Chapitre XVI. Stimuli

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"-Capitaines permettez-moi de mettre en doute vos conclusions, le Légire n’en a peut-être qu’après vous deux.

-Et vous êtes prêt à prendre ce risque ? demande Phraser.

-Nous vous avons entendue Ivan, Assure le président du conseil. Mais ce que vous demandez est disproportionné. Il est indéniable que le Légire en a après vous, mais après toutes ces années, s’en prendre à ce qui reste de l’humanité c’est invraisemblable. Il faudrait plutôt rechercher du côté de votre de mode vie ; toujours à fricoter à la limite des lois, vous avez finalement fini par lasser le Légire.

-Sans vouloir enfoncer le clou, reprend un autre, j’aimerais souligner que vos présences ici exposent davantage Refuge qu’elle ne la protège. C’est un défi au bon sens que d’avoir amené ici vos navires remplit d’étrangers. Comment allez-vous les contenir, les empêcher de parler lorsqu’ils rentreront chez eux ? Il ne manquerait plus qu’on les autorise à débarquer sur refuge...

Comme pour le narguer une clameur s’élève dans l’hémicycle alors qu’un grand gaillard poursuivit par les gardes de la sécurité franchit le cercle dans de longue foulée d’athlète que Houarn reconnaît immédiatement.

- Gordi! S’écrie ce dernier.

Le commandant Meco Gordian, s’arrête à bout de souffle devant les deux hommes. Houarn stop les gardes d’un geste de la main.

-C’est l’un de mes hommes.

-La première flotte est à Irmia, lance avec urgence le jeune capitaine. C’est Souïd qui la commande

-Souïd … l’amiral Souïd ? Vous êtes sûr ? Demande l’un des membres du conseil qui s’est approché.

-On a poussé jusqu’à Irmia. A notre arrivée on a eu une drôle de surprise. Je me suis retrouvée nez à nez avec votre ancien navire capitaine ou plutôt ... Magister, si j’ai bien tout compris.

-Restes en à Capitaine. Mon vieux Kaledvoulc’h est à Irmia, en es-tu sure ?

-Aucun doute. Un truc de cette taille on ne peut pas vraiment le confondre avec un autre.

-Et comment sais-tu que Souïd est là-bas ?

-On a intercepté le trafic des communications, J’ai entendu l’amiral Souïd réclamer plusieurs fois qu’on lui apporte la preuve de votre mort et il était furax que le capitaine Phraser ai échappé à son embuscade. Et surtout … il cherche cet endroit. Je l’ai plusieurs fois entendue le mentionner.

– Messieurs vous pensez toujours qu’ils n’en ont qu’après nous deux ?

Un silence blanc lui est servi en guise de réponse.

-le Kaledvoulc’h est peut-être un vieux navire, reprend Phraser, mais il dispose d’une puissance de feu toujours inégalée et ses boucliers sont impénétrables. Ka-one, mon vieux, on peut dire que tu sais concevoir pour durer. Si cette flotte trouve Refuge, le Kaledvoulc’h représente une sérieuse menace, un seul coup direct et c’en est finis de l’humanité.

Houarn interroge de nouveau Meco.

-Combien de navires ?

-Plus d’une cinquantaine, rien qu’en orbite. Mais on a aussi repéré plusieurs patrouilles, que du lourd ; des croiseurs tout neuf de classe Argule ou Viento. Ça fait beaucoup pour vous deux, vous avez sérieusement dû le gonfler le père Souid pour qu’ils vous en veuillent à ce point.

-T’as pas idée ! - Messieurs quelle sont nos options ?

-Évacuer est hors de question nous n’avons pas suffisamment de navire. Surtout si nous devons les mobiliser pour affronter Souid. Il ne nous reste plus qu’à nous rallier à votre proposition. Mais nous pourrions bien faciliter le travail de Souid en nous détruisant nous-même. Sait-on seulement démarrer les générateurs de saut ?

-Faites confiance à la nef.

_

« - Mais je vais bien ! Geint-elle.

-Cela ne prendra que quelques minutes, laisses nous nous assurer que ton coude se remet bien.

-Ne fais pas ta tête de bois Namuelle, ordonne Brem ; tu as failli perdre ton bras.

Un soupir de résignation s’échappe de ses poumons. Refuge s’offre à elle, mais ces blouses blanches l’empêchent de se lancer dans son exploration. Malgré sa fatigue elle aimerait se perdre dans les dédales et les jardins de la nef. Elle a des tonnes de question qui lui brûle les lèvres. Mais assise dans le fauteuil roulant elle n’a pas le choix et suivit du bosco, le médecin la pousse à travers la clinique dont les corridors aux formes organiques d’un blanc bleutée froid et polies contrastent avec la chaleur du parquet ocre. Il la fait entrer dans une pièce circulaire et voûtée, taillée dans la même roche blanche laiteuse qui semblent composer l’endroit. Au milieu sort du sol une machine qui semble elle aussi avoir été sculptée dans la pierre. La protubérance en forme de cloche lisse de trois mètres de hauts et large d’autant est percée en son centre d’une ouverture circulaire dont la partie inférieure forme, sans aucun doute possible, un lit.

