Chapitre 13 - Une extrafleedienne

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Je ne pouvais croire ce que je voyais. Vénusia, MA Vénusia, avait affronté le périlleux voyage seule sans que je ne m'en aperçoive et se tenait là, devant moi à des milliers d'année-lumière de la Terre. Je passais par différentes émotions que je ne pouvais décrire. Entre le sentiment de bonheur, de peur, de colère, de soulagement, de jalousie, de panique, mon esprit était flou.

En atterrissant sur le sol, Vénusia perdit l'équilibre. Je la rattrapai de justesse avant qu'elle ne s'effondre et la tint du bout de mes bras tendus.

— Que... que fais-tu ici ? demandai-je bêtement.

Elle pencha la tête pour me regarder. Ses yeux marron aussi captivants qu'à notre première rencontre sondaient mon visage, peut-être à la recherche des pensées qui assombrissaient mes pupilles. Mon sang bouillonnait. J'avais envie de la balancer par-dessus mon épaule et de l'emmener loin d'ici, loin du danger.

Avant que mon inconscient ne réagisse, un tissu bloqua ma vue. Lukas s'était débarrassé de sa cape et me la présentait pour en recouvrir ma femme. Ce fut alors que je baissai les yeux vers ses vêtements. Elle portait sa combinaison de pilote qui donnait avantage à ses formes généreuses. Un pic de jalousie me fit rougir. Je ne voulais pas que le premier regard de mon peuple soit cette silhouette. Je tournai brièvement la tête vers Lukas pour le remercier d'un hochement puis je la recouvris, attachant soigneusement l’agrafe pour cacher sa poitrine. 

— Nous en parlerons plus tard, lui chuchotai-je avant de faire face à mes interlocuteurs.

J'esquissai un sourire et mis un bras autour de ses épaules.

— Me voici avec une invitée inattendue et ô combien précieuse. Je vous présente Vénusia Riguel Procyon Fleed, ma femme depuis quinze jours et désormais votre reine.

Leur surprise fut sans pareil. Chacun réagit en fonction de son rôle et de ses affinités avec moi. Lukas et Ilian la saluèrent chaleureusement montrant ainsi leur reconnaissance suite aux quelques visioconférences auxquelles elle avait participé avec eux ; Marcus, plus solennel, fit un salut protocolaire plutôt rigide ; le comte Batista, abasourdi par cette annonce, ne réagit pas, il avait la bouche ouverte, les yeux exorbités, figé comme une statue de marbre quoique, le seul signe de vie fut le tremblement de ses mains.

— Suite à cette apparition non prévue dans mon arrivée, je vous propose qu'on se retrouve dans deux heures en salle de conférence, le temps pour nous de nous reposer. Même au vu de la situation, nous ne sommes plus à ça près dans notre planning. Je compte sur vous pour garder le silence sur notre présence, leur suggérai-je en poussant Vénusia, ma main au creux de son dos. Elle gardait les yeux baissés en passant devant les quatre hommes. Lukas s'avança devant nous pour ouvrir les portes et vérifier la sécurité du couloir. Je n'oubliai pas que mon arrivée avait été discrète et comme je ne savais pas encore comment je devais réagir vis à vis de Vénusia et de sa présentation au peuple, je préférai que son arrivée reste, elle aussi, incognito.

***

A peine avais-je refermé la porte de mon appartement que j'encadrai le visage de ma bien-aimée pour lui voler un long et savoureux baiser. Nos deux corps se lovèrent à la recherche du contact de ces six jours de séparation. A regret, je m'écartai d'elle d'un ou deux mètres, une distance que je jugeai préférable contre la tentation.

— Que fais-tu là ? Te rends-tu compte de la situation dans laquelle je... nous sommes ? Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de ce projet insensé ? La situation est plus grave que je ne pensais. Avec Artus enlevé, j'aurais préféré te savoir auprès des nôtres sur Terre et en sécurité...

Les paroles s'échappaient de ma bouche sans que je n'arrivais à les retenir. Je me rendis compte que ma voix avait, elle aussi, pris de la distance. Je perdais mon sang froid comme à chaque fois qu'elle me mettait dans une situation précaire tant émotionnellement que politiquement. La colère avait repris le dessus. Nous allions à nouveau en guerre, elle se devait de rester à l'écart pour la quiétude de mon esprit. J'ouvris la bouche pour lui faire tous ses reproches quand elle se pencha en avant, la tête baissée, les mains croisées devant elle.

— Pardonne-moi, Actarus... Je sais que j'ai agi avec trop d'impulsivité mais je ne pouvais pas rester là-bas, à me torturer pour savoir si tout allait bien pour toi. Nous nous étions promis de ne plus nous éloigner, de tout nous dire. Je ne voulais pas d'une deuxième séparation.

Elle se redressa et s'avança vers moi. Je tendis la main pour la stopper tout en fermant les yeux et inspirant doucement pour calmer les battements de mon coeur.

— Attends... Comment as-tu fait ? Non... Alcor et Phénicia sont-ils au courant ? Et Hoshi ?

— Je pense que maintenant, tout le monde sait que je suis partie avec toi. J'ai laissé une lettre pour Phénicia. Dame Antonella s'occupe de Hoshi. Je pouvais la lui laisser en confiance. Elle a été comme une mère pour Artus. Et puis, elle n'est pas seule. Elle est entourée de mon père, du tien, de ta soeur...

Je hochai la tête et portai une main à mon front. La fatigue accumulée de ce voyage se faisait ressentir. Une main se posa sur mon bras.

— Je sais que j'ai agi impulsivement. Ce n'est pourtant pas mon habitude. 

Un rire nerveux s'échappa de sa bouche suivi d'un hoquet. 

— Je... Je ne...

Je sentis ses doigts se crisper. Je soupirai et l'enlaçai.

— Je suis heureux que tu sois là. Excuse-moi de ma réaction.

Nous gardâmes le silence un instant jusqu'à ce qu'un grognement nous rappelle que nos repas avaient été plus que frugaux ces derniers jours. Au même instant, un coup retentit sur la porte.

— Entrez.

Lukas apparut avec un plateau chargé de victuailles.

— Tu arrives au bon moment. Merci.

— Je me suis dit que vous en auriez besoin.

Il déposa son fardeau sur la grande table avant de se tourner vers Vénusia à qui il refit une révérence.

— C'est un plaisir de vous rencontrer enfin. Son Altesse ne nous a pas menti en vantant vos charmes. Je vais vous apporter la garde-robe qui a été prévue pour vous. Vous serez plus à l'aise pour rencontrer la suite de sa Majesté.

Vénusia rougit à ses compliments. Je souris en la voyant gênée, elle qui avait si peu l'occasion d'entendre des louanges.

— Merci. Votre japonais est impeccable. Mais je... je n'ai pas l'habitude de toutes ces tournures de phrases. Est-ce possible de garder un ton moins formel ?

Lukas attendit mon accord que je lui donnai d'un signe.

— J'en serai enchanté.

— Pourquoi parlez-vous de garde-robe ?

— Duke a fait appel aux meilleurs couturiers de la Capitale pour vous confectionner des tenues dignes de votre rang. 

— Ah mais euh...

— Nous sommes partis précipitamment, de ce fait, ta présentation au peuple ne va pas se faire selon le protocole cependant, j'avais déjà prévu robes et accessoires pour toi. 

Elle se jeta à mon cou et cacha son visage.

— Oh Actarus... Je suis heureuse.

Je lui frottai le dos.

— Allons manger et nous reposer. De longues heures nous attendent.

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