Flashback : Sean

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- Relevez un peu la tête s’il vous plaît, Sir.

- Oui Marie.

Marie me mit mon col de chemise correctement. Elle vérifia une dernière fois que ma tenue était parfaite, avant de passer à la coiffure. Mais sa pauvre brosse n’arrivait en rien à domptée mes cheveux !

- C’est fou ce que vos cheveux ressemblent à ceux de la Reine

- Je ne savais pas.

- Vous avez des cheveux couleur de feu, et comme la Reine, ils sont aussi touffus.

- Pourtant Mère est toujours bien coiffé.

- C’est parce que ses servantes ont beaucoup d’astuces, et puis Sa Majesté la Reine est une grande magicienne.

- Marie, vous pensez que moi aussi, un jour je pourrais contrôler ma magie ?

- J’en suis sûr, Sir, vous avez déjà un grand potentiel, et vos entraînements portent leurs fruits. D’ici quelques années, vous la contrôlerez aussi bien que la Reine. Après tout, vous aussi vous descendez du clan Moon.

- Le clan Moon… Mère n’a jamais voulu m’en parler, pourtant c’est là où elle a grandi.

- Il y a des choses que certaines personnes veulent oublier… Voilà, je crois que cela fera l’affaire, Mon Prince.

Je me vis dans le miroir, et constata le magnifique travail de Marie. Je portais une chemise blanche, avec un gilet, de soi je crois, rouge et brodé de cœurs en fils d’or. Mon pantalon, qui ressemblait plus à un short qui m’arrive aux genoux, était lui aussi rouge et brodé. Et Marie avait réussi à coiffer mes cheveux en arrière, me donnant un air plus âgé que je ne l’étais.

D’habitude, je n’aime pas porter des vêtements comme ceux-ci, préférant les simples et passe-partout, mais Père voulait que je sois dans une tenue « conforme » à mon rang pour ce jour-ci. Le jour de mes neufs ans.

Je sorti de ma chambre, me dirigeant vers la salle à manger. Je passai rapidement devant les galeries couvertes de portraits de mes aïeux, je les connaissais tous par cœur ces portraits, à force de passer. Les salons eux aussi n’eurent droit à mon intention. Les autres en auraient peut-être admiré quelques-uns, mais moi, je n’ai jamais été attiré par toutes ces richesses ! Je trouve que ça fait trop « m’as-tu vu ».

J’arrivais dans la salle, somptueuse d’après certains, où m’attendaient mes parents.

- Joyeux anniversaire mon petit « plummun », salua ma Mère.

- Bon anniversaire mon fils, ajouta mon Père.

- Merci Mère, merci Père.

Je m’assis à côté de mon Père, en face de ma Mère. Elle s’est faite belle, ses longs cheveux roux lissés, encadrant son visage fin. Elle porte un diadème frontal, une lune argentée en son milieu, symbole du clan Moon. Ses paupières ont été peinte en rouge, ravivant l’éclat bleu de ses yeux. Sa robe aux couleurs du royaume contraste avec la pâleur de sa peau. Quant à mon Père, il porte son habituel tenu, une chemise blanche accompagné d’un manteau rouge bordeaux, sur lequel est brodé des cœurs d’or.

- Alors mon petit « plummun », ça fait quoi d’avoir neuf ans ?

Plummun, le surnom qu’elle me donne depuis que je suis petit. Dans sa langue natale, cela signifie « cœur de feu ». Elle m’appelle comme ça à cause de la couleur rousse de mes cheveux, que je tiens d’elle. J’ai beaucoup de points communs physique avec ma Mère, comme ma petite taille, ou mes traits fins.

- Pas grand-chose, je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup grandi par rapport à hier.

- Tu sais, dans mon village, à neuf ans on est considéré comme grand !!! Et une cérémonie secrète à lieu, pour passer de l’enfance à l’adolescence.

- Ah bon ?! Et qu’est-ce qui se passe pendant cette cérémonie ?

- Secret !!! Mais chaque enfant qui en ressort a… ça !!!!

Elle sorti un bouton de sa manche, qu’elle me tendit. Je le pris délicatement. Il est rond, de la taille d’une pièce un peu près, et d’un blanc nacré. Quatre petits trous y sont percés, et si on regarde attentivement, on peut voir un cercle les reliant, des motifs gravés dessus.

- C’est un cercle magique, les magiciens s’en servent pour canaliser leur magie, la rendre plus puissante, ou s’en servir de cercle magique pour les grands sortilèges.

