2.3 – Dernier adieu

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Comment le lui dire ?

Si tu ne peux lui parler, écris-lui!”

Attablé devant un petit déjeuner, constitué de tranches de pain blanc, de lard et de jambon, le jeune couple se restaurait, lorsque l’aubergiste fit son entrée dans la salle.

— Bonjour Pétronille, nous aimerions une plume et du papier. Je souhaiterais envoyer une missive à Sautdebiche.

— Je vous fais chercher le nécessaire. Tout va bien pour vous ?

Loin de chez elles, elles avaient besoin d’un peu de réconfort, et la présence maternelle de Pétronille les rassérénait.

— Je n’ai que rarement quitté le domaine de mes parents, sauf quand j’ai voulu essayer le couvent. Ça n’a pas duré plus d’une semaine. Alors je suis un peu perdue.

Manon approuva d’un signe de tête.

— Je suis dans le même cas. Nous avons été sédentaires toute notre vie.

Le nécessaire d’écriture vint à Isabelle par le biais de Berthilde déjà prête pour le service. La jeune noble se mit aussitôt au travail.

« Très Cher Père, très Chère Mère.

À mon initiative, Manon et moi, avons choisi de nous joindre à Madame de Saint-Eustache dans sa fuite. Ne lâchez donc pas les chiens à notre poursuite.

Vous vouliez, Père, me marier pour assurer mon bien être matériel en prévision du moment fatidique où vous ne serez plus là. Mais ne vous inquiétez pas, la Dame m’offrira une vie qui me conviendra.

Je me suis échappée ne pouvant souffrir l’idée de m’unir maritalement à un homme. vous n’avez jamais pu le comprendre et je ne compte pas que vous y parveniez : c’est le cadet de mes soucis. Partir avec la vicomtesse m’affranchit de cette contrainte et c’est ce qui compte pour moi.

Vous pourrez parfaitement dire à votre baron de Laval que j’ai été enlevée, ainsi votre honneur restera sauf et le sien également, vous pourrez rester amis et partenaires. Ce dont je me moque totalement, mais qui, je le sais, compte pour vous.

J’espère que vos gens d’armes ont pu rattraper Alphonse et que Dame Gertrude est sous les verrous après son ignoble meurtre. Je ne comprends pas le geste malheureux qui l’a conduite à cette extrémité. Je garde une pensée émue pour le pauvre Albert.

Père, votre gentillesse, nos joutes verbales et notre complicité me manquera. Mère, c’est vos rires et vos tentatives, maladroites mais existantes, pour me comprendre, dont j’aurai la nostalgie.

Nous ne nous rencontrerons certainement plus, mais je vous écrirai.

Je ne vous oublierai pas.

Isabelle. »

Lorsqu’elle eut terminé cette première lettre, avec sa compagne et elle, en rédigèrent une seconde, beaucoup plus émouvante à destination d’Agnès. N’étant pas lettrée, elle ferait appel à son fils, conseiller auprès de son seigneur, pour lui en faire la lecture .

Opale sortit de sa chambre.

— Bonjour Pétronille, as-tu des nouvelles de l’évêque ?

— Il est parti tôt ce matin. Si j’ai bien compris il se rend à Champagnole. Une sorcière à ce que j’ai cru comprendre. Ce n’est pas de sorcellerie dont vous êtes accusée, n’est-ce pas ?

La comtesse fit non avec la tête.

— Hérésie.

L’évêque n’était donc pas venu pour le procès de la vicomtesse de Saint-Eustache. Une femme du village allait être jugée, et évidemment condamnée au bûcher.

Lorsque les autres chevaleresses arrivèrent à leur tour à table, elle annonça la nouvelle.

— Nous ne pouvons laisser cette pauvre femme mourir. Nous lui devons secours !

Sous les yeux admiratifs d’Isabelle et Manon, les trois guerrières hochèrent gravement de la tête en signe d’approbation, sans discuter.

— Vous iriez à l’encontre d’un évêque pour y parvenir ? demanda Isabelle.

— Sans aucune hésitation. Serez-vous des nôtres ? Isabelle ? Manon ?

Se prenant par la main, elles n’hésitèrent pas un instant.

— Nous en sommes.

Sachant que le carrosse épiscopal était moins rapide qu’elles, elles n’hésitèrent pas à effectuer un détour afin d’arriver au village par le sud.

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