4/4. Révélation.

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Après avoir repris mes esprits, je me levai du lit avant de sortir de la chambre, bien décidée à comprendre à quel moment mon cerveau s’était joué de moi.

Je me dirigeai dans la cuisine, afin de me servir à boire quelque chose pour refroidir mon corps, encore enflammé par le rêve.

Le regard fixe, dans le vide, laissait paraître un visage calme, mais mon cerveau chauffait, les questions fusaient dans mon crâne à un tel point que je me perdis profondément dans mes pensées les plus dérangeantes. Bon sang, à quel moment j’ai commencé à perdre la tête ? Est-ce que je suis vraiment réveillée ou est-ce que je fais encore un rêve affreusement réaliste ?

Par réflexe, je regardai mollement mes mains, afin de voir si ses dernières présentaient le nombre exact de doigts ou si je m’étais transformée en alien.

Un, deux, trois, quatre, cinq. Le compte est bon pour la main gauche.

Un, deux, trois,

— Cathy ? Tout va bien ?

Je sursautai, effrayée par la voix qui me sortit de mon état de transe. Je tournai la tête et vis le visage inquiet de Luke. Je tentai de calmer mon cœur battant trop rapidement, me redressant. Je me rendis compte que j’avais laissé couler mon lait pendant tout ce temps, faisant déborder mon verre, le lait coulant sur la table.

— Oh Luke ! Oui, oui tout va bien, ne t’inquiète pas ! Je venais juste boire un peu de lait avant de me rendormir.

— Mais tu sais que la table ne boit pas de lait ?

— J’étais perdue dans mes pensées, tu sais à quel point je suis maladroite.

Luke rit, ce qui ne fit qu’augmenter les battements de mon cœur et la chaude sensation intérieure que j’essayais de calmer. Il prit la brique de lait, la ferma avant de la ranger dans le frigo.

— Pourquoi tu regardais tes doigts comme s’ils avaient tenté de te tuer ?

— Je regardais ma manucure.

Il prit l’éponge et nettoya ma catastrophe, tout en me regardant d’un regard qui montrait que mon mensonge ne fonctionnait pas. Se rapprochant de mon corps pour me faire face, il prit ensuite mon visage entre ses mains, afin de me forcer à le fixer droit dans les yeux. Je crus défaillir devant ses gestes et son doux regard. Si je disais la vérité, il allait me prendre pour une désaxée et c’était bien le contraire de ce que je souhaitais.

— Cathy, la vérité.

— J’ai une question à te poser, sérieusement.

— Est-ce que tu essayes de changer de sujet ?

— Non, non ! Justement, c’est à ce propos.

Il fronça les sourcils.

— Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre nous ?

— Comment ça ? Tu ne te souviens pas ?

Ma respiration se coupa. Se serait-il vraiment passé un événement entre nous deux ?

— On a couché ensemble !

La tête de Luke se transforma et devint le visage de Clayon. Quel cauchemar !

— Quoi ? C’est pas possible ! Clayton ?

— Oui, poupée ? Un problème ? Tu ne te souviens donc pas du plaisir que tu as eu avec moi ? J’ai dû être tellement bon que tu t’en es évanouie !

Je reculai subitement, voulant me trouver le plus loin possible de Clayton. Je courus dans les escaliers pour remonter dans ma chambre mais je loupai une marche et tombai violemment.

Je me réveillai en sueur, criant à plein poumons. Me trouvant dans mon lit, je fronçai les sourcils d’incompréhension. Oh non, ça recommence ! Encore un rêve ou enfin la réalité ?

— Cathy, calme toi, tu as fait un cauchemar. Je suis là, ne t’inquiète pas.

Je tournai la tête, et vis Luke assis à mes côtés, visiblement inquiet.

— Je rêve encore, c’est obligé, ça fait deux fois. Tu vas encore te transformer, sors de ma chambre !

Luke tenta de me calmer mais j’avais trop peur d’être de nouveau coincée dans mes rêves.

— Calme-toi ! Ta fièvre te fait délirer ! Regarde tes doigts, pince-toi et tu verras que tu es réveillée.

Je fis ce qu’il m’avait conseillé de faire et en voyant que j’avais bien dix doigts, que je ressentais la douleur et que le pyjama que je portais était maintenant celui que j’avais en début de soirée, je redevins calme.

— Tu t’es endormie devant la série qu’on regardait. Tu as simulé d’être malade pour ne pas passer du temps avec les gars et moi, mais au final, tu es tellement en retard sur ton cycle de sommeil, et tellement stressée, que tu as vraiment de la fièvre. C’est sûrement la raison pour laquelle tu as fait un cauchemar. D’ailleurs, tu as parlé dans ton sommeil, ma belle.

Je repensai rapidement à tout ce dont j’avais rêvé et conclus que rien ne pouvait tourner en ma faveur.

— Oh..

— Je ne sais pas à quoi tu penses, mais j’ai été plutôt flatté que tu rêves de moi. Tu avais particulièrement l’air d’apprécier ce qu’il se passait, mais promis j’en parle pas, je ne veux pas te mettre mal à l’aise !

Je me sentis rougir de honte, je compris qu’il devait faire allusion au premier voyage dans le royaume de mes fantasmes, où je commençais à coucher avec lui.

— J’ai bien envie de me cacher, loin de tout et d'oublier cette situation.

Luke éclata de rire.

— J’ai besoin d’être un peu éclairée quand même. Est-ce que ta présence dans ma chambre a fait changer quelque chose à notre relation amicale ?

— On s’est embrassés, ton frère est entré à ce moment-là, et après qu’il soit reparti, on a continué de regarder la télé. Tu t’es rapidement endormie et t’as commencé à parler, tu connais la suite. Mais ça ne fait pas longtemps que tu dormais, une heure je dirais.

Je mis une bonne minute pour assimiler toutes les informations, les remettre dans le bon ordre et vraiment réaliser que mon cerveau allait exploser si je lui donnais encore de quoi réfléchir.

— Incroyable, je suis paumée. J’ai l’impression d’avoir vécu dans plusieurs mondes parallèles, c’est flippant. Et du coup, est-ce qu’on est ensemble, toi et moi ou c’était juste un bisou pour le fun ?

Luke pencha la tête sur le côté, me regardant en souriant comme si j’étais idiote.

— Ma petite Cathy, il me semble que tu es aveugle, j’essaye depuis un moment de te faire comprendre que tu me plais mais tu n’as pas l’air d’avoir saisi ! De mon côté, ce baiser signifiait totalement que je veux qu’on soit plus que des amis. À toi de décider. Mais je pense que ça doit être réciproque, à en croire les paroles et le rêve que tu as fait de moi.

Je baissai la tête, intimidée. Il ne mit pas longtemps pour ricaner de moi, puis de relever ma tête pour déposer ses lèvres sur les miennes.

— Tu ne rêves pas cette fois-ci. Toi et moi, c’est bel et bien réel.

Je soupirai de soulagement.

— Enfin, on ne sait jamais vraiment.

Je perdis mon sourire et l’angoisse reprit le dessus. Oh non, ça recommence..

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