- Et qu’est-ce qui a marqué dessus ?

- Je ne peux pas le lire, c’est le tien. Ce qui a marqué, ce sont des symboles magiques.

- Et comment savez-vous que ce sont les miens ? Qui les a écrits ?

- Mais toi voyons ! Tu viens de le faire ! Dès le moment où tu as touché ce bouton, il s’est imprégné de ta magie, c’est ta propre magie qui a écrit ses runes.

- Donc chaque bouton est unique…

- Exactement mon petit « plummun » !

- Précision, toi seul peut les vois, ces symboles.

- C’est vrai ?

- Oui.

- Et… si le perds ? Sans faire exprès !

- Il est relié à toi, si tu le perds il reviendra à toi.

- Et le vôtre Mère, où est-il ?

- Ici, dit-elle tout en me montrant son bracelet. On pouvait y voir accroché un bouton semblable au mien, mais vierge. Il n’y a vraiment que le propriétaire qui peut lire ce qu’il y a marqué…

- Merci beaucoup Mère pour ce cadeau !

- De rien, mon petit « plummun ».

Je serrais le petit bouton dans ma main droite, mangeant avec l’autre. Le petit déjeuner se passa dans le calme, et vint rapidement l’heure de l’arrivé des précepteurs… malheureusement !

Les cours passèrent TRES lentement ! Mes précepteurs avaient doublé le contenu de leur cours, jugeant que, je cite : « vu votre âge, qui s’est vu augmenter, nous avons l’obligeance et le devoir de vous faire travailler et étudier autant que le ferai un prince de votre âge, Votre Altesse ».

En plus, ce soir, il y a la fête pour mon anniversaire qui est organisée, et je n’ai vraiment pas envi d’y aller. Il n’y aura que des riches, aristocrates, bourgeois, qui vont me faire des compliments, me féliciter, juste pour espérer avoir des avantages le jour où je serai couronné roi ! Des égoïstes composent notre cour !!! Et tous les enfants, dont aucun n’aura mon âge, me flatteront parce que leurs parents le leur auront demandé ! Je déteste les fêtes de riches !!! Et je déteste le fait que mon anniversaire soit considéré pour certains, un moyen de se remplir les poches ou de s’assurer un avenir meilleur alors qu’ils sont déjà plein aux as !!!

Pour rajouter à cela, je m’ennuie ferme ! Les gens dansent, boivent, mangent, viennent me parler pour des enfantillages ! Et à chaque fois que je m’approche de quelqu’un pour discuter « normalement », cette même discussion se ramène à l’argent, au pouvoir, à l’économie du royaume… J’étudie déjà suffisamment cela en cours toute la journée pour éviter que l’on me le rappelle à ma fête !!!

- Ou allez-vous, Votre Altesse ?

- Dehors, prendre l’air.

- Voulez-vous que je vous accompagne ?

- Non merci, mais c’est très aimable à vous. Sur ce, je prends congé.

Un petit sourire, et le tour est joué ! J’en profite pour m’éclipser de cette salle bondée, tout en me dirigeant vers le jardin.

L’air frais me fait du bien. Mon regard ballait l’étendue de verdure face à moi. J’ai toujours aimé être dehors, observer la nature, les animaux… me rappeler la sensation de l’herbe sous mes pieds, du vent sur mon visage ! Tout cela me fait sentir vivant !

Alors que le fait de rester cloitré dans le château me donne l’impression d’être un prisonnier dans une cage, certe, une cage dorée. Même si j’ai mes parents, ce qui peut être considéré comme une chance, je ne le vois que très rarement… tellement que parfois je me demande s’ils se rappellent que je suis là. Mes je chéris les rares moments passés en leur présence, ceux qui me font penser que je suis bien un humain comme les autres, et non un être supérieur comme certains ont tendances à croire !

Enfin, autant profiter d’un petit peu de solitude avant de retourner dans la fournaise qu’est devenue la salle de bal !

… C’est moi ou j’ai l’impression d’être épié ? Depuis quelques minutes je sens un regard sur moi, et pas un sympathique ! Je me retourne, mais je ne vois rien, juste l’herbe, les arbres qui composent le jardin.

- Bonjour mon Prince !

- Ah !

- Oh pardon ! Je vous ai fait peur ! Veuillez m’excuser !

- Ce n’est rien, vous m’avez juste surpris.

