Chapitre 72 : Extermination

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– Mais… les Terriens ne sont pas tous mauvais ! Et ils sont sans défense face à la magie d’Orfianne !

– Nêryah, même s’il est plus démonstratif, notre pouvoir n’est rien comparé à celui des êtres humains. Imagine, ils sont capables de matérialiser leurs pensées. Et ils n’en ont même pas conscience ! C’est extrêmement dangereux. Tu peux aisément constater les répercussions de cette puissance sur leur planète, et la nôtre ! S’ils le désiraient, ils pourraient obtenir n’importe quoi. La seule chose qui les en empêche, c’est eux-mêmes, car ils ne croient pas en leur magie. Ils ont perdu la foi en leur identité profonde. S’ils exploitaient correctement leur maîtrise du Verbe, de leurs émotions, et de leurs pensées, ils pourraient créer un monde merveilleux. Malheureusement, certains abusent déjà de ces capacités pour de sombres desseins. Le seul moyen de protéger Orfianne est de les anéantir. Et toi, Nêryah, tu seras l’instrument de leur destruction.

– Quoi ? m’écriai-je, les yeux écarquillés.

 Je reculai de quelques pas, le souffle coupé.

– Oui, Nêryah, poursuivit l’Ombre. J’ai besoin de ton pouvoir pour passer d’un monde à l’autre. Toi seule parviendras à mener mes armées sur la planète Terre, par les fluctuations quantiques… les failles entre les deux mondes.

 Je regardai la sombre créature, choquée. Elle se déplaça en flottant au-dessus du sol, tournant autour des deux planètes, puis se posta face à moi :

– Nos planètes ne dégagent pas les mêmes ondes. Aucun humain ne pourrait supporter les vibrations d’Orfianne, et les Orfiannais ne peuvent pas non plus vivre sur Terre. Pourtant, toi, tu l’as fait. Puisque tu as reçu les dons des Terriens en plus de tes capacités de Guéliade, Avorian, le Sage Orion et la reine des fées pensent que tu es en mesure de sauver les deux planètes… mais ils se trompent. Ils comptent bien trop sur toi. Leur cerveau est tellement embrumé par la lumière ! Quand bien même tu éradiquerais tous les monstres sur Orfianne, tu ne peux pas empêcher les humains de produire des émotions, puis de les refouler. Personne ne peut contrôler cela. D’autres créatures comme moi apparaîtront, tueront d’autres peuples, et ce sera une guerre sans fin ! Mais après tout, peut-être est-ce là le but d’Avorian : t’utiliser comme une arme de guerre, pour l’éternité ! Et qu’en pense notre cher Sage ? Depuis qu’il a perdu son âme-sœur, il n’a plus les idées claires ! Réunir les Pierres de Vie ? Quelle illusion ! À quoi bon… ce jeu n’a pas de fin.

– Comment pouvez-vous prendre une telle décision ? Les Terriens évoluent et ont le droit d’exister ! En détruisant la race humaine, n’allez-vous pas, au contraire, aggraver les choses sur Orfianne, puisque les deux mondes sont liés ?

– Non. Grâce à leur sacrifice, Orfianne et la planète Terre seront toutes deux sauvées. D’autres races prendront la place des Terriens. Ces êtres décadents n’ont rien compris aux Lois de l’Univers. Mon rôle est d’en effacer toute trace, pour préserver les autres règnes. Il existe tant d’espèces humanoïdes qui désirent depuis toujours conquérir cette chère petite planète Terre. Ils en seront enchantés !

 Le cœur battant, la respiration saccadée, je tentai de retrouver mon souffle pour formuler mes arguments :

– Vous venez d’affirmer que les Orfiannais ne peuvent pas survivre sur Terre. Même si je fais passer vos armées de Métharciens, combien de temps tiendront-ils là-bas ?

– Tu oublies que les Métharciens ne sont pas originaires d’Orfianne. Leur métabolisme est différent, c’est bien pour cette raison que je les ai choisis. Ils se sont si bien adaptés à notre planète. Je suis certain qu’ils seront tout aussi capable de séjourner sur Terre, et de la coloniser. Seule ta puissance pourra créer un portail inter-dimensionnel colossal, permettant à toutes mes armées de passer dans le monde des humains par ces lieux stratégiques. Moi et mes frères des ombres avec !

