11. Lost

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 Quand ses phares finissent par éclairer l’orée d’un bois, il ralentit encore, à l’affût d’un panneau, mais seuls les arbres émergent des nuages. Une curieuse sensation s’empare de lui alors qu’il y pénètre. La brume désépaissit, il roule toujours sur du goudron, mais moins large que dans ses souvenirs, une forêt s’étend de part et d’autre. Il doit se trouver dans celle de Saint-Germain. Il a dû faire un détour. Au moins, il sait qu’il n’est pas loin, mais… Les arbres autour lui paraissent étranges, certainement un effet du brouillard.

 Il ralentit de nouveau, regarde sa montre, il commence à être à la bourre. Bob et Joe doivent installer le matos dans le bar, probablement occupés à s’engueuler.

 La route est en sale état, il est dans une forêt, il n’est pas vraiment sûr de l’endroit où il est, mais ne doit pas être très loin de son objectif. Pas la peine de faire demi-tour et de retourner au milieu de nulle part, autant poursuivre, il retrouvera sans doute un axe plus roulant et de là, il regagnera la nationale.

 Il progresse entre les arbres, une côte grimpe devant lui. Dans ses souvenirs, il n’y a pas autant de relief dans le coin, mais a-t-il vraiment d’autres choix que de continuer et de voir où cela le mènera ? Il débouche dans une clairière, une lumière brille dans la nuit. Au fur et à mesure qu’il se rapproche, les contours d’une bâtisse se dessinent dans l’obscurité. Il modère encore sa vitesse et s’engage dans le chemin de terre qui conduit à la maison. S’il y a quelqu’un de vivant ici, il pourra le renseigner.

 Il s’arrête devant la clôture de bois et sort. Pas fâché de se dégourdir les jambes. Il fait froid pour un mois de juin. Il frissonne, sa respiration s’envole en volutes de vapeur. Le froid s’ajoute à l’angoisse de s’être perdu et à son retard. Il éprouve un profond malaise.

 Il franchit le portail vermoulu et s’approche de la fenêtre éclairée. Une cuisine avec une table en formica. Une vieille dame difforme y prépare son dîner. Il frappe à la vitre, elle se retourne, dans sa main, ce qui ressemble aux yeux de David à un bras d’enfant, dans l’autre, un couteau de boucher.

 C’en est trop ! David s’enfuit en vrac vers sa voiture.

 Il met le contact, mais la Peugeot fait des siennes alors que la brume s’épaissit à nouveau. Un rai de lumière jaillit par la porte qui vient de s’ouvrir, il ne voit que la silhouette de la vieille dame et l’éclat qui se reflète sur une lame.

 Il panique, ne pense qu’à fuir et se précipiter au poste de police le plus proche.

 Quand sa voiture démarre, il part sur les chapeaux de roue, il roule éperdument, dévale une côte en prenant des risques de fou. Un croisement, un panneau indique « MALPORT » à trois kilomètres, il poursuit sans réfléchir, mais il ne connaît aucune commune de ce nom…

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