Chapitre 10 : Convalescence

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 C'est également la douleur qui me réveilla. Elle pulsait dans ma tête et me déchirait le ventre. J'essayai d'ouvrir les yeux mais le droit me semblait collé. Seul le gauche accepta de laisser filtrer un peu de lumière. Tenter de bouger m'arracha un gémissement, mes épaules étaient en feu. Des mains fraîches se posèrent sur moi, une voix douce de femme m'invita à rester immobile. J'entendis la voix de Geralt :

– Merci d'être là pour elle, Triss, c'est une chance que tu te sois trouvée là.
– Ce n'est pas tout à fait un hasard. J'ai eu vent de tes mésaventures, j'étais venue voir si je pouvais t'aider mais elle m'a devancée.
– Et maintenant c'est elle que tu peux aider. Est-ce grave ?

 Je sentis une main palper mon abdomen et criai de douleur.

– Je crains qu'il y ait un organe lésé : peut-être une simple contusion ou quelque chose de plus grave.

 Je perçus une intense chaleur irradier de sa main, engourdissant la douleur. Elle reprit sa palpation.

– L'abdomen reste souple au toucher, il ne semble pas y avoir d'hémorragie.
– Hum… Et pour son visage ?
– L'arcade sourcilière est ouverte, l'oeil contusionné mais il ne semble pas y avoir plus de dommages. Il faudra surveiller le traumatisme crânien. Je ne te rappelles pas les signes ?
– Non ça ira. Tu sutures ou je le fais ?
– Je m'en occupe.

 Je sentis la fraîcheur d'un linge humide sur mon visage, puis la chaleur magique engourdir la douleur de mon oeil. La sensation de l'aiguille cousant mes chairs était déstabilisante. C'est une chose de le faire et une autre de le recevoir. Je bénissais intérieurement l'anesthésie procurée par la magie. Triss reprit :

– Je vais tenter un traitement magique pour son abdomen. Il faudra ensuite qu'elle avale cet élixir.

 J'entendis le bruit d'un flacon qu'on pose sur un meuble. Des picotements étranges et désagréables irradièrent dans mon corps, me donnant l'impression qu'on venait me mobiliser, me tripatouiller, de l'intérieur. Cela dura longtemps. La sensation cessa d'un coup. L'effet anesthésiant ne me permettait pas d'évaluer la douleur persistante.

 Les bras puissants de Geralt m'aidèrent a me redresser juste assez pour boire. J'eus une plainte de douleur à son contact au niveau de mes épaules. Le bol se pressa contre mes lèvres. Je me forçai à boire la mixture visqueuse immonde, encouragée par Geralt. Les haut-le-coeurs s'estompèrent rapidement, laissant place à une douce torpeur. Geralt me rallongea, m'arrachant une nouvelle plainte. Il me demanda inquiet :

– Tu as mal autre part ?
– É-pau-les, soufflai-je tant parler était au-dessus de mes forces.
– Triss, aide-moi à lui enlever cette tunique.

 Triss m'envoya deux nouvelles charges anesthésiantes. Geralt me redressa et elle se chargea d'ôter mon vêtement. Je reconnaissais ses mains douces et fraîches. Geralt jura en voyant ce que ma tunique cachait. Je sentis les mains de Triss, explorant chacune de mes épaules. Elle demanda à Geralt de l'aide : ce n'était "que subluxé" apparemment. Elle maintint mon corps de son poids tandis qu'il étira chacun de mes bras à leur tour dans un craquement soudain. Là encore la magie m'évita de grandes douleurs tout en me permettant de ressentir de manière bien trop consciente à mon goût.

 Ils portèrent ensuite leur attention sur mon sein gauche. Triss l'effleura du bout des doigts, me faisant tressaillir de douleurs.

– Il n'y est pas allé de main morte ce salaud ! T'a-t-il malmenée ailleurs ?
– En…. Bas… répondis-je en rougissant.

 Ils m'otèrent, avec un infini respect, ce qu'il me restait de vêtements. Geralt me proposa de sortir le temps de cet examen intime. Je refusai, ouvrant, paniquée, mon unique oeil valide et tendant la main pour le retenir. Sa main chaude me rassura. Il me murmura des paroles d'apaisement tandis que Triss examinait mes lèvres tuméfiées. Sa colère résonna dans la pièce.

– Comment il a pu te faire ça ce fils de porc ! À travers les vêtements en plus ! Il a de la chance d'être mort ! Je me serais fait une joie de lui infliger des souffrances de mon cru !

 Elle se radoucit pour m'expliquer qu'elle allait m'appliquer un baume apaisant, s'excusant de ne plus avoir l'énergie de me soulager par la magie. Son baume m'apporta une sensation de fraîcheur bienfaisante. Geralt et Triss me couvrirent de la couverture et je les sentis s'étendre sur le lit de part et d'autre de moi. Sécurisée je me rendormis.



***

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