10 - Incapable de bouger

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- Regarde-moi quand je te parle, petite connasse !

Clémence leva les yeux droits dans ceux de son parrain.

- Je vais te laisser chez un ami que tu connais déjà, et je serais certain que tu ne pourras pas à t’enfuir cette fois.

- Bien sûr, monsieur le procureur.

- si j’entends parler de toi par le biais d’un comportement désagréable, crois, moi que tu seras « malade » pour le retour des vacances

Elle fronça les sourcils un bref moment, avant de serrer son bras

- Bien. Monsieur le procureur.

- Quoi que, je me demande si tu seras capable de fuir Loille et ses inspecteurs, j’ai très envie de voir ça en réalité. Ricanait-il. Mais bien sûr, si j’en entends parler, tu peux être assurée que tu ne t’en tireras pas comme ça.

- Rassurez-vous, je ne m’enfuirais pas. Je suis sûre que là-bas je saurais quelles sont les nouvelles.

- Vraiment ? c’est ce que nous verrons.

Ils quittèrent le véhicule, son parrain l’escorta gracieusement dans le commissariat, tenait une fine canne en bois pour elle, l’aidait à monter les marches, demandèrent le commandant de l’unité, et furent conduit face à un grand homme souriant.

- Monsieur Yomar, c’est toujours un plaisir de vous voir ! un café ?

- Merci Loille, malheureusement je suis pressé, je dois me rendre à l’aéroport, ma femme et mon fils m’attendent. Comme je vous ai demandé, gardez un œil sur ma fieule, elle est du genre… à braver les interdis. J’aimerais qu’elle ne quitte vos coté le moindre moment. J’ai peur qu’il lui arrive malheur.

Les deux se fixèrent sans un mot avant rire subitement

- Rassurez-vous, Monsieur Yomar. Elle n’ira nulle part, et pourra même avoir de la compagnie, si tout se passe comme les années passées.

Ils reprirent leur fou rire sous le sourire calme de Clémence, silencieuse depuis la sortie de voiture.

- Bon, je dois vous laisser à présent. Au revoir « très chère » et comportez-vous bien.

- Bonnes vacances d’hiver, monsieur

- au revoir Loille.

M.Yomar quitta la petite salle, laissant les deux ensembles. Loille se rassit derrière son bureau d’un air froid

- Asseyez-vous.

Clémence obéit aussitôt.

- et si nous discutions tous les deux ? j’ai quelques petites questions à te poser.

- Je vous écoute.

- votre Parrain m’a informé de vos escapades de dortoir. Hors, il y a eu des meurtres en ville.

- Oui. J’en ai entendu parler. Je cherchais principalement à avoir l’actualité en quittant le dortoir, si c’est ce que vous me demandez.

- Vous êtes notre suspect principal. Les soirs des meurtres, à chaque fois vous étiez hors de l’internat, le coupable aurait des difficultés à se déplacer, étant donné votre jambe ça colle sans problèmes, et nous avons une photo de vous travaillant dans le bâtiment d’où l’un des crimes à été commis.

- Qu’est-ce que vous me dites ?

Elle regardait Loille comme si elle regardait un idiot.

- Je sortais quasiment tous les jours hors de l’école, si les cours là-bas étaient plus intéressants, je serais restée.

- et que fait une jeune fille comme vous dehors la nuit ?

- une jeune fille comment ? hors de question que je ne devienne qu’un pot de fleur comme ces autres idiotes. Les autres filles de mon âge, les gens normaux, trainent le soir en ville. Je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas comme eux.

- et comment expliquez-vous les deux autres points ?

- Qu’est-ce qu’il y a à expliquer ? vous avez besoin d’un coupable pour un truc que vous n’êtes pas fichus de résoudre et vous vous vengez sur la première personne qui boite ?

- et ça ce n’est pas vous peut-être ? il brandit la photo devant l’adolescente

- Vous avez besoin de lunettes. Des yeux bruns contre mes yeux bleus pour commencer, des cheveux bien trop courts pour par rapport aux miens, et regardez son visage maigrichon. Je ne suis pas cette personne. Répond-t-elle outrée

- Je ne serais pas surpris que ce ne soit qu’un déguisement, et je vais pouvoir le prouver facilement. Vous allez me suivre au labo, on sera vite fixés.

Il la tira par le bras hors du bureau, sous le regard des inspecteurs, pour la trainer hors de la salle. En s’empressant de la cacher du regard de tous, Clémence fit tomber sa canne. Loille somma Greman de ramasser l’objet et de la garder en attendant, lequel s’exécuta sans broncher. Il posa une poudre de craie sur la canne et scotch, puis accrocha les traces sur une feuille noire. Une vingtaine de minutes plus tard, le commandant seul revint dans son bureau, Greman toqua à la porte et fut accueilli glacialement par son supérieur,

- Qu’est-ce que vous me voulez.

- La canne. Répondit-il enjoué. J’en fais quoi ?

- je vous ai demandé de la prendre, pas de me la rendre.

- Du coup je la rends à la demoiselle ?

Loille fixa longuement l’homme à la porte

- Je suppose que c’est un « bah oui évidement »

- dans cinq minutes je veux vous voir à votre bureau.

- Bien mon commandant !

Greman se dirigea jusqu’aux cellules de détention, et se trouva face à une digne demoiselle, toujours souriant légèrement. Il la dévisagea en silence. Un silence trop long pour la jeune femme, désireuse de discuter

- Bonjour. Que me voulez-vous ?

L’inspecteur sortit de ses pensées, et lui tendit la canne

- Juste vous rendre votre canne. Pour le moment.

- Hum. Vous aussi vous pensez que je suis liée aux meurtres de ces derniers jours ?

- Ah. Il se gratta la tête. Oui, mais je ne peux pas rester pour l’instant. Le commandant veut pas qu’on discute. Je dois retourner d’où je viens. A plus tard !

La canne rendue, il fila directement à son poste, où l’attendais Loille, un grand sourire aux lèvres

- Incroyable. Tout juste quatre minutes. Encore un miracle de l’horloge atomique je présume.

- Vous avez besoin de quelque chose Mon commandant ? s’inquiéta Greman

- Oui. J’allais vous renvoyer prendre les empreintes de la gamine, mais je viens de voir sur votre bureau que vous avez déjà pris l’initiative. Je vais donc prendre ça.

- Ravi, que… mon professionnalisme… vous… serve ! aha…

- D’ailleurs si vous avez d’autres choses de ce genre que votre « professionnalisme vous a fait ramasser, je serais ravi que vous nous les partagiez.

Le géant se pencha vers son subalterne, ne souriant plus

- C’est juste qu’en ayant la canne, je me suis dit.

- je m’en fout de ce que vous vous dites. Avez-vous d’autres preuves en votre possession. Demanda-t-il lentement

- Non mon commandant, je n’ai rien d’autre.

Loille fixait d’un air mauvais son subalterne, qui ne bougeait plus d’un cil, le visage sérieux pour la première fois depuis longtemps selon certains de ses collègues

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