En immersion.

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Les pieds au bord du précipice il guette une accalmie,

Qui jamais ne viendra, il le sait, depuis longtemps c'est ainsi,

Effrayé comme un chacun il voudrait des trompes l’œil pour sa cage,

Peut-être a-t-il oublié que sans peur il ne peut y avoir de courage.

Il avale de grandes bouffées d'oxygène, prépare son immersion,

Enfile son scaphandre, le scelle et se jette à l’horizon,

Dés lors, cet Homme se pense protégé au cœur de la tempête,

Car maintenant, c'est promis, il gardera son casque sur la tête.

Ici plastiques et capotes flottent, c'est là sa nouvelle canopée,

Sa visière en judas c'type ne peut voir plus loin que son canapé,

C'est que dans cet aquarium le chant des sirènes fait diversion,

Il n'a plus de repère mais des voix dans sa tête, c'est une digression,

Autour les poiscailles se pavanent sous la lumière de leurs écrans,

Et peu importe la couleur de l'eau ils semblent à l'aise c'en est bluffant,

Lui... Lui divague et s'enfume ne sachant que faire de ses poumons

Ainsi, commence l'Histoire, bienvenue à l'air de l'Homme-poisson.


Dans les salons satinés, de sinistres costumes s'alignent,

Ils dominent les épaules droites, le front large et le nez digne,

Ils sont les grands qui sanctionnent les petites gens qui s'indignent,

Tandis que les sans-dents s’échinent à remplir leurs gamelles vides.

Eux ne sont que des chiendents errant dans les pigments couleur bitume,

C'est sur le trottoir de leurs pensées qu'ils aiguisent leurs plumes.

Pour eux, nul n'est dupe, la question n'est pas nouvelle,

Si le tissu social vient à manquer, qui tire les ficelles ?

Alors certes, Gaya s'casse la gueule et les gueules cassées s'entassent,

Dans les allées crasseuses elles s'éteignent sans panache.

Gage que ces gars ne sont qu'une image salie qu'on voudrait sage,

La fée bleue ne réalise aucun rêve, guillerette, elle les cravache.

On met nos colères à la marge et personne n'en tire de leçon

Ils placent des épouvantails dans chaque quartier pour effrayer les pigeons

Regarde-les défiler entre potes, chacun sa télescope à la poche

Ne note aucune magie, l'Europe travaille de la matraque à notre époque.

Et se gausse d'assurer l'ordre en tirant des balles de plastiques sur des gosses.

Les gamins galopent cagoulés, l'art d'esquiver les grenades et les amorces.

Pauvre France, triste est l'Europe qui se croit tenue par les allocs,

Est-ce à la mémoire de nos pairs que l'on baisse nos frocs ?

On troc nos vies pour un peu de monnaie, quelques clopes et des médocs.

Et les cartes d'identité se font l’écho du bruit des bottes.

Les gens parient sur des palabres, mesurés sont les radeaux.

Et les vagues en charrient les cadavres, médusés sont les badauds,

Même nos écus ne nous permettent plus de sortir la tête de l'eau,

Dans les profondeurs pécuniaires se serraient perdus leurs cris et nos ego.

Les grands Hommes tournent en rond, l'oxygène se fait rare et se tarie,

Ils voulaient être sâges mais attendent toujours leurs bronchis.

Nos héros, quant à eux, contemple gentiment l'oligarchie,

Leurs rêves d'enfant, à eux, ça fait longtemps qu'on les a pris,

Mais c'est à contre courant que les écrans peuvent apparaître pour ce qu'ils sont,

Ce regard que tu crois partager n'est que ton reflet, sans leçon,

Cent histoires similaires, et c'est pour l'humanité une lourde peine,

Car, j'en suis convaincu, ces Hommes aiment plus les smartphones qu'eux-même,

Ils portent une responsabilité qui n'est pas la mienne,

Eux ont voté pour et contre avant que je ne m'abstienne.

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