Il m’a fait peur celui-là ! Un homme qui sort de l’ombre comme ça, surtout en pleine nuit, y a de quoi effrayer quelqu’un ! Mais vaut mieux s’en méfier, avec la pénombre je n’arrive pas à distinguer son visage, et sa voix trop enjoué est suspecte…

- Je vais rentrer, je vous laisse monsieur.

Je commence à partir, quand je sens une main m’empoignait fermement l’épaule. Décidément, j’avais raison de me méfier de cet homme, malheureusement, la chance n’est pas avec moi !

- Pouvez-vous me lâcher s’il vous plait ?

- Je me vois dans l’obligeance de refuser. Vous savez, on ne libère pas sa proie si facilement.

Proie ? Il a dit proie ? Mais je ne suis pas un animal bon sang !!!

- Veuillez me lâcher sinon je me verrai dans l’obligeance d’appeler les gardes !

- Essayez de crier et c’est votre langue qui va voler ! chuchota-t-il à mon oreille, tout en glissant un couteau sous ma gorge.

Ce n’est vraiment pas mon jour de chance… Mourir le jour de son anniversaire, c’est vraiment minable !!! Bon, qu’est-ce que je peux faire ? Crier et prendre le risque de perdre sa langue ? En espérant qu’il ne la donne pas au chat !!! A moins que… et si je lui donnais un coup ? Au ventre ? De tête ? Ou alors je lui écrase le pied ? Quel est le taux de réussite de tout ça ??? Plutôt faible… Ou alors…

- Kaly !!!

- Mère ?!!!

Je sentis un courant d’air passé près de mon oreille, juste avant le cri de douleur de l’homme qui se trouvait derrière moi. Il tomba à terre et je pus voir une flèche argentée plantée dans son œil… pas beau à voir. Je n’eu même pas le temps de dire merci que Mère me prit dans ses bras. Elle avait une voix cassée, secouée à certains moments par des petits sanglots :

- Kaly ! Tu vas bien ? Il ne t’a rien fait ?

- Non, je n’ai rien.

- Tant mieux… si tu savais à quel point j’ai eu peur !

- Mais… comment avez-vous su ?

- Ce n’est pas le plus important. Viens !

Je la suivi à travers le jardin. Sa robe rouge trainait dans la boue mais elle n’avait pas l’air de s’en soucier. C’est cette marque de caractère que j’admire le plus chez Mère, le fait qu’elle oublie qu’elle est une reine et se mette en danger pour les autres. Sa maîtrise de la magie est haute aussi, ce qui la rend redoutable en combat… tandis que moi, je peux à peine crée un stylo, elle arrive à crée une flèche ! Mais un jour, moi aussi je saurai aussi bien contrôler ma magie !!!

On arrive dans une partie du jardin qui mène à la sortie… qu’est-ce que l’on fait là ? Un homme de grande taille à l’air de nous attendre, tenant un cheval par la bride.

- Matt ! Tu as pu venir sans encombre ?

- Oui, c’est lui ?

- Oui.

- Vous vous ressembler beaucoup.

- Je te le confie.

- Je peux savoir ce qui passe ?

Mère se retourna vers moi, et planta son regard dans le mien. Ses yeux bleus semblaient tristes, mais résolu. Comme si elle avait pris une solution difficile mais nécessaire.

- Ecoute, tu vas partir avec Matt.

- Pourquoi ?

- Rester ici est trop dangereux pour toi.

- C’est à cause de l’homme de tout à l’heure ?

- On peut dire ça… écoute moi bien. A partir de maintenant, tu es mort.

- Mort ?!

- Oui, on dira que la tentative d’assassinat à réussi, mais j’ai pu te venger. Tu partiras avec Matt, et tu lui obéiras. C’est ton maître, et il va t’apprendre tout ce que tu as besoin de savoir.

- Et vous ?

- Je suis reine, et je ne peux abandonner mon peuple. Ton père non plus. Mais aucun de nous deux ne voulons te voir mort à cause d’erreurs que l’on a fait. Tu dois vivre !

- Je ne peux vous aider ?

- Tu nous aideras, mais pas au château. Tu apprendras avec Matt, et ton aide nous viendras de l’extérieur.

Elle enleva sa dague qui pendait à son flanc, tout en disant :

- Prend cela, et si un jour il nous arrive malheur et que le royaume semble au bord du chaos, vient au château et réclame le trône ! Cette dague prouvera ton identité. Tu me le promets ?

- Oui Mère, je vous le promets.

- Au revoir mon petit « plummun ».

Je n’eu pas le temps de lui répondre que je me trouvais déjà sur le cheval, me menant vers une nouvelle vie.

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