Introduction

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Dans le grenier de mes grands-parents maternels dormait, bien caché au fond d’un carton sous une pile de vieilleries, un petit trésor : le carnet écrit par mon grand-père lors de son service militaire en Tunisie de dix-neuf cent cinquante à dix-neuf cent cinquante et un.

Plusieurs sentiments se sont bousculés : joie, peine, curiosité, impatience… qu’allais-je découvrir ?

D’abord la couverture déchirée à un endroit, la première page sur laquelle il a collé sa photo de jeune militaire et noté les casernes dans lesquelles il a été affecté, puis les feuilles jaunies par le temps, l’écriture à la plume, le buvard dont il s’est servi pour ne pas tâcher son œuvre et l’odeur piquante, mais agréable des vieux livres poussiéreux.

C’était tout un pan inconnu de la vie de mon grand-père que je m’apprêtais à lire. Quelle surprise ! Je ne le savais pas si poète, si romantique, si émotif. Pour moi c’est un homme qui déborde d’amour pour ses petites-filles, taquin, mais également tellement « brut de décoffrage » comme le dit l’expression. Il peut être très gentil comme absolument imbuvable et même méchant, mais dans ce carnet j’ai découvert le jeune homme de vingt ans qu’il été autrefois.

Un jeune homme déraciné de sa telle agricole natale, séparé pour la première fois de ses parents et surtout très épris d’une jeune fille qui deviendra ma grand-mère.

Je ne l’ai jamais connu aussi amoureux, aussi tendre, aussi dépendant de sa bien-aimée, qu’à travers ces lignes.

J’ai découvert également un jeune homme, comme tous les jeunes hommes de vingt ans, attiré par le sexe opposé, faisant des blagues grivoises, aillant des pensées très imagées et coquines. J’avoue avoir été un peu choquée, mais quand on y réfléchi, c’était tout à fait de son âge et moi aussi j’ai pu sûrement le choquer par certaines de mes paroles ou des actes dont il ne m’imaginait pas capable.

Après le jeune homme en mal de son pays, l’amoureux et le fêtard, j’ai aussi découvert le rebelle. Celui qui supporte difficilement l’autorité d’un supérieur et les agissements d’un gouvernement d’après-guerre.

A côté de ce petit morceau d’histoire, dans une boite en métal, il avait conservé sa médaille de Tunisie et celle de sa « quille » (remise le dernier jour du service militaire pour marquer la fin de celui-ci).

Pour d’autres ce ne sont que des vieilleries sans importances, bonnes pour la poubelle, mais pour nous, sa famille, c’est un trésor inestimable que nous nous efforcerons de protéger et de transmettre aux générations à venir.

Je n’ai absolument rien changé à ses textes, ses pensées, ses poèmes, j’ai juste corrigé les fautes d’orthographe. Je recopier à l’identique la mise en page, les phrases, la ponctuation et l’ordre des textes. Je voulais que ça reste tel que nous l’avons découvert, tel qu’il l’a écrit, tel qu’il l’a imaginé, vécu, que tout soit le plus vrai possible. Vous me direz que j’aurais pu tout simplement scanner les pages et les mettre en forme pour encore plus de réalisme, mais l’écriture à la plume étant tellement incertaine par moment, il m’a fallu plusieurs lectures pour déchiffrer ses mots, je ne voulais pas infliger ça aux lecteurs (même si je suis d’accord que ça a son charme).

Je vous laisse plonger dans un autre monde.

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