-Vous allez me faire rentrer là-dedans ? Demande la jeune fille soudain intriguée.

Le médecin mésinterprète la question.

-Il n’y a pas de quoi avoir peur, ce n’est qu’une espèce de scanner.

-Je n’ai pas peur, le reprend-elle. On dirait que ça fait partie de Refuge, ça marche comment ?

-Oui c’était là quand nous sommes arrivés, il suffit de s’allonger dedans et Refuge fait le diagnostic.

-Vous voulez dire que vous ne faites rien et que c’est la nef qui vous dit tout.

-Oui, c’est extrêmement précis.

-Est-ce qu’elle parle ?

-Refuge, ne nous parle pas vraiment, mais elle sait se faire comprendre. S’il vous plaît lieutenant aidez là à s’allonger.

La curiosité prenant le pas sur son impatience, elle laisse le bosco la soulever de son fauteuil pour la déposer à l’intérieur de la machine. Elle s’attend à rencontrer une surface dure et froide, mais à l’inverse s’aperçoit que son corps repose sur un espace de quelques centimètres qui la sépare d’un contact direct avec la machine, elle flotte ainsi confortablement installée sur un matelas invisible qui suit les courbes de son corps.

-Trop fort ! Je veux un truc comme ça dans ma cabine.

Le médecin lui répond d’un sourire.

-La séquence va commencer. Ne bouge pas.

Autour d’elle la cloche commence à ronronner.

_

C’est un souvenir qui revient alors qu’elle pensait l’avoir perdue. L’aura qui émane de ce petit être allongé dans la machine est inhabituelle bien qu’étrangement familière. La nef émet l’équivalent d’un froncement de sourcil et déporte une partie de sa conscience sur cette tache généralement dédiée à des programmes subalternes. Nonchalamment elle enregistre les ondes alpha et s’amuse de l’excitation et de l’émerveillement manifesté par la jeune créature.

Pour quels problèmes cet enfant est-elle soumise à son diagnostic ?

Elle repère vite le coude endommagé et les primitifs nanobots qui tentent de maintenir la cohésion des os et du cartilage. Cette une bataille perdue, avec tristesse elle constate que l’enfant va perdre son bras. Si seulement ces êtres étaient génétiquement compatibles avec ses systèmes elle soignerait le membre blessé sans difficulté.

Certes, séquencer le génome des humains et des autres races anthropoïdes de cette région de la galaxie n’était pour elle qu’une formalité. Elle échoue en revanche à intégrer un génome autre que celui de ses créateurs dans son programme maître. Celui-ci, sans doute une sécurité, lui est inaccessible, seul ses concepteurs auraient pu le modifier.

Néanmoins par automatisme elle établit le séquençage génétique de sa patiente et y découvre avec surprise ce qui l’a troublée dès le moment ou l’enfant était entrée dans la machine. Une infime séquence d’ADN, un gène d’apparence anodin, qui cherche absolument à interagir avec son réseau synaptique. n’ont pas que ce minuscule bout de gène ait une volonté propre, c’est juste que c’est à cela qu’il sert. C’est une interface. Un système conçu par les constructeurs de l’arche pour se connecter à elle. Elle s’étonne de le trouver lié à cette créature, mais le génome de la jeune fille qui se révèle être un assemblage hétéroclite de gène provenant de différentes espèces anthropoïdes, lui dévoile un arbre généalogique tourmentée. Elle s’étonne d’y trouver des séquences appartenant à des races sensées être incompatible. Si ces gènes avaient été assemblés en laboratoire, l’enfant n’aurait jamais été viable. Pourtant la magie de la nature et les générations successives avaient permis aux allèles incompatibles de cohabiter et même de coopérer entre eux pour créer ce profil unique. En d’autres termes, il y a longtemps, très longtemps, l’un des créateurs fut l’ancêtre de cette jeune fille.

Refuge ne résiste pas à la tentation de tester la connexion ; il y a si longtemps qu’elle n’a pas parlé avec quelqu’un.

Par intermédiaire de la machine elle provoque une simple décharge électrochimique qui devrait se transformer en sentiments de paix une fois traité par le système nerveux de Namuelle. Mais quelque chose bloque, Elle se sent envahie par la frustration. Essayant à nouveau tout en explorant dans les détails la structures du gène interface, la Nef comprend soudain qu’elle a devant elle une porte d’entrée dans la programmation du code génétique de l’enfant ; une porte grande ouverte. Elle s’y engouffre.

