Chapitre 8

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Lynn frissonna en entrant dans la salle de potions. La pièce n’était guère plus chaude que la Salle commune de Serpentard, et pas plus éclairée. Elle chercha un visage qu’elle connaissait au milieu de toutes ces capes noires et vertes appartenant aux élèves de Serpentard et reconnut Amy, qui était assise à une table, seule.

Elle fit un pas pour la rejoindre mais se souvint de l’avertissement de Lucy. Elle resta donc debout au milieu de la pièce, sans savoir où s’installer. Tétanisée, elle scruta les tables dans l’espoir d’en trouver une vide mais elles étaient toutes occupée.

La jeune fille sentit soudain une pression dans son dos. Tirée de ses pensées, elle se retourna pour découvrir le visage hautain de Kate Hazgrey.

- Alors, Jones, on ne sait pas où s’asseoir ? Pas étonnant que personne ne veuille de toi !

Lynn baissa les yeux, elle ne trouvait rien à répondre à son interlocutrice. Celle-ci lui tourna finalement le dos, faisant flotter ses cheveux blonds ondulés derrière elle.

La jeune Serpentard soupira. Elle n’avait nulle part où aller, et aucun ami de sa maison. Mais en voyant Amy qui lui faisait un signe de la main, elle décida d’aller la rejoindre malgré les avertissements de Lucy. Après tout, Amy n’était peut-être pas maléfique comme ses parents. Elle s’était même montrée gentille avec Lynn. Contrairement à Kate, qui était une vraie peste malgré sa lignée de Gryffondor.

Lynn rejoignit donc Amy à sa table. Celle-ci l’accueillit avec un petit sourire :

- Alors, tu avais des réticences à venir me voir ?

- Heu… je…

- Ne t’excuses pas. Tu as sans doute appris qui étaient mes parents…

Elle grimaça en prononçant le dernier mot et continua :

- Mais je ne suis pas comme eux. Je te le garantis.

Lynn lui sourit à son tour. Elle ferait confiance à Amy, mais resterait tout de même légèrement sur ses gardes.

Une voix grave retentit soudain dans la salle :

- Bien ! Maintenant que tout le monde est installé, nous allons pouvoir commencer le cours de potions.

Le professeur Slughorn, après avoir pris la parole, s’avança dans l’allée en scrutant les élèves. Son regard s’arrêta sur Amy :

- Miss Rooswelt, je vois que vous vous êtes encore incrustée dans mon cours, alors que c’est un cours de premières années et que vous commencez votre troisième année dans cette école…

Il sourit et continua :

- On ne perd pas les vieilles habitudes à ce que je vois.

- Non professeur, répondit Amy en souriant.

Lynn remarqua que tous les regards étaient rivés sur elles. Si les Gryffondor les regardaient d’un mauvais œil, les Serpentard fixaient Amy avec admiration. Elle devait être célèbre au sein de sa maison.

Le professeur Slughorn expliqua ensuite :

- Miss Rooswelt se rend souvent dans cette classe quand elle a des trous dans son emploi du temps. Ne vous étonnez donc pas de la voir ici lors de vos cours de potions. Au fait, je vois qu’elle a enfin laissé quelqu’un s’asseoir à côté d’elle.

Slughorn jeta un regard en coin à Lynn et certains Serpentard la fixaient désormais d’un air légèrement jaloux.

- Pourquoi tolérez-vous que Rooswelt s’incruste dans le cours, et encore mieux : comment pouvez-vous tolérez sa présence à Poudlard ? C’est une fille de Mangemort ! s’écria une petite fille brune assise à côté de Kate.

- Oui, vous nous mettez tous en danger ! renchérit celle-ci.

Le professeur de potions soupira :

- J’ai confiance en Miss Rooswelt, tout comme le professeur Dumbledore. Remettez-vous son jugement en question ?

- Non, professeur, répondit Kate en baissant la tête.

Lynn fixait ses pieds, incrédule. Il lui avait pourtant semblé qu’Amy parlait à tout le monde, alors pourquoi n’avait-elle jamais accepté quelqu’un à sa table hormis elle ?

Pendant toute la durée du cours, Lynn se retint de poser la question qui la tourmentait à Amy et elle travailla silencieusement et minutieusement. Les potions n’étaient pas sa matière favorite mais elle se débrouillait assez bien.

Quand la leçon fut terminée, Lynn prit son courage à deux mains et posa à Amy la question qui la tourmentait :

- C’est vrai ce que Slughorn a dit ? Tu n’as jamais laissé quelqu’un s’asseoir à côté de toi à part moi ?

- Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, répondit la troisième année avec un sourire mystérieux, et au pire, en quoi ça te dérange ?

- Je pensais que comme tu sembles apprécier tout le monde…

- Ce n’est pas parce que je parle à énormément d’élèves que je les apprécie tous.

- Oui, mais pourquoi moi ?

