1.8 – Roxane

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Ami toujours fidèle, il t’emmènera jusqu’au bout du monde.”


Manon était prête pour sa leçon d’équitation. Elle avait enfilé des braies et un bliaud court d’homme, en attendant que sa mère en ajuste un pour elle. Son cœur battait bien vite. Si elle avait suivi toute l’éducation d’Isabelle dans la plupart des domaines, il n’en était pas de même pour la monte. En vérité, elle n’osait pas s’approcher de ces bêtes grandes et parfois turbulentes. Les voir de loin ne la gênait pas, mais l’idée d’en toucher une la terrifiait !

Sa chère demoiselle l’attendait déjà devant les écuries. Pour elle, elle fournirait cet effort. Un peu de courage ma vieille !

— Alors, prête ?

Manon se racla le fond de la gorge :

— Oui… enfin… si l’on excepte que les chevaux m’ont toujours fort impressionnée. C’est un grand animal tout de même !

— Rassure-toi, je t’ai choisi une jument très douce, elle s’appelle Roxane, suis-moi je vais te la présenter.

Pénétrant dans cette bâtisse qui dégageait une odeur de crottin mélangée à celle des foins, la jeune femme regardait tout autour d’elle pour voir s’il y avait à s’affoler. Après une zone de stockage du foin, elles pénétrèrent dans un large couloir rectiligne dans lequel s’étalaient de part et d’autre des portes. Elles étaient toutes fermées sauf une dont émanaient des sifflements : le palefrenier qui effectuait un nettoyage. Au fond, un emplacement était disponible pour y ranger deux calèches. Celle de la famille y était entreposée.

— Bonjour mam’zelle Manon, lança le jeune homme lorsqu’il l’aperçut. J’vous ai jamais vue aux écuries, c’est quand même agréable de voir vot’jolie bouille par ici.

Un air déconfit passa sur le visage de Manon, elle leva les yeux au ciel.

— Ah, bonjour Luc.

Isabelle vint à sa rescousse :

— Mademoiselle Manon et moi-même avons à faire Luc, je te prierais de la laisser tranquille.

Se tournant alors vers son apprentie, elle reprit :

— Touts les stalles ne sont pas utilisées, seulement la moitié, les autres sont là pour d’éventuels invités.

La noble s’arrêta devant une des portes qu’elle ouvrit et en sortit la jument. Lorsque la novice la vit, elle recula légèrement.

— Attends, nous serons mieux dehors, je l’équipe juste d’un licol, qu’on puisse la prendre par la bride. Demain, peut-être que tu la monteras !

L’instructrice improvisée entraîna la blanche Roxane à l’extérieur. Ainsi à l’air libre, elle avait l’air plus décontractée, moins impressionnante.

— Tu vas la brosser, ça lui fera plaisir, dit-elle à Manon en lui tendant l’instrument.

La débutante s’en saisit et s’approcha timidement de la jument ; pendant ce temps Isabelle rassurait l’animal en lui flattant l’encolure. Remarquant que son apprentie n’osait pas, elle s’approcha et lui prit la main pour lui montrer le geste. Leurs regards se rencontrèrent, un sourire les réunit, et elles effectuèrent le mouvement de concert.

— N’aie pas peur, frotte, bien, voilà, dans ce sens, très bien. Je te laisse continuer toute seule !

Isabelle s’écarta un peu pour observer comment Manon s’en sortait. Celle-ci commençait à ressentir un sentiment de bien être, car Roxane, vraiment docile, se tenait immobile et se laissait faire avec une tranquillité que la jeune femme n’aurait pas soupçonnée.

Lorsque la jument fut bien brossée, Isabelle lui fit caresser le museau de l’animal, lui donner une pomme, lui parler. Lorsqu’elle vit les grandes dents se saisir du fruit, Manon eut un peu peur, mais elle sut se contrôler, encouragée par sa professeure.

Elles restèrent ainsi un long moment autour de l’animal, afin que la future cavalière puisse prendre confiance et apprivoiser sa monture.

— Je crois que je l’aime déjà !

— Maintenant que tu la connais un peu, tu vas la promener à pied ! Prends-la par la bride. Tiens-la fermement elle va te suivre.

Isabelle, très fière, regarda son élève faire quelques tours de la basse-cour :

— Je vais chercher Alizée ! Je peux vous laisser quelques minutes ?

— C’est bon ça ira ! Je la tiens bien, n’est-ce pas Roxane ? Nous deviendrons de grandes amies toutes les deux !

— C’est bien, parle-lui ! Là ! Vous allez bien vous entendre.

Isabelle n’était pas tellement rassurée, laisser une cavalière inexpérimentée seule avec un cheval pourrait s’avérer une mauvaise idée. La bête serait susceptible de se braquer, ou de s’enfuir. Cependant Manon semblait prendre confiance en elle et Roxane était une gentille jument.

Au retour de l’instructrice, qui tenait un cheval pie-alezan à la main, tout allait bien.

— Elle a tiré un peu fort sur sa bride, mais j’ai bien tenu ! Puis je lui ai caressé le museau et elle s’est calmée.

— Bravo, Dame Manon ! plaisanta Isabelle. Il faut lui montrer que c’est toi qui décides ! Je te présente Alizée, elle est un peu plus fougueuse, mais je ne l’échangerais pour rien au monde.

La jeune noble admirait sa dame de compagnie, elle avait réalisé des progrès incroyables quant à l’approche de sa monture.

Après que les deux juments se soient reniflées, les jeunes femmes firent une petite sortie. Chacune tenant son cheval par la bride, elles empruntèrent côte à côte le chemin qui conduisait au village et s’en retournèrent.

Elles ne virent pas, cachée dans les fourrés, Rose qui les observait.

Je ne puis conclure, et le temps presse désormais.

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