Le Retour du Roi

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   J'étais là, paisiblement endormi. La nuit d'été était fraiche, et le ciel quelque peu voilé. Les quelques étoiles visibles brillaient d'une manière étrange, un reflet inhabituel. Cela faisait plusieurs siècles que je dormais et cette nuit aller sonner mon retour. Enfin. Mon sommeil c'était troublé il y a quelques années, prouvant qu'elle était de retour elle aussi après tout ce temps. Nos destins étaient liés. Lorsqu'elle revenait en ce monde, je reprenais vie aussi moi. Nos guerres incessantes s'étaient toujours soldés de la même manière : ma mort.

   Mais cette fois ci serait la bonne, le destin était de mon côté et je le savais. Le savait-elle elle aussi ? Peu m'importait, cette nuit je gouterai son sang et lorsque j'aurais ôté son dernier souffle de vie, je pourrais enfin me réincarner totalement. Un cri déchira la nuit, lorsque mes yeux s'ouvrirent grand. L'heure était venue pour moi de chasser. Lentement, je me dressais sur mes pattes. Je mis quelques instants à me tenir bien droit. Je m'étirai de tout mon long, faisant craquer toute mon ossature. Je secouai la tête vigoureusement pour finir de me remettre les idées en place. Je sorti alors doucement de ma caverne. Les inscriptions sur le mur n’avaient pas été altérées, montrant que mon culte était toujours actif.

   Le nez en l'air et les yeux fermés, je commençais à ressentir mon environnement. Tous mes instincts revenaient très vite. Ma bouche se mis à saliver lorsque l'odeur d'une créature vivante me chatouilla les narines. Après tout, je n'étais pas pressé, j'avais toute la nuit pour la trouver et un peu d'exercice ne me ferait pas de mal.

   Avant toute chose je me mis en quête de trouver un petit coin d’eau. Il y en avait beaucoup alentour. L’eau fraiche me fit le plus grand bien. Mon reflet dans l’eau me fit sourire. Ma fourrure blanche, mes yeux d’ambres, mes crocs, capables de déchiqueter n’importe quoi. Oui je me reconnaissais et me trouvais beau. Bientôt mon nom raisonnera dans tous les villages puis tous les royaumes. Je les soumettrai tous à ma volonté.

   A nouveau, l’odeur de la chair fraîche réveilla mon instinct. Un troupeau de bovidé n’étais pas bien loin. Je me dirigeai à vive allure dans leur direction. Cette sensation…courir…chasser…tuer…cela m’avait tant manqué. Cette sensation était grisante. J’entendais au loin les bêtes qui s’affolaient. Elles savaient que j’arrivais. Lorsque je fus en vue de la grade clairière, les quelques bêtes qui restaient me regardèrent tétanisées. C’était l’heure du carnage !!

   Elles avaient beau vouloir s’enfuir, c’était peine perdue. D’un coup de patte sur le crâne je les écrasais au sol avant de planter mes crocs dans leur gorge. Je voyais la vie s’en aller de leur carcasse en les fixant droit dans leurs yeux terrifiés. Le festin viendra en son temps, pour le moment je n’avais qu’un seul désir, une seule envie, tuer, déchirer les chairs, voir ces stupides animaux essayer de sauver leur vie.

   Lorsque la dernière bête fut achevée, je pris quelques instant pour observer mon œuvre. Mon cœur battait à tout rompre. La clairière verdoyante était maintenant un champ de cadavres et l’herbe écarlate. Ce n’était pas très glorieux de tuer des animaux stupides, mais cela m’amusais.

   Après avoir dévoré 3 de mes victimes, mon estomac était bien rempli et je sentais que mes forces était à présent bien revenues. Les yeux fixant la pleine lune, une douce brise vint me caresser. Il était temps de mettre fin à tout ceci. Après quelques instants de concentration je réussi à identifier son odeur. Elle était très proche, trois ou quatre lieues tout au plus. Avant de reprendre ma route je sautai dans une mare pour enlever le sang séché sur ma fourrure. Je tenais à être présentable avant de la tuer, qu’elle me contemple dans toute ma splendeur.

   Au travers de forets, dans la rivière, dans des près, parfois dans certains villages, rien n’arrêtait ma course vers mon destin. Après plus d’une heure de course effrénée son odeur se fit plus forte. J’étais arrivé, elle était dans ce village. Tout mon sang bouillonnait de la savoir si proche. Je ne voulais plus qu’une seule chose : prendre sa vie.

