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Deux semaines s'étaient écoulées depuis la fête de la Beltane. Arganthaëlle ruminait de sombres pensées. Décidée à se confier, elle avait invité son frère, malgré leur dernière conversation.

Lorsque ce dernier arriva, elle grimaça, se demandant comment aborder le sujet.

— Thaëlle, je sais que t'étais fâchée à propos de Serge.

Elle voulut lui répondre que finalement il avait raison. Cependant, Aymeric reprit :

— Enfin, il a réussi à intégré le Second Cercle des druides. Ses pouvoirs se sont subitement révélés.

L'enfoiré ! Ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume. C'était ça son objectif ! Il lui avait fait croire qu'il la comprenait pour mieux l'utiliser à ses desseins. Même si elle connaissait quelques runes, jamais aucun druide ne la croirait si Serge était au sein de l'Ordre. Entre ça, l’arbre de mai et son absence de magie, il avait ruiné toute chance de le dénoncer. Son frère continuait, sans s'apercevoir de son émoi.

— C'est ta vie, tu es grande. Tu m'as dit que tu avais quelque chose à me dire ? Moi aussi, ça tombe bien !

Un grand sourire éclairait son visage. Arganthaëlle étira légèrement ses lèvres.

— Dis-moi d'abord. T'as l'air tellement impatient !

— Je vais être papa !

— Quoi ?

Pourtant, elle aurait dû s'y préparer. Enfin, ils auraient pu attendre le mariage, songea-t-elle avec une pointe d'hypocrisie.

— C'est tout frais. Il arrivera pour janvier normalement. Je suis tellement heureux. Isabel aussi !

— Mes félicitations, dit-elle platement.

— T'as pas l'air ravie ?

— Si, si juste surprise. Promets-moi que tu élèveras ton enfant selon nos traditions. Même si tu quittes l'Ordre.

Il grimaça puis lâcha :

— J'ai mieux. Tu te chargeras de tout lui enseigner. Ça te va ?

D'un hochement de tête solennel, elle accepta.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Arganthaëlle observa son frère rayonnant de joie et prit sa décision.

— Serge et moi, c'est fini.

— Ah bon ? Pas à cause de moi, j'espère ?

— Non, divergence d'opinions, parvint-elle à articuler en camouflant les sanglots qui la menaçaient.

Aymeric tendit les bras. Elle se jeta contre son torse et respira son odeur familière. Elle hésita à tout déballer. Son grand frère interviendrait et prendrait sa défense, elle en était certaine, mais elle passerait pour une demoiselle sans défense. Elle ne voulait déprendre d’aucun homme, même Aymeric. Serge attendrait. La vengeance est un plat qui se mange froid, disait-on.

Dans les bras de son frère, elle imagina le futur et cet enfant qui lui ressemblerait peut-être. Pour la première fois depuis deux semaines, elle esquissa un sourire.

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