1.10 – Imprévu

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L’imprévu, c’est quand ton pied se pose sur une matière molle et mal-odorante.

C’est aussi quant au détour d’un chemin, ton odorat s’émerveille surprit par la douce fragrance d'un arôme délicat.”

Une voiture, tractée par deux chevaux, se rendait à la seigneurie Sautdebiche.

« Fanchon quoique bonne chrétiè-èenne,

fut baptisée avec du vin… »

— Toujours les mêmes chansons ! s’exclama Adélaïde en foudroyant Ellanore du regard. Tu peux pas changer de répertoire, crénom ?

Elle fit claquer les rennes des chevaux.

« Quand Madelon vient nous servir à boiiiiire… »

— J’ai dit : changer !

Ellanore émit un rire sonore.

— La ballade des pendus, ça te dit ?

— Vas-y ! Ça s’ra différent au moins, tonnerre de Diou !

Adélaïde menait la calèche d’une main de maître. Ancienne fille de ferme, elle connaissait bien les chevaux et leur maniement. Physiquement elle avait hérité sa haute taille et sa carrure impressionnante de ses parents, de solides paysans. Ainsi, elle dépassait son amie déjà bien plus grande que la moyenne.

Assise à son côté, sa camarade chantante s’accompagnait du luth qui ne la quittait jamais. Les parents d’Ellanore, troubadours, voyageaient de ville en ville lorsqu’elle était enfant. Les marches continuelles avaient forgé une femme au profil long, sec et musclé.

Les deux amies, liées par la camaraderie d’armes, l’étaient également par l’amour. Par l’humour aussi !

À l’intérieur, la comtesse Opale de Monbrumeux s’ennuyait ferme en comptant les points. Elle avait dû abandonner Athéna, son ombrageuse jument pour se claquemurer dans cet habitacle.

Elle ôta ses attributs guerriers, les disposant devant elle, prête à les saisir au moindre besoin. Ensuite, elle revêtit un bliaud sinople, ses manches larges lui conférant une allure majestueuse, se transformant ainsi en parfait reflet du personnage qu’elle était destinée à jouer.

Elle caressa du regard son bouclier. Les armes qui l’ornaient avaient été celles de ses parents aujourd’hui disparus : de gueules à l’ours rampant de tanné couronné d’or, armé et lampassé de sable, au chef bastillé d’or, chargé d’un rosier couché de sinople terminé par une rose de gueule en bouton. Père et mère avaient portés haut ces couleurs sur les champs de bataille, elle leur avait adjoint le chef, identique pour toutes les chevaleresses de l’ordre. Éprouveraient-ils de la fierté aujourd’hui, eux qui lui avaient inculqué le principe de liberté ? « Dieu a créé l’Homme libre », ne cessait de répéter son père. Aujourd’hui, elle se battait pour faire triompher cette valeur fondamentale. Oui, ils seraient fiers d’elle !

Pour l’heure, elle incarnerait Mme la vicomtesse de Saint-Eustache, qui se rendait chez ses parents afin d’assister à un événement familial important. Ellanore et Adélaïde joueraient ses cochères et un essieu rompu l’obligerait faire halte au château-fort de Sautdebiche pour quelques jours et à demander asile.

Quatre magnifiques juments étaient attachées à l’arrière de la voiture. Des observateurs affûtés comprendraient, voyant leur stature et leur nervosité, que leurs cavaliers jouissaient probablement d’une grande expérience pour pouvoir les monter.

Ellanore et Adélaïde, s’invectivant, histoire de passer le temps, portaient haubert et épée. Une arbalète bandée n’attendait plus que l’on s’en servît. Un bouclier, qui portait leurs armoiries respectives, reposait à portée de main. Les armes d’Ellanore étaient de sable au pommier d’or, feuillé de sinople, fruité de gueules, au chef identique à celui de la comtesse. Celles d’Adélaïde ne différaient que par la couleur argent de l’arbre.

L’armement des chevaleresses paraissait solide et leur physique semblait suffisamment impressionnant. Ainsi, les bandits qui les verraient n’osaient que rarement leur chercher querelle et, le cas échéant, ceux-ci étaient mis en déroute, souvent surpris par la dame à l’intérieur, qui savait aussi jouer de l’arbalète et de la lame.

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