CHAPITRE 14

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CHAPITRE 14


Le visage du Prince se décomposa et des plaques apparurent à la base de son cou. Il commença à se gratter puis se leva d’un bond

— Mais enfin, ce n’est pas possible ! s’écria-t-il. On ne peut tout de même pas regarder cette jeune-fille mourir sans tenter de la sauver ! Je refuse qu’elle s’éteigne ! Elle qui a travaillé dur, qui a donné de son temps et de son énergie pour soigner les autres sans distinction avec amour et abnégation, qui a mis ses talents au service des plus petits comme des plus grands, ne peut décemment pas mourir à petit feu sans qu'on lui vienne en aide !

— N’y a-t-il pas d’autres médecins à appeler ? interrogea mère Gontrande en tremblant.

— Non, se lamenta le Prince. Tous les autres sont à des jours de cheval d’ici. Même en les convoquant d'urgence, ils arriveraient sûrement trop tard. Et puis je les connais. Pour la plupart, ce sont des incompétents aux traitements nombreux mais sans effet.

Du fond de la pièce, une petite voix se fit entendre.

— Moi... j’ai peut-être une solution.

— Anophèle ? s’étonna la cuisinière. Tu sais quelque-chose ?

— Je crois…

— Qu’est-ce donc ? demanda le Prince en le saisissant par les bras.

— Elle m’a confiée une recette…

— Qui ? Blanche-Prudence ?

— Oui... Une recette pour ceux qui seraient en état de mort apparente...

— De mort apparente ? répéta le Prince en se tournant vers la malade. Quoi que, si fait, sans savoir qu'elle respire encore on pourrait bien croire qu'elle est morte...

— Et quand t’aurait-elle dit cela ? questionna mère Gontrande, vexée de n’avoir pas été informée.

— Hier matin, quand elle est sortie avec moi pour jeter ses épluchures dans le vidoir.

— Mais pourquoi aurait-elle révélé une telle chose à toi plutôt qu’à moi ?

— Parce qu'elle m'a demandé où étaient mes parents, et je lui ai raconté que ma pauvre mère était tombée un matin dans la maison et ne s’était plus jamais réveillée. Je lui ai dit que je n’avais que neuf ans à l’époque et que je vivais tout seul avec elle, mon père nous ayant abandonnés depuis longtemps. Je lui ai dit que nous n’avions pas les moyens de faire venir un médecin et que l’apothicaire du village n’avait aucun traitement pour ce qu'il appelait une syncope. Quand j'ai dit à Blanche-Prudence que je craignais que cela n'arrive encore, que j'avais peur que cette maladie n’atteigne les gens que j’aime, des gens comme vous mère Gontrande qui malgré votre grosse voix et votre air un peu... sévère, ont un cœur immense et de l'amour à revendre, cette demoiselle a eu compassion et a souhaité m’aider. Elle m’a alors donné le secret pour en guérir, ainsi que la composition de deux autres breuvages pour calmer mes angoisses et mes palpitations.

— Eh bien, quelle aubaine cher Anophèle ! s’exclama le Prince en secouant le jeune homme comme un prunier. Hâte-toi de préparer ce traitement !

— D’accord, j’espère juste ne pas faire d’erreurs et me souvenir de tout ce qu’elle m’a dit. Je ne suis pas un garçon très futé d'ordinaire... et ma mémoire est parfois... trouée.

— Tu es parfaitement capable Anophèle ! affirma mère Gontrande. Il te suffit de bien te concentrer, alors sois confiant mon garçon et ça ira !

— Bien... acquiesça-t-il.

— Bien ! l'encouragea la cuisinière.

— Bien ! répéta le Prince.

— Allons, ne traînons pas Anophèle, aux cuisines ! l'engagea mère Gontrande en posant deux mains franches sur ses hanches généreuses.

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