Chapitre 63 : La Forêt des Myrias

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 Le lendemain, Arianna repartit seule de son côté, à la recherche de ses semblables. Elle devait ensuite rejoindre les peuples menacés par les Métharciens, leur menant une guerre acharnée. Nous aurions tellement voulu l’aider, à notre tour. La reine des fées portait bien son titre : elle passait son existence à protéger les habitants d’Orfianne.

 Nous marchions derrière notre nouveau guide à quatre pattes. Il allait, sûr de lui, à travers ce nouveau paysage verdoyant, et jouait le rôle de notre ange gardien. À la vue de cette nature naissante, abondante, nos cœurs se remplirent de joie et d’espoir.

 Orialis regardait partout autour d’elle avec émerveillement. Ses antennes avaient retrouvé leur belle parure dorée. Le mauvais temps posait problème aux Noyrociens, jusqu’à mettre en péril leur santé. Un temps nuageux engendrait chez eux des défaillances physiques. Orialis m’impressionnait par sa vaillance et sa résistance face à ces contraintes. Elle nous donnait une belle leçon de bravoure. Revigorée par les rayons du soleil, son teint reprenait peu à peu son joli coloris vert-pomme, dont l’éclat donnait presque envie de croquer dans ses joues à pleines dents. Ses cheveux jades lui arrivaient maintenant aux épaules. Les miens aussi avaient poussé. J’étais désormais obligée de les attacher en tresse ou en queue de cheval pour ne pas être gênée par leur longueur.

 Voyant que je l’observais, elle m’adressa un petit sourire :

– Sommes-nous encore loin du Royaume de Cristal ? m’enquis-je.

– Plus tellement. N’oublie pas qu’il nous reste une forêt à traverser, une Gardienne à trouver, puis de hautes montagnes à escalader, me rappela Avorian.

 Nous avions fait la promesse à Imaya d’accompagner la Gardienne des Moroshiwas jusqu’à notre destination.

 Au loin s’étendait une vaste forêt, dont la cime des arbres semblait atteindre les cieux. Impossible de distinguer quoique ce soit au-delà.

– Vous voyez ! On n’a pas eu de problème avec les Modracks, finalement ! clamai-je, le sourire aux lèvres.

– Oui, nous avons réussi à traverser ces terres indemnes ! renchérit Orialis, la mine réjouie.

– Elles ne sont plus maudites. La vie va enfin pouvoir reprendre son cours, après une quinzaine de cycles…, ajouta Avorian.

– Et puis, maintenant, nous avons un Limosien dans notre équipe ! fis-je valoir.

 Swèèn secoua son échine en émettant une sorte de miaulement absolument adorable. Nous éclatâmes d’un rire libérateur.

 En parfait éclaireur, ce dernier nous trouva enfin un point d’eau ; un petit bassin entouré d’arbres. Le sol s’y tapissait de végétaux de toutes espèces. Nous fîmes halte avant d’entrer dans la forêt, afin qu’Orialis puisse refaire une bonne réserve d’astinas. Nous en profitâmes pour remplir toutes les gourdes, grignoter un peu, nous laver, et nettoyer nos vêtements maculés de terre sèche. Je me sentis beaucoup mieux après ce brin de toilette.

Se laver tous les jours dans les ruisseaux, ou parfois même les flaques d’eau est une chose amusante au début, mais on s’en lasse vite, constatai-je intérieurement. La baignade matinale dans une eau glaciale est certes vivifiante, mais vraiment pénible.

 Nous devions nous contenter de peu.

– Swèèn, tu es notre sauveur ! m’exclamai-je après m’être lavée les dents, les yeux étincelants de joie.

– Il ne faut jamais douter d’un Limosien, commenta Avorian, esquissant un sourire amical en l’observant du coin de l’oeil. Swèèn est un excellent guide, le meilleur qu’il soit.

– Et un très bon sourcier ! On n’en doute pas, le taquinai-je. Où se situe le Royaume de Cristal, exactement ?

– Dans un endroit inaccessible… encerclé par les montagnes.

– Pourquoi le cacher ? Pour les ennemis ? raisonnai-je.

– Exactement. Pour le protéger des forces de l’ombre. C’est un endroit très pur, domaine de l’équilibre parfait ; nul ne peut y pénétrer sans l’approbation de ses Gardiens, poursuivit Avorian.

 Le soir tombait. Nous approchions de la fameuse forêt des Myrias, là où résidaient les Moroshiwas. L’air se faisait frais et humide. Nous parcourûmes quelques kilomètres entre les arbres immenses, semblables à des séquoias, puis décidâmes d’installer notre campement pour la nuit. L’ensemble du territoire appartenait aux Moroshiwas, nous étions donc en sécurité.

 Nous construisîmes rapidement un abri de bois. Les branches ne manquaient pas par ici. Orialis et Swèèn s’éloignèrent un moment pour aller nous chercher des fruits, baies et noix comestibles. Je ne connaissais pas encore assez bien la faune et la flore d’Orfianne pour pouvoir m’acquitter de cette tâche. J’entrepris donc de nettoyer le sol de notre cabane improvisée comme je pus, retirant le maximum de feuilles mortes, puis y installai les couvertures, tandis qu’Avorian préparait un vrai feu – sans aide de la magie cette fois. Il frottait savamment deux petits branchages très durs l’un contre l’autre pour faire apparaître des étincelles. Il avait disposé de multiples brindilles sèches sous le bois, afin qu’elles prennent rapidement.

 Les premières étoiles apparurent avec le retour de nos deux cueilleurs. La Noyrocienne tenait dans ses bras une bonne quantité de baies et de plantes vertes.

 « Impossible de trouver des fruits, les premières branches des arbres sont d’une telle hauteur ! » s’expliqua-t-elle. « Swèèn aurait pu s’envoler pour les cueillir ! fis-je remarquer. Il t’accompagnait pour cette raison ! ».

 « Monsieur était trop occupé à me faire du charme », me répondit Orialis, dirigeant son regard vers ce dernier et fronçant les sourcils, les mains sur les hanches. Swèèn se défendit par un large sourire, l’air de dire : « oui, mais je suis un Limosien trop mignon, non ? »

 Sa présence apportait de la gaieté. Face aux enjeux de notre quête, il était bon de dédramatiser.

 Du feu, une cabane, de la nourriture : nous passâmes la nuit dans un campement de luxe !

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