trois

15 minutes de lecture

  Juleka avait perdu Rose, et c’était entièrement de sa faute.

Après avoir mis la main sur Nooroo et fait sa connaissance, il lui semblait plus qu’évident qu’elle devait partager cela avec sa petite amie. Elle savait son secret bien gardé avec Rose. Et elle devinait également son sourire et ses yeux scintillants lorsqu’elle rencontrerait l’être fantastique.

« Il est trop mignon ! » était la première chose que Rose avait dite après toutes les explications de Juleka sur les Miraculous.

Nooroo et Rose s’étaient immédiatement bien entendus. Et elle avait effectivement ce regard pailleté, admiratif et curieux.

À cette époque, Juleka avait fermement décidé de ne jamais se transformer pour éviter à sa famille de s’attirer encore plus d’ennuis. Après un an infernal, à se faire suivre dans la rue, subir les anciens supporters de Jagged, ils avaient bien mérité leur repos. Nooroo était de son avis : mieux valait que son pouvoir reste en sommeil. Il était très soucieux de la vie de son amie et partageait son point de vue sur ce calme reposant.

Or, si Rose comprenait leur point de vue, elle rêvait de voir la brune dans son costume de super-héroïne. Ce soir-là, Juleka était dans sa chambre et parlait avec Nooroo. Rose avait débarqué avec des croquis de tenues abracadabrantes qui les avaient bien amusés. Jusqu’à ce que la discussion devienne sérieuse, et qu’elles envisageant sérieusement de voir ce que cela donnait. Nooroo lui-même s’était prit au jeu, et s’était dit : « Après tout, pourquoi pas ? Ce n’est que pour voir. »

Sa sagesse et sa prudence légendaires avaient fait place à de la curiosité. L’essayage de costume, puis des capacités physiques hors-normes de Morpho leur avait coûté trop cher. À tous les deux.

Ils s’étaient privés de leur petit soleil personnel.

« Proposer de rendre ton Miraculous, je trouve que c’était une bonne idée. »

Étendue sur son lit, parcourant un guide d’orientation, Juleka se retourna vivement vers la suspension de verre qu’occupait Nooroo. Il l’observait attentivement.

« Merci, sourit-elle. Je me disais que ça nous permettrait à tous les deux de retrouver des êtres chers en cas de réussite. Sinon, on reste ensemble.

– Ce n’est pas plus mal. On est bien tous les deux, non ? » répondit le kwami.

Il sortit de sa sphère pour venir se nicher sur son épaule. Là, ils discutèrent un moment de la variété de choix de carrières qui s’offraient à elle en s’amusant de certaines professions qui ne lui iraient pas du tout.

Quand elle sortit de sa chambre, lors du repas de midi, elle fut surprise de trouver sa mère et son frère à table. Luka ne devait pas passer, ce jour-là. Elle eut soudainement très peur qu’il ait deviné l’identité de Morpho. Étant donné que toute la ville avait pu suivre le début de la rencontre des héros avec la porteuse du Papillon, elle ne serait pas surprise qu’il l’ait reconnue. Elle espérait que ce n’était pas le cas.

Elle se détendit autant que possible, lui planta un baiser sur la joue, et s’assit à sa place.

« Tu as vu ce qu’il s’est passé hier soir ? demanda immédiatement Luka.

– Avec le Miraculous du Papillon ? » s’assura Juleka.

Elle se contenta de cette question, à défaut d’avoir une réponse sûre à donner. Elle ne prendrait pas le risque de se trahir. Par chance, ce fut Anarka qui donna son avis la première.

« Évidemment qu’on a vu ! s’exclama-t-elle. On va enfin avoir la paix, maintenant que la broche a été retrouvée !

– Mais tu n’as pas peur que « Morpho » vienne se renseigner sur Jagged auprès de nous ? s’enquit Luka en fronçant les sourcils, soucieux.

