Tout faux Newton !

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La gravité selon Newton attirait tout objet vers la terre, ou plutôt vers le bas.

Si Newton avait pris en considération l’existence d’un monde, pays, contrée, bref, d’un royaume des ombres, je doutais fortement que son concept se soit appelé « gravité universelle », puisqu’elle ne l’était pas, universelle.

La chute dura ce qui me paru une éternité.

Je ne voyais rien, n’entendais rien, ne sentais rien.

Cheshire et White Rabbit étaient introuvables. Alors que je les aggripais si fermement la seconde d'avant, ils s'étaient comme évaporés celle d'après.

Ce qui était curieux aussi, c’était que j’avais l’impression d’être aspirée vers le haut (d’où la fausseté de la théorie de Newton).

Il y eut soudain une lueur bleuâtre, d’abord lointaine, plusieurs kilomètres en dessous ou au dessus de moi, puis de plus en plus proche au fur et à mesure que je tombais.

Elle inonda le néant et m’aveugla momentanément.

Quand je pus voir à nouveau, je découvris un lieu… pour le moins insolite.

Des objets de toutes sortes et de toutes tailles lévitaient dans une espèce de trou noir et disparaissaient au milieu d'un tourbillon étrange. Moi-même, je m’engageais sur cette voie. Et je ne pouvais pas bouger. Comme si mon corps était paralysé.

L’idée de la mort ne m’effraya pas. Nous devons tous mourir un jour, non ? Et puis, si je pouvais retrouver mes parents de l’autre côté… Je savais que c’était lâche de penser cela. Sauf que j’étais orpheline, avec une entreprise en déficit sur les bras, une aristocrate qui ne pourrait jamais vivre comme elle l’entendait car ce n’était pas dans les règles et une future épouse qui ne sera convoitée que pour ses richesses.

Une telle existence n’en valait pas la peine. Et comme je n'avais jamais eu le courage de mettre fin à mes jours moi-même... Autant périr ici.

Cependant, le vortex était d’une lenteur exaspérante. Aussi étudiai-je avec un intérêt placide ce qui m’entourait.

Des assiettes en porcelaine violettes, des violons dont les archets se mouvaient tout seuls sur les cordes des instruments, sans toutefois produire le moindre son, des bougies qui s’éteignaient et s’allumaient comme par magie, un coffre en bois de noisetier fissuré, une poupée au sourire fixe et aux orbites creux, des colliers de diamants, une pelle tordue, une robe en dentelle flottant tel un spectre et tâchée de sang, un calendrier à moitié déchiré, une rose noire sous une coupole de verre qui s’effeuillait peu à peu, une nuée de paniers d’osier, une toupie orange géante, des chaînes de fer, une porte massive et cloutée, des livres ouverts sur des pages que personne ne lirait plus jamais, des tapis en peau de vache ou de mouton, un arc tirant une à une les flèches de son carquois alors que ces dernières revenaient toujours s’y ranger, un pantalon noir aux jambes de longueurs inégales et semblant danser je-ne-sais-quelle-danse-bizarroïde et bien d’autres choses encore.

Certaines dépassant les limites même de l’imagination, comme par exemple cette casserole verte fluo, dotée d’une paire d’ailes jaune vif et dont la queue se scindait en deux pour rebiquer de chaque côté. Tout cela sur fond noir et mouvant.

Oui, c'est certain, si Newton avait vu ce que je voyais, il n'aurait jamais écrit sa stupide théorie... et très peu de gens l'auraient pris au sérieux.

J’atteignis enfin le cœur dévorant des ténèbres.

Je fermai les yeux et le vide m’engloutit.

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