meurtrier ne lui laisserait donc aucun répit. Il passa un coup de fil pour annuler une partie de pêche prévue de longue date avec son gendre cette après-midi même. Julien, c'était le gendre idéal, poli, élégant, spirituel, et, surtout, il aimait pêcher à la mouche comme lui, une grande qualité selon Plantin qui plaçait cette activité au-dessus de toutes les autres, car elle requérait "patience et doigté".

L'inspecteur enfila de nouveau la veste de son costume fané et se rendit sur les lieux du crime, accompagné de ses coéquipiers et suivi de peu par une horde de journalistes — que l'assassin avait pris soin d'informer.

Les policiers pénétrèrent dans la maison et parvinrent dans un vaste salon aux rideaux fermés.

Une lampe posée au sol diffusait un jet de lumière vers le haut. Au-dessus d’elle, une femme était suspendue à l’horizontale grâce un ingénieux système de poulies. Son corps sans tête était entièrement criblé de larges trous par lesquels se faufilait la lumière pour éclabousser le plafond entièrement peint en bleu. Un véritable ciel étoilé, extraordinairement macabre. Dans un coin de la pièce, la tête, peinte en blanc était accrochée à un fil. Une fois de plus, un tableau éblouissant se dessinait devant les policiers complètement défaits et impuissants. Décidément, l'assassin ne manquait pas d'imagination.

L'inspecteur Plantin, insensible au charme de la scène, sortit de la maison et fut assailli par des journalistes le mitraillant de questions rendues inaudibles par l’enchevêtrement des voix. Il décida de ne pas y répondre et rentra, penaud, au commissariat où il devrait faire le point sur cette situation de crise. Ses supérieurs commençaient à s'impatienter et à exiger des résultats, et il n'avait strictement rien à leur mettre sous la dent.

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