Le goût de la vengeance

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 Tu m'as dit que j'étais une sorcière... pauvre petit poussin, tu ne sais pas à quel point tu avais raison. Tu ne peux pas savoir qu'il est extrêmement dangereux de briser le cœur et d'humilier une sorcière. Je te l'expliquerai mon chéri, tu le comprendras bien vite. Mais avant, tu te feras pardonner.

 Une sorcière n'a pas besoin de grimoire, ni de formule magique. C'est bien plus simple que ça. Je ferme les yeux et je me concentre. Je prie Erzulie. Ma déesse me répond. C'est délicieux. J'ouvre les yeux et commence à préparer des ablos. Erzulie me guide dans ma recette. C'est très simple, mais ma vengeance nécessite des ingrédients particuliers. Je dois y mettre de moi, et je le fais avec ferveur.

 Mon petit amour, tu vas revenir ce soir. Tu prétexteras des affaires à reprendre (tu n'as jamais rien laissé dans ma maison). Tu espères juste m’humilier, peut-être même me voir pleurer, me jeter en pâture à la moquerie des tiens. Mais je saurais rester digne. Je te dirai que j'ai fait à manger. Tu me répondras que mes plats sont étranges, que tu n'as pas l'habitude de ma cuisine, que tu préfères goûter des aliments plus traditionnels, mais que tu feras une exception. Si ta mère savait à quel point tu l'aimes, la cuisine étrangère. Tu ne feras qu'une bouchée de mes ablos.

 Quand tu arrives, une fille est avec toi. Je m’attendais à ce que tu ne sois pas seul, mais j’avais plutôt pensé à des amis, qui auraient échangé quelques rires gras et m’aurais regardé comme un bout de viande. Tu arrives encore à me surprendre mon petit poussin ! J’observe la frêle créature qui t’accompagne. Une jolie petite brune à la peau très pâle. Ravissante. Tu espères me rendre jalouse avec ça... Tu prétends ne prendre que ta veste, et partir aussi vite que possible, mais tu remarques, faussement embarrassé que ce n'est pas chez moi que tu l'as oublié. Je feins d'aller vérifier dans un placard, et, je te propose un ablo en attendant. La jeune femme avec toi regarde mon plat en fronçant le nez : ils ne lui sont pas destinés. Je fais mine de chercher pendant que tu manges mes petits gâteaux traditionnels. J'en ai mis deux de côté pour ma déesse : mon offrande pour ses amants divins, afin qu'elle s'amuse aussi ce soir. Je te regarde, je vois cet air coupable dans tes yeux. Tu aimerais ne pas être là, tu aimerais détester ça. T'éloigner de ma peau d'ébène. Tu aimerais te rassurer, te dire que tu baises l'exotique par curiosité. Mais mon chéri, tu n'en es plus là. Voilà ce qui arrive quand on trompe une sorcière.

 Tu finis le troisième ablos et tu me regardes avec autant de désir que de terreur. Il se passe quelque chose d'anormal, tu en as conscience, mais tu ne peux pas lutter. La brunette est occupée sur son téléphone et ne remarque rien. Elle s'excuse auprès de nous et sort dans le couloir : un coup de fil à passer. Tu es seul.

 Tes vêtements te démangent. Tu passes ta main sur tes abdos parfaitement dessinés et tu te frottes nerveusement les cuisses. Lutte, petit trésor, lutte. La victoire en sera encore plus belle. Chaque geste que je fais te subjugue.

 Le désir que je t'inspire est visible. Je me lève et tu tentes de te lever aussi. Je vois le combat dans tes yeux effarouchés. Mais que t'arrive-t-il donc ? Je te repousse sur le canapé et contourne la table basse. Je passe près de toi et tes sens exacerbés sentent la chaleur qui se dégage de mon corps.

 Je traverse l'appartement et me retourne dans l'encadrement de ma chambre. Tes vêtements deviennent insupportables et tu retires ton t-shirt en te levant. Quand tu arrives devant moi, tu es presque nu. Tu passes des mains sur mes cuisses et t'agrippes à mes hanches en m'embrassant dans le cou. Je vois que tu regardes éperdument vers le couloir. Oui, elle nous surprendra ne t'en fais pas. J'y veillerai. En attendant, ton désir te fait mal et tu me jettes sur mon lit. Ma robe passe par-dessus ma tête et nous voilà nus. Tu te serres contre moi, mais mon petit chéri, je n'en ai pas fini avec toi. Les ablos te tiendront fou de désir et endurant aussi longtemps que la déesse le désirera. Cela peut durer des jours.

 Tiens, voilà ta copine. Elle nous regarde, médusée, puis tente de s'indigner. Je sens que je pourrais t'obliger à la convaincre de se joindre à nous. Alors que ta tête se trouve entre mes jambes, tu jettes un regard à la fille que tu as invitée. Elle ne peut ignorer à quel point la scène t'excite. Elle m'excite moi-même un peu, et cela renforce encore l'emprise que j'ai sur toi. Oui, elle restera sûrement.

 Dans un coin de mon esprit, je sens le plaisir de ma déesse. Elle s'est accordée avec mon corps et mes sensations sont siennes. Je n'ai pas l'intention de la décevoir : mon petit poussin, ton tourment n'est pas près de s'arrêter.

 La frêle créature qui t’accompagne cède et se joint à nous. Je veillerai à ne pas la casser. Un sourire mauvais aux lèvres, je vous regarde tous deux tenter de vous dépêtrer de ma volonté, sans pouvoir empêcher le plaisir que vous procure le goût de ma vengeance.

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