« -qu’est-ce que ?!, s’exclame le médecin.

Devant leurs yeux ébahit, la machine faite de roches se liquéfie pour se refermer sur Namuelle.

-qu’est-ce qu’il y a ? demande Brem nerveux

-Je ne comprends pas, bredouille le docteur. Ça n’a jamais fait ça.

Sur les murs autour d’eux apparaît une étrange écriture et des formes à double hélice qu’il est difficile de ne pas reconnaître s’animent de manière explicative.

- Ça aussi c’est la première fois, s’étonne à nouveau l’homme.

-Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Interroge Brem.

Le médecin s’approche du mur et touche l’un des croquis du doigt. Un son qui ne peut être perçue que comme une réponse négative l’enjoint de ne toucher à rien.

-On s’est toujours douté que les murs étaient des interfaces, mais c’est la première fois que Refuge les utilisent pour communiquer.

-Ce sont des séquences d’ADN. Regardez sur cette animation plusieurs paires de bases sont modifiées. De quoi s’agit-il ?

-Je crois que c’est du direct.

-Que voulez-vous dire ?

-Je crois qu’il s’agit du génome de Namuelle. Refuge est en train de reprogrammer son code génétique. Souffle-t-il tendue.

-Mais pourquoi ?

-Je n’en sais rien, Refuge n’a jamais fait ça avant, je ne savais même pas qu’elle en était capable.

Brem s’approche de la machine, et la frappe du plat de sa main qui rebondit sur le champ invisible.

À l’intérieur, La roche froide et maintenant liquide commence à remplir rapidement l’alcôve que Refuge à créer autour de Namuelle. La jeune fille paniquée tente de se débattre tandis que la matière visqueuse s’enroule autour d’elle en se solidifiant. Bientôt cela recouvre son visage et lui rentre dans la bouche, le nez et les oreilles. Elle s’attend à suffoquer mais rien ne se passe hormis qu’elle est désormais totalement immobilisée dans une gangue indestructible. Elle ne peut même pas hurler de terreur, ni même pleurer.

...Enfant du voyage

Ton lit c’est la mer

Ton toit les nuages

Été comme hiver

Ta maison c’est l’océan

Tes amies sont les étoiles...

Elle connaît cet endroit, c’est le fond. Elle connaît aussi cette chanson...

- Maman ?

-Refuge a quoi ?

Une surprise inquiète apparaît sur son visage.

-Nous n’avons vraiment pas besoin de ce genre de surprise, pas maintenant.

-Elle semble manipuler l’ADN de Namuelle, Dans quel but ? Pour quelle raison ? Aucune idée. Mais le doc semble confiant qu’elle ne fera pas de mal à la petite. Faire quoique ce soit mettrait vraisemblablement la petite en danger, et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que quelque chose de bien est en train d’arriver.

-Qu’est-ce que tu racontes ?

-Je n’en sais rien Ka, ça fait tellement longtemps que nous jouons les équilibristes sur le fil du rasoir, tellement longtemps que je n’en peux plus et que j’ai simplement besoin d’un bon sang de miracle.

Il ne connaissait pas ce ton chez son bosco.

-Tu choisis bien ton moment pour devenir mystique vieux frère.

-Désole, c’est juste un truc qui se balade dans ma caboche depuis que cette gosse a fichu les pieds à bord de l’hermine, comme si quelqu’un nous avait envoyé … un ange.

Brem ricane gêner de sa confession.

-Tu dois me prendre pour un taré…

-Je crois surtout que nous nous sommes tous entiche de cette môme. Moi le premier, et cela fait à peine un mois que je l’ai ramassée au fond ce petit rat. Mais reste les pieds sur la passerelle camarade car à moins qu’elle ne nous sorte une armada de ses boucles brunes, c’est nous qui allons devoir affronter Souid. Mais il y une chose sur laquelle notre petit mousse a raison c’est que l’univers est devant nous et pour moi le Légire n’est qu’une saloperie d’anecdote dans mon Curriculum vitae. Et, tu veux que je te dise Brem ; Si ce vieux fils de chien veut vraiment notre peau, ce n’est pas ce rebu d’amiral Souid qu’il fallait qu’il nous balance dans les pattes, car celui-là, j’ai bien l’intention de lui couper les breloques pour m’en faire des castagnettes.

-Justement Ka, et après ? Plus de bataille ? Plus rancœur ? Plus de vengeance ?

-Non Brem, plus d’espace. Crache t’il, On se casse !

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