 L’Ombre désigna d’un pan de sa masse ténébreuse les points rouges sur le globe terrestre, comme pour appuyer ses propos. Je demeurai interdite, complètement déboussolée. Mes jambes flageolaient, je perdis l’équilibre et me cognai contre l’une des colonnes. Quel plan abominable, mais si ingénieux ! L’Ombre avait tout prévu. Dans les moindres détails. Et elle visait loin : les Métharciens étant télépathes, ils savaient parfaitement contrôler leurs pensées, et semblaient maîtres de leurs émotions, en toute circonstance. De véritables petits robots qui ne pollueraient pas les planètes, et ne créeraient jamais de monstres involontairement.

 Le ventre noué, je me dis qu’une telle créature, si machiavélique, pourrait bien être l’auteur du massacre de mon peuple. Je me redressai, m’appuyant sur le pilier :

– Est-ce vous qui avez orchestré l’assassinat des Guéliades ?

– Oh, non, Nêryah. Jamais je n’aurais détruit un peuple aussi sage… Au contraire, j’aurais tant aimé les sauver ! Leur pouvoir m’aurait été bien utile ! Sans leur présence, la tâche n’en est que plus ardue. Je ne peux pas me déplacer comme je le souhaite : la lumière du jour me fait souffrir… et mes Métharciens n’ont pas la puissance des Modracks, cette abomination créée par les humains ! Je n’ai rien pu faire pour empêcher ce désastre. J’en suis profondément navré.

 Curieusement, cette confession me soulagea.

– Pourtant, les Modracks sont vos frères, eux aussi… Vous êtes issus des mêmes créateurs, soulignai-je.

– Je suis bien plus ancien qu’eux. Les Modracks n’ont pas mon intelligence, ni développé d’identité propre ou une quelconque autonomie de pensée… Ils sont juste la manifestation pure et brute de l’affliction humaine.

– Dans ce cas, puisque vous avez acquis la capacité de raisonner par vous-même, je vous en prie, réfléchissez bien avant de commettre un acte irréparable. Ne devenez pas comme les Modracks !

– Ta bonté me touche profondément. Tu as un grand cœur, Nêryah. Mais ne vas pas t’imaginer que tes propos puissent changer ma décision. Ces êtres humains, que tu défends avec tant de ferveur, n’ont même pas conscience de leurs méfaits. Leur pouvoir se manifeste dans l’invisible. C’est comme si tu confiais une arme redoutable à des enfants. Ils ne sauraient pas quoi en faire, et l’utiliseraient de façon inconsidérée. Les Terriens se comportent ainsi, comme des enfants, jouant aux apprentis sorciers. Ils sont responsables de la destruction du plus grand peuple d’Orfianne. Et toi, tu veux sauver ceux qui sont coupables de la mort des tiens… de ta propre famille ? Si nous les laissons vivre, d’autres dynasties Orfiannaises vont mourir, et notre planète avec eux. Nous n’avons pas le choix. Leur extermination est notre salut.

– N’y-a-t-il pas d’autre solution ?

– Je vais te raconter une histoire. Tu comprendras mieux. Jadis, les Ênkelis et les Guéliades formaient deux peuples très proches, physiquement comme culturellement. La Terre et Orfianne étaient encore reliées. On pouvait passer d’un monde à l’autre puisque qu’elles vibraient à une fréquence similaire, telles des jumelles dans l’Univers. Les Orfiannais adoraient les Terriens. Ils les considéraient un peu comme leurs enfants, prenant soin d’eux, afin que leur évolution se fasse dans de bonnes conditions. Un jour, les Ênkelis ont voulu transformer la race humaine, en vue de la perfectionner. Les Guéliades n’étaient pas d’accord avec eux. C’est à ce moment-là que ces deux peuples se sont séparés. Les Ênkelis étaient déterminés à mener à bien leur projet, malgré le refus de leurs précieux alliés. J’imagine que sur Terre, tu as déjà entendu parler… du chaînon manquant ?

