A la croisée des émotions

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Assise de l'autre côté de la salle, elle avait su attirer mon attention. Pourtant, elle n'avait rien fait pour attirer les regards. Elle s'était même presque cachée derrière une étagère de bouquins que personne ne lit, histoire de ne croiser personne et de s'isoler. Je la voyais assise dans ce coin de bibliothèque depuis maintenant quelques semaines.

Non, je ne l'ai jamais abordée. D'ailleurs, elle ne voulait certainement pas être abordée. Elle s'était fermée au monde, repliée sur un cahier de dessins et une paire d'écouteurs. Parfois, je l'observais des heures feignant de bosser mes cours. Quand elle n'était pas sur son calepin à spirales, elle était cachée derrière l'écran de son ordinateur portable. Mais quoiqu'elle fasse, elle avait ce regard triste, limite vide. Il avait l'air si lointain comme si toute une vie se passait à l'intérieur. Une vie pas si joyeuse. Parfois, on pouvait percevoir des regards larmoyants. Sans doute dûs à la musique qu'elle écoutait durant des heures. Une mélodie qui avait fini par se frayer le chemin des émotions pour la faire lâcher prise. Mais jamais, je ne l'ai vu verser une larme.

Je ne la connaissais pas. Personne ne venait la voir. Tant elle s'était isolée. Dans ma tête, je cherchais des excuses pour me rapprocher de cet être si mystérieux, mais si attirant. Sa personne m'attirait. Pourtant, elle n'avait rien, ni dans sa manière d'être, ni de s'habiller ou dans son apparence, qui pouvait te retenir, et te surprendre à la regarder des heures. Elle n'était même pas coquette. Elle mettait souvent des vêtements amples, certainement pour camoufler des formes et des complexes. Elle avait toujours les cheveux attachés en chignon. Ah non, un jour, elle avait laissé ses cheveux détachés. Ils étaient longs et presque bouclés. Elle les avait ramenés sur l'épaule. Ce jour-là, Quelque chose la sublimait. Elle s'était même surprise à attirer d'autres regards, quelques compliments aussi.

Et pourtant, elle ne m'était pas si étrangère. J'ai souvent eu l'impression de l'avoir croisée quelque part. Je ne m'en souvenais pas vraiment. Puis un jour, je l'ai croisée à l'extérieur de la bibliothèque. Elle débordait de passion, de peps, de sourires. Même son regard avait changé. Il brillait. Elle était tellement sociable. Elle était à l'aise dans ce monde là. Elle parlait à tout le monde, elle souriait, riait même parfois. Elle maîtrisait tout. En la regardant, on n'aurait jamais pu imaginer que cette fille pleine de dynamisme, et de folie était également la fille au regard larmoyant qui s'était isolée derrière des bouquins.

Peut-être qu'elle s'était créé une bulle, un monde pour ne pas craquer devant les autres. Mais ces autres la sublimaient. Elle rayonnait quand elle était entourée. Quelque chose de plus grand, de plus fort m'attirait quand elle souriait. Elle possédait tellement de mystère, et de lumière autour d'elle. Avec ses amis, elle avait le regard tendre et rieur. Le genre de regards qui dessine sa loyauté pour les gens qu'elle aime. Elle avait l'air de s'entendre avec tout le monde, elle avait même su capter la sympathie, voire l'amitié des enseignants.

J'ignorais qui elle était, ou ce qu'elle avait bien pu vivre. Puis un jour, elle a juste cessé de venir à nos rendez-vous clandestins. J'ai continué de la croiser dans les couloirs de la fac. Quelque chose avait changé. Son sourire en coin, certainement. Un nouvel univers était en train de se dessiner pour elle.

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