chapitre 28

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Si je m’étais attendue à être épaulée par mes amis, j'avais déchanté devant leurs molles protestations de soutien.

Dans les jours qui avaient suivi, j'avais subi la pression conjuguée de ma mère et d’Étienne, pour me pousser à me rendre en Italie. Que n’ai-je entendu comme reproches lorsque mon géniteur fut mis en terre : fierté mal placée, principes dévoyés, égoïsme… Vincent m’avait écrit une lettre, à la fois invective et larmoyante, dans laquelle il déplorait mon attitude : je bloquais la procédure et l’empêchais de toucher sa part, au moment où il devait penser à créer un foyer pour son futur bébé. C'est moi qui ai appris à ma mère qu’elle allait devenir grand-mère. Toute la haine que j’avais eue pour Enzo Agnesi s'était alors muée en colère contre mon petit frère.

J'avais trouvé refuge chez Paulette, où je ne craignais plus d’être jugée. Nous avions une promenade de prédilection qui nous conduisait autour d’un château fort menaçant ruine, le château de Lascours, un endroit romantique dans son abandon, propice aux légendes. Un jour, une annonce d’adjudication du domaine était apparue devant la mairie. Nos esprits s'étaient perdus dans toutes sortes de conjectures, sur les potentialités du lieu, les travaux à entreprendre d’urgence, le profil d’un repreneur.

Inévitablement, la conversation amenant à la rêverie, nous avions conçu une utopie, dans laquelle nous tirions nous-mêmes les rênes du projet. Nous ouvririons le château au public, nous lui rendrions son lustre passé, nous monterions une activité hôtelière afin de financer une programmation culturelle. Paulette donnerait des cours de musique et Gustave des leçons de dessin, nous organiserions des concerts, j’écrirais… Je ne serais plus obligée de croiser Arnaud et sa tristesse teintée de reproches au bureau tous les jours. Je prendrais une revanche sur Enzo. Je ferais quelque chose de bien de ma vie. C’est ainsi que de fil en aiguille la sirène de l’héritage finit par nous envoûter. Nous nous persuadâmes que nous avions trouvé un moyen d’aplanir toutes les difficultés que je rencontrais.

Paulette avait essayé au dernier moment de me dissuader, sans doute avait-elle eu conscience de l’ampleur de la tâche, à l’instant de sauter le pas. Mais j'avais déjà chargé Louis-Paul de négocier pour moi l’achat du château de Lascours, avec mon héritage.

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