– Attendez… vous voulez dire que…

– Oui, Nêryah. Les Ênkelis ont modifié génétiquement l’anatomie des Terriens, formant la race que tu connais aujourd’hui. Le temps à fait le reste. Mais cela s’est passé il y a si longtemps qu’à part moi, plus personne ne s’en souvient. Malheureusement, les êtres humains ont pris leurs distances avec les Orfiannais. Leur pouvoir de la pensée les a rendus malades, coupés de leurs racines et de leurs frères d’Orfianne. Ils ont dégénéré. Cette fusion est un échec, il faut y remédier. Les Orfiannais ont tous les droits sur l’humanité : elle est le fruit de leur création.

– Non. Ils ne l’ont pas créée. Juste… modifiée.

– Je dirais améliorée. Mais tout cela n’est qu’une question de point de vue, ma chère Nêryah.

– Nêryah, même s’il est plus démonstratif, notre pouvoir n’est rien comparé à celui des êtres humains. Imagine, ils sont capables de matérialiser leurs pensées ! Et ils n’en ont même pas conscience ! C’est extrêmement dangereux. Tu peux aisément constater les répercussions de cette puissance sur leur planète, et la nôtre ! S’ils le désiraient, ils pourraient obtenir n’importe quoi. La seule chose qui les en empêche, c’est eux-mêmes, car ils ne croient pas en leur magie. Ils ont perdu la foi en leur identité profonde. S’ils exploitaient correctement leur maîtrise du Verbe, de leurs émotions, et de leurs pensées, ils pourraient manifester un monde merveilleux. Malheureusement, certains abusent déjà de ces capacités à des fins néfastes. Le seul moyen de protéger Orfianne est de les anéantir. Et toi, Nêryah, tu seras l’instrument de leur destruction.

– Quoi ? m’écriai-je, les yeux écarquillés.

Je reculai de quelques pas, le souffle coupé.

– Oui, Nêryah, poursuivit l’Ombre. J’ai besoin de ton pouvoir pour passer d’un monde à l’autre. Toi seule parviendras à mener mes armées sur la planète Terre, par les fluctuations quantiques… les failles entre les deux mondes.

Je regardai la sombre créature, choquée. Elle se déplaça en flottant au-dessus du sol, tournant autour des deux planètes, puis se posta face à moi :

– Nos planètes ne dégagent pas les mêmes ondes. Aucun humain ne pourrait supporter les vibrations d’Orfianne, et les Orfiannais ne peuvent pas non plus vivre sur Terre. Pourtant, toi, tu l’as fait. Puisque tu as reçu les dons des Terriens en plus de tes capacités de Guéliade, Avorian, le Sage Orion et la reine des fées pensent que tu es en mesure de sauver les deux planètes… mais ils se trompent. Ils comptent bien trop sur toi. Leur cerveau est tellement embrumé par la lumière ! Quand bien même tu éradiquerais tous les monstres sur Orfianne, tu ne peux pas empêcher les humains de produire des émotions, puis de les refouler. Personne ne peut contrôler cela. D’autres créatures comme moi apparaîtront, tueront d’autres peuples, et ce sera une guerre sans fin ! Mais après tout, peut-être est-ce là le but d’Avorian : t’utiliser comme une arme de guerre, pour l’éternité ! Et qu’en pense notre cher Grand Sage, Orion ? Depuis qu’il a perdu son âme-sœur, il n’a plus les idées claires ! Réunir les Pierres de Vie ? Quelle illusion ! À quoi bon… ce jeu n’a pas de fin.

– Comment pouvez-vous prendre une telle décision ? Les Terriens évoluent et ont le droit d’exister ! En détruisant la race humaine, n’allez-vous pas, au contraire, aggraver les choses sur Orfianne, puisque les deux mondes sont liés ?

– Non. Grâce à leur sacrifice, Orfianne et la planète Terre seront toutes deux sauvées. D’autres races prendront la place des Terriens. Ces êtres décadents n’ont rien compris aux Lois de l’Univers. Mon rôle est d’en effacer toute trace, pour préserver les autres règnes. Il existe tant d’espèces humanoïdes qui désirent depuis toujours conquérir cette chère petite planète Terre. Ils en seront enchantés !