- Tu n’avais aucun autre endroit où t’asseoir et quand je t’ai vue, seule et désorientée, j’ai tout de suite repensé à Archie et moi, à l’époque où nous étions en première année. Tout le monde nous évitait et nous traitaient comme si nous étions des monstres… Heureusement, nous avons su rebondir et regarde la côte qu’on a maintenant !

Elle désigna d’un grand geste de la main les nombreux regards fixés sur eux. Lynn rougit, un peu mal à l’aise.

- Mais mes parents ne sont pas Mangemorts… Au fait, ça me fait penser à ce que Kate m’a dit avant la Cérémonie de la Répartition. Elle m’a affirmé que sa mère savait quelque chose sur mon père, car ils travaillent tous les deux au Département des Mystères, confia-t-elle à Amy.

- Ne t’inquiète pas, elle est dérangée cette fille ! Mais ne vois pas d’un mauvais œil tous les Gryffondor à cause d’elle, certains sont très gentils !

- Oui, je connais une Mary. Elle est très gentille et sa mère travaille au Chaudron Baveur.

A la mention du nom de Mary, Amy se raidit.

- Quelque chose ne va pas ? demanda Lynn en se souvenant trop tard que Mary n’appréciait guère les jumeaux Rooswelt.

- Oui, parfaitement, répondit Amy d’un ton glacial. Et bien je vois que tu n’es pas si seule qu’il n’y parait.

Sur ses mots, elle sortit précipitamment de la salle de potions sous le regard des autres élèves, laissant Lynn seule à sa table. La jeune sorcière, médusée, décida de sortir elle aussi de la salle lugubre et monta le petit escalier pour sortir des cachots. Elle jeta ensuite un œil à son emploi du temps et remarqua qu’elle avait cours de vol. Elle prit donc la direction du terrain d’entrainement tout en se repassant sa discussion avec Amy dans la tête. Pourquoi la mention de Mary avait-elle provoqué une réaction aussi violente chez son amie ? Et pouvait-elle encore la considérer comme une amie après ce qu’il venait de se passer ?

Lynn arriva au terrain d’entrainement perdue dans ses pensées et remarqua avec soulagement que le cours de vol des Serpentard de première année était partagé avec les Serdaigle. Elle allait retrouver Lucy !

Son amie ne manqua pas de venir lui parler :

- Alors, comment s’est passé ton premier cours de potions ?

- Plutôt bien, lui répondit Lynn, le regard dans le vague.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non, rien, ne t’inquiète pas.

Lynn ne souhaitait pas parler du comportement d’Amy à Lucy car la jeune sorcière, comme Mary et sa sœur, ne l’appréciait pas et la considérait comme dangereuse.

Henri choisit ce moment pour se planter devant elles, essoufflé mais le sourire aux lèvres. Il portait l’uniforme de Serdaigle en bombant le torse, fier de sa maison.

- Devinez quoi ! Il y a une rumeur qui dit qu’Amy Rooswelt s’est disputée avec une élève de première année de Serpentard après son cours de potions ! J’aimerais pas être à sa place car on dit que les jumeaux Brooswelt sont terribles quand ils sont en colère…

Lucy jeta un regard suspicieux à Lynn.

- Alors, il ne s’est rien passé pendant ton cours de potions, argua-t-elle.

La jeune sorcière baissa la tête et commença d’une voix timide :

- J’y suis peut-être pour quelque chose… Mais avant toute chose, je ne pense pas qu’Amy et Archie soient malfaisants. Amy m’a même dit tout à l’heure qu’en première année elle souffrait du regard des autres et qu’elle était blessée qu’on la compare sans arrêt à ses parents Mangemorts. Et je ne pense pas qu’elle soit comme eux. Tenez, Kate Hazgrey est peut-être la descendante d’une grande lignée de Gryffondor mais ça ne l’empêche pas d’être une vraie peste !

Henri la détailla, semblant peser le cours et le contre, tandis que Lucy affichait toujours son regard suspicieux. Après de longues secondes, Henri décréta :

- Je te fais confiance, malgré ton admission à Serpentard. Mais si tu veux côtoyer les Rooswelt, fais tout de même attention car je pense que je n’arriverai tout de même jamais à avoir confiance en eux. Et je suis d’accord avec toi pour Kate : c’est une vraie peste, celle-là !

Lynn lui sourit. Tout compte fait, Henri se montrait moins bête qu’il ne le paraissait. Voyant que Lucy ne prenait toujours pas la parole, la jeune Serpentard lui demanda :

- Et toi, tu en penses quoi ?

La Serdaigle soupira puis lui répondit :

- J’en pense que tu joues un jeu dangereux, mais si tu souhaites faire confiance à Amy, je ne t’en empêche pas. Je reste quand même méfiante : Emma m’a souvent mise en garde contre Archie et Amy.

Lynn sourit, heureuse que son amie ne lui en veuille pas trop d’être retournée voir Amy malgré ses avertissements.

