Chapitre quatre

Toutes les lumières de la maison étaient allumées. Frankie n’avait jamais supporté l’obscurité, même dans son appartement à Paris. Tout devait être allumé, la télévision, son ordinateur, les lumières de toutes les pièces. Tous les radiateurs chauffaient à présent et la maison baignait dans une douce chaleur, avec en plus le feu ouvert qui ronronnait. Frankie était frileuse. Enveloppée dans son plaid en «polar» elle lisait un thriller passionnant. Le chien Grizzly, couché à ses pieds et le chat, définitivement adopté ronronnait sur le divan. Au-dehors, on pouvait entendre les bruits des animaux nocturnes, chauves souris, renards, chouettes. Des bruits inhabituels pour cette citadine et son chien, plus habitués aux bruits de la circulation, des ambulances, des gens qui criaient, des coups de klaxon...

Frankie regarda sa montre, il était passé vingt-deux heures et ses yeux commençaient à se fermer. Le long voyage l’avait fatigué. Excepté Cédric qui étudiait et Michel qui était au travail, les enfants dormaient depuis plus d’une heure. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle ne s’était pas encore mise à écrire. Elle s’étira, se leva, suivie par les deux animaux. Elle hésita, allait-elle dormir avec toutes les lumières allumées? Elle haussa les épaules et se décida à éteindre derrière elle. Après tout, elle avait le téléphone fixe et portable, et la 4G fonctionnait quoi qu’en pense le voisin, elle avait du réseau. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter.

Frankie monta les escaliers, regardant derrière elle, elle trouva l’obscurité et le silence du rez de chaussée inquiétant. Dans le noir tout prenait une toute autre dimension. Soudain, Frankie entendit un bruit très léger. Il provenait d’une chambre. Il n’avait duré qu’un instant, était tellement léger que l’on pouvait douter, mais Frankie se mit à angoisser.

Arrivée en haut des escaliers, elle s’arrêta et tendit l’oreille. Le bruit reprit. Régulier et étouffé. On aurait dit un grattement. Cette fois le doute n’était plus possible. Enfin il s’arrêta à nouveau. Frankie s’avança prudemment sur le palier. Le bruit reprit et la jeune femme se remit à angoisser.

Frankie pénétra ans la chambre et le bruit cessa automatiquement. Elle regarda autour d’elle, les jambes tremblantes, la gorge desséchée. Prenant son courage à deux mains, Frankie se baissa et jeta un coup d’œil sous le lit... Rien, mis à part des moutons de poussière.

Elle s’approcha doucement et ouvrit en tremblant la grande armoire, cette dernière était totalement vide.

Frankie reprit sa respiration et s’apprêta à sortir de la chambre lorsqu’au dehors, quelque chose attira son attention. Elle ne remarqua rien et s’éloigna, presque rassurée. Le bruit reprit. Il semblait venir du mur lui-même. Finalement, le bruit de grattement cessa et se transforma en une cavalcade et un petit chicotement animal. Un rat probablement. Elle s’approcha lentement de la fenêtre quand un bruit assourdissant la fit hurler de terreur...

Une des vitres de la chambre venait de voler en éclats. Une grosse pierre avait atterri sur le parquet, au milieu des éclats de verre du carreau cassé. Malgré sa peur, Frankie se précipita vers la fenêtre, ayant juste le temps d’entendre une bande de gamins qui s’enfuyaient en criant et en riant.

L’un d’entre eux resta sans bouger et fixa Frankie. Son visage était dans l’ombre. Son immobilité avait quelque chose de terrifiant.

Cédric, alerté par le bruit, s’était précipité près de sa mère.

- Mais qu’est-ce qui se passe ici ? C’est quoi ce pavé ? Et ce carreau cassé ? Le jeune homme regarda au-dehors. Frankie ouvrit la bouche et s’apprêta à dire quelque chose à son fils, lorsque l’enfant dans l’ombre, fit un pas en arrière et s’évanouit dans l’obscurité.