– Et pour apprendre quoi ?! Qu’il était une ordure sans motivation ? Tout le monde le sait déjà ! »

Juleka acquiesça. Elle avait beau être Morpho et donc savoir que la détentrice du Papillon ne s’adresserait pas à eux, elle craignait tout de même de voir arriver les héros, des agents de Police ou encore de ces chercheurs avides de pouvoir. Elle déglutit en se remémorant ces fois où elle découvrait des hommes vêtus de mauves venus pour la recruter dans une quelconque secte.

Sa mère s’affaira à les servir en chantonnant la musique qui passait à la radio.

« Il n’y a pas eu de combat, non ? questionna Juleka.

– Tu as suivi le live ?

– J’ai vu une rediffusion. J’étais sortie avec des amis quand ça s’est passé. Finalement, on n’a pas su comment ça s’était fini. Vous pensez que MisterBug et LadyNoire savent qui est Morpho ?

– Sûrement pas, répondit Luka, ou on serait déjà au courant.

– C’est fou quand même cette histoire, souffla Anarka en s’asseyant. Quand on pense en avoir fini avec ces Miraculous, il en vient encore.

– Et il paraît que ce n’est pas fini, ajouta Luka. J’ai entendu dire que la contrepartie du rendu de son Miraculous est tellement énorme que les héros ont décidé de prendre le temps d’y réfléchir avant de rendre une décision.

– Espérons que tout se passe bien, cette fois-ci, » conclut Anarka.

Ses enfants approuvèrent, et finirent leurs assiettes en parlant de sujets plus légers – comme la fête de la musique qui arrivait à grands pas.

En sortant de table, alors qu’elle allait se reposer dans sa chambre, Juleka entendit son frère marmonner :

« Je me demande bien où Jagged avait pu cacher la broche pour que Morpho la trouve. Je veux dire, reprit-il un ton plus haut en remarquant que sa sœur l’écoutait, nous l’avons cherché aussi sans jamais mettre la main dessus. Tout le monde dans Paris a passé un temps monstrueux à la recherche de cette broche ! Cette personne a soit eut beaucoup de chances, soit elle connaissait très bien Jagged.

– Tous ses possibles associés sont passés en salle d’interrogatoire, et il a été prouvé qu’aucun d’entre eux n’était au courant de ses actes en temps que Papillon. Je suppose que ça restera un mystère jusqu’à ce que son identité soit révélée. »

Luka eut un rire sans joie, et répondit :

« Maman a raison : cette histoire est sans fin. »

Puis il ferma les yeux. L’instant suivant, il dormait. Juleka réalisa qu’il n’avait pas parlé de sa petite amie, ni aujourd’hui, ni la veille, et elle se demanda si tout allait bien. Elle n’eut pas le cœur de troubler son sommeil si paisible pour lui poser la question.

Au lieu de cela, elle s’enferma dans sa chambre, se laissa tomber sur son lit, et l’imita.

Elle avait trouvé la broche un an plus tôt, alors qu’elle cherchait au départ une pince à cheveux dans la boite à bijoux de sa mère. Anarka portait généralement les mêmes breloques, alors le reste de ses ornements prenait la poussière dans un coin de sa chambre. Juleka avait fouillé sans trouver quoi que ce soit qui convienne pour son rendez-vous avec Rose.

A force de sortir la montagne de bijoux de son rangement, elle n’avait pas manqué d’en faire tomber quelques uns sur le coté. Elle s’était donc penchée pour les remettre à leur place, quand elle avait remarqué sur le coté de la boite une initiale si minuscule qu’il fallait s’arrêter dessus volontairement pour la voir. Curieuse, elle avait appuyé sur le « A » et une petite trappe s’était ouverte, laissant tomber au sol une boite mauve.

Juleka avait fourré les bijoux qu’elle avait en main dans la boite – en prenant garde à ne pas les abîmer – avec le sentiment d’avoir trouvé quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû avoir dans les mains. Dans un mélange d’appréhension et de peur, elle avait saisit la boite mauve dont l’insigne, un J entouré d’un papillon, ne laissait pas place au doute.

