Dans la maison de poupée

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La pièce au plafond de miroir était toujours la même, mais avec une table géante. Ma robe s'étalait comme un immense océan de velours écarlate autour de moi. Et j’étais aussi nue qu’à ma venue au monde.

Inutile d'être Einstein pour déduire que j'avais rétrécie. À cause de la fiole que j'avais fait semblant de boire.

- Il y a de quoi s'arracher les cheveux et se griller les neurones...

J'avais imaginé avec un sourire narquois comment auraient réagi mes prétendants suffisants et gras.

Puis, revenant à la réalité (haha, permettez-moi de douter), j'avais étudé les alentours avec plus d'attention.

Au-delà des vagues figées de mon vêtement, j'étais parvenue à distinquer le toit de la maison de poupée.

La température étant assez basse et n’ayant pas d’autres idées, je m'étais dirigée vers la petite demeure.

De près, elle ressemblait à une maison de pain d’épice. La porte et les fenêtres en chocolat étaient encadrées par de la chantilly, et les marches menant au seuil de la maisonnette étaient des tuiles d’amandes.

Le pire résidait dans le fait qu’en plus d’avoir l’air d’aliments, s’en étaient réellement, comme j'avais pu le constater en prenant un petit morceau de l’escalier.

Une maison comestible. On n’arrêtait pas le progrès, décidément.

J’avais donc toqué à la porte qui s’était ouverte toute seule.

Là, j’étais tombée sur une penderie.

Oui, une penderie.

Remplie de robes aux motifs et aux coloris divers.

Toutes à ma taille. Si je n'avais pas eu aussi froid, j'aurai trouvé ça au moins aussi effrayant que l'essaim de dragons.

En plus des robes, il y avait des chaussures, des collants, des corsets, des lacets, des capes, des chapeaux, des écharpes, des gants, des sacoches.

Au fond de l’étrange pièce toute en longueur, une autre porte. Banale celle-là.

Refermant la porte-chocolat derrière moi, j’avais choisi une tenue, la plus sobre possible. Et ainsi, me voilà vêtue d’une robe un peu étriquée au niveau de la taille, en soie noir, avec un léger décolleté et sans faux-cu, me laissant libre de mes mouvements. J’avais aussi opté pour une large cape rouge avec une capuche.

Pourquoi rouge ? Aucune idée, juste parce que j’en avais envie.

Pourquoi une cape ? Parce que ce voyage risquait d’être long et que je ne voulais pas attraper un rhume.

Je m'étais également chaussée de bottes noires montantes et lacées, en totale harmonie avec ma robe (cette remarque était ironique : des bottes et une robe ne vont pas ensemble, du moins de mon humble avis).

Bizarrement, tout dans cet endroit se mangeait, sauf les vêtements.

Les lattes du parquet étaient en réglisse, les rideaux en barbe à papa, les chaises et les tables, en pain d’épice.

Enfin, n’allons pas chipoter sur les détails. Je ne me voyais pas du tout continuer ma route habillée d’une robe en bonbon, ou à la vanille.

J’en étais donc là, mes préparatifs terminés, à avancer vers cette autre porte.

Peut-être que Cheshire et White Rabbit se trouvaient derrière, comme pour le salon de musique ?

Je l’espérais.

Ils étaient assez étranges et inquiétants, et surtout énervants avec leur air de « je-sais-tout-et-toi-rien », mais leur présence m’apaisait et je m’étais attachée à eux. Un peu trop rapidement à mon goût, du reste.

Secouant la tête afin de chasser ces pensées pour le moment futiles, je me concentrai sur ma progression.

Tout pouvait arriver à Luna, me souvins-je.

Tout pouvait se trouver derrière cette porte.

Aussi bien des amis que des ennemis.

Les trois tours d’attente de la Reine étaient peut-être déjà terminés.

Les dragons ne m’avaient certes pas attrapée mais peut-être me cherchaient-ils encore. Peut-être White Rabbit ne m'avait-elle pas autant éloigné d'eux que je voulais l'espérer.

Retenant ma respiration j’abaissai la poignée et poussai lentement la porte.

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