XIX. La chambre

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Emmitouflée dans ma couette, un ordinateur portable près de moi.

Le son diffuse Unabomber, première saison, épisode trois.

Je mets sur pause et regarde autour de moi.

Ma chambre, la nuit, est éclairée par une lumière LED.

Je l’ai mise en mode arc-en-ciel.

Du rouge, du bleu, du jaune, du vert, du violet.

Je l’accorde toujours selon mon humeur.

Il y a des murs chargés de peintures que j’ai faites durant mes années lycée.

Un vague souvenir du jury, le jour du baccalauréat, les yeux écarquillés,

Me disant de tenter l’École des beaux-arts,

Une pointe de déception dans leurs prunelles,

En déclinant leur offre.

Il y a aussi des affiches de mes films préférés.

Fight Club, Léon, Néon démon, le Voyage de Totoro,

Des films à l’humour typiquement anglais sur un autre mur,

The World’s end, Shaun of the dead, Good morning England.

Une commode d’habits avec le dernier tiroir cassé,

Cela doit bien faire un an que je me dis que le week-end prochain je le réparerai.

J’ai aussi une penderie, qu’on n’ouvre que d’un seul côté, car elle aussi est cassée.

Dedans, une armée de chaussures, des cintres portant six vêtements à la fois.

Du côté de mon lit, ma bibliothèque est inondée de livres rangés en grosses piles.

Sur le sommier de mon lit, encore des livres.

J’ai aussi une cheminée.

Dessus une énorme bonbonnière de vernis et une autre trousse remplie de vernis, parce que la bonbonnière ne peut plus en contenir.

Six ou huit parfums, des bougies, des shampoings,

des gommages, des masques, des paillettes.

Collée à elle, un radiateur dont les poignées sont surchargées de sac à main.

Deux chaises, l’une pour mon bureau remplie d’une trentaine de stabilos et d’autres bouquins.

L’autre pour mes autres sacs à main.

Des reproductions de sculptures en miniature ici et là, l’enlèvement des sabines de Giambologna et un Pégase.

Des cadeaux de ma famille dispersés un peu partout dans la pièce aussi :

Des ours en peluche, des mallettes de poker, un masque vénitien, des jeux de société.

Rajoutons les cadeaux que je me suis fait : trois paquets de cartes de tarot et un paquet de cartes illustrées avec le street art de Bansky.

Aurais-je oublié de dire que j’ai un panneau en liège croulant sous des photographies, au-dessus de mon bureau ?

Deux trousses à maquillage, il doit y avoir au moins pour trois cents euros de cadeaux.

Je suis à moi seule la définition de l’excessivité et de la fièvre acheteuse.

Pourtant, je me refuse à jeter quoi que ce soit. J’ai toujours eu une âme de collectionneuse.

Ou plutôt… Chaque objet me rappelle un souvenir heureux, un instant fugace.

J’ai encore fait une commande, cinquante bougies, parce que j’aime absolument tous les parfums et que je suis de nature indécise.

Mes amis se sont d’ailleurs moqués de moi, me demandant si je comptais faire des invocations à la gloire de Satan.

Je regarde autour de moi, tout est inondé d’objet.

Finalement, ma chambre est en perpétuel débordement.

Tandis que mon cœur est vide de sentiments.

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