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— Je te voyais si heureux. Karim s’était épanoui à ton contact. Quand les premiers bruits d’une possible d’attaque ont commencé à circuler, nous n’y avons pas prêté attention. Ce n’était pas la première fois ! Les environs étaient calmes et jamais nous n’aurions pensé à un danger venant du camp, dans lequel on se promenait en sécurité, connus et appréciés de tous. Cette fraternité au-dessus de nos différences était une de nos fiertés.

— Je me sens tellement responsable ! J’étais de garde cette nuit-là. Je t’ai demandé de rester, puisque je ne pouvais t’accompagner et vous protéger. Autant demander à de l’eau de ne pas couler ! C’était toujours calme. Je me suis endormi. Le matin, en allant pisser…

— Cette image hante mes nuits depuis soixante-dix ans. Vos deux corps dénudés, égorgés, mutilés de cette façon atroce, le sexe de l’un dans la bouche de l’autre.

Sa main broyait la mienne. Je n’osais respirer, pour ne pas renifler mes larmes.

— Je suis revenu à moi six mois plus tard, à Sédillot. Un hôpital près de chez moi, à Nancy. J’avais tout perdu. Mon ami, celui qui éclairait ma vie. Mais aussi ma raison de vivre, l’espoir d’un monde meilleur. Ils avaient tué la fraternité entre les hommes, la bienveillance, la tolérance. Un Arabe et un Français, un homme et un homme, c’était inacceptable.

— Je ne sais plus comment j’ai vécu. Je me suis installé à Montpellier, car c’était notre décision. J’ai rencontré Clotilde, mais mon amour restait mon premier amour. Nous n’avons pas pu avoir d’enfant. Sans doute que ma virilité, ma fécondité s’étaient perdues ce jour-là.

Il s’était tu. La chambre était dans l’obscurité maintenant. Le choc me clouait encore dans le fauteuil. Ils avaient vingt ans, mon âge.

Les derniers bruits du service s’éteignaient dans le couloir. Je ne pouvais le quitter sans lui dire…

Je me suis levé. Je n’ai pas pu retenir de me pencher sur le lit et de l’embrasser. Il ne bougea pas, déjà ailleurs.

Je suis rentré, fuyant tout contact. Je me suis écroulé, ravagé par cette histoire. Le lendemain, j’ai séché les cours. Je voulais le revoir, lui dire que son histoire était belle, tragique, humaine.

On m’annonça qu’il était parti durant la nuit.

Il ne reste que ces mots...

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J'ai repris le pitch d'un roman qui se passe pendant la Seonde guerre mondiale : une jeune femme dissimule la relation de son frère avec un lieutenant allemand, ce qui lui vaidra d'être tondue.

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