 Le cœur battant, la respiration saccadée, je tentai de retrouver mon souffle pour formuler mes arguments :

– Vous venez d’affirmer que les Orfiannais ne peuvent pas survivre sur Terre. Même si je fais passer vos armées de Métharciens, combien de temps tiendront-ils là-bas ?

– Tu oublies que les Métharciens ne sont pas originaires d’Orfianne. Leur métabolisme est différent, c’est bien pour cette raison que je les ai choisis ! Ils se sont si bien adaptés à notre planète ! Je suis certain qu’ils seront tout aussi capable de séjourner sur Terre, et de la coloniser ! Seule ta puissance pourra créer un portail inter-dimensionnel colossal, permettant à toutes mes armées de passer dans le monde des humains par ces lieux stratégiques ! Moi et mes frères des ombres avec !

 L’Ombre désigna d’un pan de sa masse ténébreuse les points rouges sur le globe terrestre, comme pour appuyer ses propos. Je demeurai interdite, complètement déboussolée. Mes jambes flageolaient, je perdis l’équilibre et me cognai contre l’une des colonnes. Quel plan abominable, mais si ingénieux ! L’Ombre avait tout prévu. Dans les moindres détails. Et elle visait loin : les Métharciens étant télépathes, ils savaient parfaitement contrôler leurs pensées, et semblaient maîtres de leurs émotions, en toute circonstance. De véritables petits robots qui ne pollueraient pas les planètes, et ne créeraient jamais de monstres involontairement !

 Le ventre noué, je me dis qu’une telle créature, si machiavélique, pourrait bien être l’auteur du massacre de mon peuple. Je me redressai, m’appuyant sur le pilier :

– Est-ce vous qui avez orchestré l’assassinat des Guéliades ?

– Oh, non, Nêryah. Jamais je n’aurais détruit un peuple aussi sage… Au contraire, j’aurais tant aimé les sauver ! Leur pouvoir m’aurait été bien utile ! Sans leur présence, la tâche n’en est que plus ardue. Je ne peux pas me déplacer comme je le souhaite : la lumière du jour me fait souffrir… et mes Métharciens n’ont pas la puissance des Modracks, cette abomination créée par les humains ! Je n’ai rien pu faire pour empêcher ce désastre. J’en suis profondément navré.

 Curieusement, cette confession me soulagea.

– Pourtant, les Modracks sont vos frères, eux aussi… Vous êtes issus des mêmes créateurs, soulignai-je.

– Je suis bien plus ancien qu’eux. Les Modracks n’ont pas mon intelligence, ni développé d’identité propre ou une quelconque autonomie de pensée… Ils sont juste la manifestation pure et brute de l’affliction humaine.

Le temps semblait en effet avoir conféré à l’Ombre une personnalité.

– Dans ce cas, puisque vous avez acquis la capacité de raisonner par vous-même, je vous en prie, réfléchissez bien avant de commettre un acte irréparable. Ne devenez pas comme les Modracks !

– Ta bonté me touche profondément. Tu as un grand cœur, Nêryah. Je vais méditer sur tes propos, mais ne t’imagine pas que cela puisse changer ma décision. Ces êtres humains, que tu défends avec tant de ferveur, n’ont même pas conscience de leurs méfaits. Leur pouvoir se manifeste dans l’invisible. C’est comme si tu confiais une arme redoutable à des enfants. Ils ne sauraient pas quoi en faire, et l’utiliseraient de façon inconsidérée. Les Terriens se comportent ainsi, comme des enfants, jouant aux apprentis sorciers. Ils sont responsables de la destruction du plus grand peuple d’Orfianne. Et toi, tu veux sauver ceux qui sont coupables de la mort des tiens… de ta propre famille ? Si nous les laissons vivre, d’autres dynasties Orfiannaises vont mourir, et notre planète avec eux. Nous n’avons pas le choix. Leur extermination est notre salut.

– Mais…

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