Dans les pas d'Esteban

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Sur le chemin du retour, à chaque arrêt, Esteban s’interrogeait. Avait-il rêvé de ce moment de sensualité ? Les minutes s’écoulaient dans le sablier de ses pensées. Chaque grain déposé dans sa mémoire virevoltait sans jamais choir. Derrière la vitre du bus, les images défilaient et prenaient une toute autre saveur. Le paysage s'était métamorphosé, tout semblait avoir changé à cette heure. La nature enfilait ses belles parures, les arbres déployaient leurs tentures de rideaux de verdure. Dans les bacs, les tulipes multicolores égayaient les trottoirs grisonnants, les cerisiers en fleurs faisaient le bonheur des oiseaux gazouilleurs. À l’aller, il se sentait désemparé, le retour s’avéra plus léger.

Devant les murs délavés de son immeuble délaissés par la municipalité, il songea que son quotidien n'avait rien de sympa. Chaque jour, il reproduisait les mêmes gestes, enfilait sa veste, finissait les restes. Pourtant, en ce matin de début de printemps, un frisson parcourut ses bras, une brise enveloppa ses idées grises. Il voulait espérer que ce rendez-vous n’était pas anodin. Esteban sentait son corps se réveiller, même si les douleurs l’agacer, pour une fois la montée d’escalier ne s'avèra pas être un supplice. Il se sentit pousser des ailes, le sourire offert par la belle restait bien réel.

Il claqua la porte de sa chambre et s'écroula sur sa couette. Cet entretien avait été chouette, il avait apprécié chaque facette qu'elle avait voulu lui dévoiler. Il était capable de la décrire dans les moindres détails, de ses ongles vernis à sa taille fine, de ses lèvres rouge ruby à ses mains coquines, de son chemisier au joli décolleté à son jean sculpté sur son fessier, de la soie effleurant ses seins aux boucles d’oreilles frôlant son cou. Il avait dévoré des yeux chaque partie de son corps dissimulé sous le tissu et cherché la parcelle de peau sur laquelle il aurait voulu déposer un baiser.

Le jeune homme fixa le plafond, perdu dans les fissures aux tons écrus. Il ne comprenait toujours pas pourquoi une si charmante personne avait jeté son dévolu sur sa carcasse fichue. Ses membres douloureux pourissaient ses journées sans aucune pitié. Avec un simple sourire, l'assistante avait soulagé ses craintes sans rien dire. Avec ses yeux rieurs, elle avait apaisé ses terreurs. Il l’avait détaillée de la tête aux pieds. Le fourbe avait en secret façonné ses courbes pendant qu’elle scrutait son écran. Le coquin s'était enthousiasmé quand ses mains avaient effleuré les siennes.

Dans la chaleur de ses draps, il s'imaginait allongé près de la belle. Dans son esprit embrumé, son délicat parfum aux effluves de magnolia restait ancré. Il désirait découvrir du bout des doigts ses formes généreuses, paresser sur le galbe de ses fesses voluptueuses, s’égarait sur la pointe de ses seins et remontait le long de ses reins. Il songea à ces mains baladeuses qui se frayaient un chemin le long de son sexe et l’emportaient dans une nuit d’ivresse. Ce doux fantasme l'enveloppa dans les brumes d'un sommeil, dans les bras de Morphée il sombra.

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