les treize voeux

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 Je me repose et médite sur mon lit de mort à la liste de mes vœux avant de partir à jamais. Je suis en pleine force de l’âge, et mon entourage s’accorde à jauger les traits de mon visage très avantageux pour mes cinquante ans. Je suis allongée sur mon lit de mort, notre literie conjugale que je n’ai jamais considérée comme l’antichambre de mon cercueil quand nous l’avons acquise et choisie avec mon mari dix ans auparavant. Me vient à l'esprit alors mon premier vœu : finir ma vie en m’endormant dans mon doux cocon, une mort dans le sommeil, le sommeil du juste qui nous transporte avec sérénité et sans angoisse vers l’inconnu.

Ma vie maritale tardive a évincé l’espoir de fonder une famille nombreuse : oubliée la maternité, oubliée une quelconque filiation directe. Je me suis satisfaite de procurer des soins, des heures de babysitting et d’entretenir des relations avec les enfants par l’intermédiaire de mes nièces et mes neveux grâce à la générosité et la confiance de ma fratrie. La responsabilité de ces petits êtres, même de façon épisodique, m’ont remplie d’un bonheur éphémère mais dense. Découle de ces pensées, mon second vœu où devenus adultes, ils se remémorent nos échanges, les complicités brèves de ces journées partagées pour transmettent ces doux souvenirs à leurs progénitures. Je survivrai à travers eux et marquerai ainsi une trace dans la future génération ; mais le souvenir d’une personne dans sa pleine dignité s'impose. Alors, j’invoque mes facultés mentales pour me garantir la cohérence de mes pensées, ma verve, et ma vivacité, jusqu’à la fin car je redoute qu’on dise de moi « elle n’a plus toute sa tête ».

Une qualité de vie comblée dans un cadre choisi et agréable au milieu d’une quiétude permanente sera mon quatrième vœu. J’espère un entourage compréhensif et respectueux qui m’encouragera dans le choix de mes engagements et partagera le goût de mes orientations. D’ailleurs à ce titre, mon cinquième vœu vise à l’aboutissement de mon projet de roman ; ce vœu s'accompagne d'une amélioration pour mon talent pour l’écriture, même si je conviens que « talent » est exagéré pour qualifier mon zèle à l’activité que j’affectionne. Mon sixième vœu est la conséquence directe du précédent car il serait grandiose et magnifique d’être lue et appréciée par une kyrielle de lecteurs assidus. 

Moins personnel, mon septième vœu de finir ma vie dans l'épanouissement d'une collectivité idéale, où la haine n’a plus sa place ; où les apparences physiques ne prévalent pas pour se juger les uns par rapport les autres.

La société actuelle, basée sur l’acquisition de biens matériels accumulés, excessifs et futiles, sera moins cruelle quand les valeurs et les ambitions vénales seront bannies ; tel est cinquième vœu : que l’altruisme, le don de soi et l’acte gratuit redevienne source d’aspiration des générations à venir. Je calque mon huitième vœu en le transposant sur nos gouvernants. Nos politiciens qui nous dirigent, régulent nos quotidiens par l’impact de lois, taxes, dictats et d’impôts ; et tous, de toutes orientations et nations confondues, seraient avisés de progresser selon un code de conduite exemplaire et dépourvu d’intérêt personnel.

Mon neuvième vœu serait d’encourager la recherche médicale. Mon idéal projette le succès des scientifiques pour découvrir les remèdes aux maladies les plus mordantes. De même, des traitements infaillibles violenteraient les redoutables virus virulents virés et éliminés du sol du système solaire absolument sain.

Dans le même sens, je promeus un dixième vœu pour l'extinction du malheur humain car la nature ne nantit pas tout le monde de fortune, de santé, et de chance.  J’attends des nombreuses bonnes volontés consacrées à travers associations ou diverses organisations de ne pas se contredire dans leur plan d'action, qu'elles ne se discréditent pas les unes contre les autres pour mieux concrétiser leurs objectifs de concert.

Mon onzième vœu ambitionne une halte à l’usage abusif de la technologie. Les merveilles de son utilité dissimulent les affres dans laquelle elles peuvent nous confondre. Une personne aujourd’hui déconnectée se décale malgré elle de la société.

Mon treizième vœu satisfait la bonne superstitieuse que je suis : que le chiffre treize pourvoie à la réalisation des douze premiers vœux formulés avant de partir.

 

 

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