- Au fait, demanda Henri, tu vas nous révéler l’objet de cette dispute ?

- Oh… Ce n’était pas une dispute à proprement parler. J’ai juste mentionné le nom de Mary en disant qu’elle était gentille et Amy s’est soudain raidie et est partie. Je trouve ça étrange.

- C’est bizarre, en effet, commenta Lucy, mais j’imagine que si Mary et ma sœur n’aiment pas Amy, cela doit être réciproque…

- J’aimerais quand même en savoir plus, commenta Lynn.

- Moi aussi ! s’exclama Henri, soudain très joyeux. Enfin un peu d’acti…

Il fut coupé par la voix énergique de Madame Bibine, la professeure de vol :

- Monsieur Stanley, je suis désespérée de constater que votre enthousiasme n’est pas dû au fait de monter sur un balai pour votre première fois, mais tant pis. Le cours de vol peut commencer, et pas d’intervention sans rapport avec le cours s’il vous plait !

Elle jeta un regard appuyé à Lucy, Henri et Lynn, et continua :

- Bien, positionnez-vous tous devant un balai.

Les trois amis s’exécutèrent, et Lynn se retrouva placée entre Lucy et Henri. Celui-ci fixait son balai d’un air choqué et laissa échapper un commentaire :

- Comment on fait si on tombe ? Ça doit faire mal !

- Rassurez-vous Monsieur Stanley, vous ne vous envolerez pas aujourd’hui ! Pour l’instant, je vous demanderai à tous de tendre la main au-dessus de votre balai et de dire « debout » d’une fois ferme. Compris ?

Les élèves de première année hochèrent la tête et chacun s’attela à la tâche. Au milieu des éclats de voix, Lynn tenta sa chance :

- Debout !

Rien ne se produisit, son balai restait bien ancré dans le sol. La jeune sorcière, découragée, tenta à trois autres reprises de faire décoller son balai mais rien n’y fit. Elle décida de regarder autour d’elle et s’aperçut que quelques élèves avaient déjà leur balai en main. A sa gauche, Lucy venait de réussir à faire décoller le sien et en se tournant de l’autre côté, Lynn découvrit Henri en train de converser avec son balai :

- Veux-tu te mettre debout, s’il te plait très cher ?

Elle retint un rire et tenta une nouvelle fois d’appeler son balai.

- Debout !

Elle s’attendit à un nouvel échec mais cette fois-ci, le balai s’éleva rapidement jusqu’à sa main, et elle réussit à le saisir tant bien que mal.

- Bravo, Miss Jones ! la félicita Madame Bibine. Je vous laisse rejoindre les élèves ayant réussi à lever leur balai.

La professeure désigna un groupe d’élèves au bord du terrain d’entrainement et Lynn alla les rejoindre. Elle s’assit près de Lucy et la félicita. Son amie sourit puis lui confia :

- Je ne suis pas aussi douée que Mary. Emma m’a raconté qu’elle avait réussi à appeler son balai du premier coup. Elle finira joueuse de Quidditch, pour sûr !

- Et toi, tu as envie de jouer au Quidditch ?

- Pourquoi pas. Mais Emma me tuerait si elle apprenait que j’en avais envie. Elle déteste ce sport depuis qu’elle s’est reçu un cognard en pleine tête alors qu’elle était en première année. Depuis, elle n’assiste plus aux matchs à Poudlard !

- Oh, la pauvre…

- Oui. Et, au fait, si tu veux plus d’informations sur le froid entre Amy et Mary, va demander à Emma. Elle m’a un jour confié que si elle ne faisait pas confiance aux jumeaux Rooswelt, ce n’était pas au point de les détester comme le fait Mary. Elle n’a pas voulu me dire pourquoi Mary semblait les haïr en insistant sur le fait qu’elle n’allait pas trahir le secret de son amie. Ah, ces Poufsouffle, toujours dans la loyauté ! Bref, peut-être qu’elle fera une exception pour toi…

- Mais pourquoi ne pas demander directement à Mary ?

- Tu as bien vu comment Amy a réagi quand tu lui a parlé d’elle, répondit Lucy, alors imagine ce que fera Mary quand tu lui parlera d’Amy.

- Je ne préfère pas imaginer.

- Moi non, plus. Bon, assez parlé, Madame Bibine arrive avec le retardataire.

Elle se mit à rire et désigna Henri en compagnie de la professeure de vol, l’air outré. Ils étaient en plein débat et Lynn put entendre :

- Pourquoi le balai ne répond-il que quand on le brutalise ? Un s’il te plait ne suffirait peut-être pas ?

Elle sourit à son tour puis quand la conversation d’Henri et Madame Bibine fut terminée, les trois amis partirent direction de la Grande Salle pour aller déjeuner.

Tandis que les deux Serdaigle plaisantaient entre eux le long du trajet, Lynn garda le silence en réfléchissant à sa conversation avec Amy ce matin. Pourquoi Mary et Amy semblaient autant se détester ?

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