   A l’entrée de ce village des gardes se mirent en position pour me barrer la route. Même avec leurs armures, ils ne pourraient rien contre moi. Je voyais la peur dans leurs yeux. A chaque pas en leur direction, ils reculaient de deux. Celui de droite, plus téméraire, se jeta sur moi. D’un coup de patte je le fis se fracasser sur un mur. Le deuxième se mit à hurler avant de lâcher sa lance et de s’enfuir à toutes jambes. D’un seul bond, j’étais sur lui je l’attrapais dans ma gueule. Leurs protections métalliques n’étaient pas plus résistantes que du papier entre mes mâchoires. Le bruit de ses os craquant sous mes crocs me donna entière satisfaction. Le sang humain était parmi les plus délicieux.

   Les cris des autres soldats firent sortir les gens de leurs maisons. Les cris de terreur sonnaient à mes oreilles comme la plus douce des chansons. Cinq soldats me faisaient face, épée et lance aux poings. Je continuais de mâchouiller leur congénère qui gémissait.

   Un frisson parcouru mon échine. Je sentais le poids d’un regard sur moi. Elle était là. Elle sorti d’une maison en me regardant dans les yeux. Ma mâchoire se referma totalement broyant le petit humain.

- Te voilà enfin, dis-je

La jeune femme me regarda sans vraiment comprendre. Elle ne devait avoir qu’une quinzaine d’année mais je sentais qu’elle était déjà suffisamment puissante pour me tenir tête. M’approchant d’elle son expression changea.

- Tu es de retour, une fois de plus…mais cette fois sera la dernière….

Comment osait-elle me parler de la sorte ! Cette insolence, c’était ce qui m’énervait le plus. Cette arrogance, cette suffisance….

Sans attendre plus, je me jetai sur elle gueule ouverte. Elle évita cette attaque avec une aisance déconcertante. Avec un coup de patte je me mis en tête de la faire tomber. Je n’avais pas plus de succès. Je ne comprenais pas. Evitant un nouveau pour de mâchoire, elle se retrouva sur mon flanc droit et de sa main frappa. Une douleur incroyable foudroya mon corps, m’envoyant au tapis. Très vite sur mes pattes, j’attaquais de nouveau. Mais je me rendis compte que de front je n’avais aucune chance. Cela faisait maintenant dix bonnes minutes qu’elle se moquait de moi. A plusieurs reprises elle m’avait frappé. Elle voulait me tourner en ridicule, non c’était plus que cela, elle voulait m’humilier…

   Je n’avais plus qu’une seule carte à abattre. Elle comprit que le jeu venait de finir. Son petit sourire en coin s’effaça. Elle ramassa une épée au sol et se mit en garde. Elle lança l’assaut. Ses coups étaient rapides mais je les évitais sans peine. Un bond à droite, un autre à gauche. Un coup de patte, un autre et un autre. Elle fut bloquée par un mur dans son dos. D’un coup de mâchoire je détruisis le mur. Elle avait eu le temps de se baisser. C’était fini.

   Tout en criant, elle visa ma gorge avec la pointe de son épée. Elle avait fait exactement comme je l’avais imaginé. Trop focalisée à vouloir porter son coup elle ne vit pas ma patte droite venir sur le côté et la frapper de plein fouet. Elle roula sur plusieurs mètres. Le temps d’un battement de cil, j’étais sur elle. Elle était totalement à ma merci. Pour la première fois la peur se lu dans son regard. Elle savait qu’elle n’en avait plus que pour quelques secondes.

- L’heure de mon règne est enfin arrivée, ta mort va signer ma résurrection et ma domination sur ce monde !

Je ne lui laissai pas le temps de dire quoi que ce soit. Mes crocs se plantèrent dans son corps, extirpant un cri d’agonie.

Ce sang…celui qu’une fois déjà j’avais eu l’occasion de gouter. Ce sang divin faisait de moi la créature la plus puissante sur terre. Je sentais chacune des parties de mon corps se transformer, bouillonnant de vitalité. Je reprenais enfin ma forme primordiale, bien plus grand, bien plus puissant. Ma fourrure retrouva sa couleur ébène faisant de moi le nouveau monarque de ce monde.

Mon hurlement déchira les cieux et de partout, les animaux répondirent à mon appel.

- Préparez-vous humains car voici le retour du Règne des Animaux et de leur Roi Loup...


                                       Fin

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