Cependant, pour s’assurer de son contenu, elle avait ouvert la boite.

Et de la broche ailée, dans l’écrin de soie blanche, était sorti Nooroo.

Deux semaines étaient passées depuis l’apparition de Morpho, et Juleka n’avait toujours pas de réponse à sa demande. Elle envisageait de passer à l’action une seconde fois. Or, elle préférait écouter les conseils avisés de Nooroo sur ce coup-ci : être patiente. Si elle n’arrivait plus à l’être pour Rose, elle pouvait au moins faire cet effort concernant les héros. Après tout, sa demande n’était pas des moindres, et elle en avait pleinement conscience.

Alors elle s’était occupée l’esprit autant que possible, passant tout son temps libre à travailler ou étudier tout en évitant les conversations autour de Morpho ou Jagged. Quoiqu’en connaissant son lien avec le précédent Papillon, les gens évitaient d’aborder le sujet lorsqu’elle était à portée d’oreille. Que ce soit par méfiance, suspicion ou souci de la préserver : dans tous les cas, cela l’arrangeait.

Par ailleurs, Juleka n’était absolument pas ravie de voir l’attention revenir sur Jagged, qu’elle n’avait plus appelé père depuis de très nombreuses années. On s’était rendu en prison pour l’interroger sur son lien avec Morpho. Bien évidemment, il n’en savait rien. Il avait été très surpris de savoir qu’on avait retrouvé son bijou, et furieux qu’on propose de le rendre en échange d’un souhait mystérieux. Il espérait sans doute le récupérer une fois sorti de cellule.

Plus tard, c’était prévisible, la police était passée les voir afin de s’assurer que tout aille bien pour Anarka, Luka ou Juleka. La jeune femme avait alors remis Nooroo dans la boite à bijoux pour ne prendre aucun risque.

Pendant cette attente, Juleka s’était dit qu’elle devait préserver l’anonymat de Rose en lui trouvant un pseudonyme. Elle avait donc cherché des noms de papillons pour rester dans son thème, et s’était arrêtée sur l’Eublemma Purpurina, un spécimen aux bouts des ailes rosés.

Et puis, un soir, alors qu’elle était en plein shooting dans un parc, elle sentit une agitation nerveuse parcourir son équipe. Elle profita d’une pause pour demander ce qu’il en était. On lui tendit un écran, où figuraient les deux héros parisiens. De ce que titrait le bandeau, ils venaient d’empêcher une fausse Morpho d’attaquer des citadins.

« Il faut que cela cesse, dit MisterBug.

– Morpho ne doit pas être admirée. Regardez-moi, plutôt ! » clama LadyNoire en lançant sa tresse blonde dans son dos.

MisterBug lui sourit, puis reprit plus gravement.

« J’espère que le message sera transmis car il nous faut filer avant de nous dé-transformer : Morpho, rejoins nous ce soir chez Jagged Entertainment. S’il vous plaît, si vous vivez dans le quartier, essayez de trouver un refuge à distance. Nous ne voulons courir aucun risque. »

L’heure de vérité approchait. Pour l’instant, Juleka avait encore une montagne de travail à gravir. Elle rejoignit les photographes lorsqu’on l’appela de nouveau et posa avec le plus grand soin jusqu’à ce qu’on la congédie. Tout le monde voulait suivre via le MisterBlog l’évènement de ce soir et se mettre à l’abri de cette détentrice de Miraculous dont personne ne connaissait les véritables intentions.

Morpho aurait sûrement un peu de retard. Juleka devait faire mine de rentrer chez elle, puis joindre sa mère en lui assurant qu’elle était en sécurité chez un membre du staff. Enfin, dans une ruelle masquée à la vue de tous, et seulement une fois qu’elle fut certaine d’être seule, Juleka se transforma.

La sensation de métamorphose était grisante. Elle se sentait si légère dans son costume ! Elle savoura ce ressenti une courte seconde, avant de se rappeler ce qui avait suivi sa première transformation. La jeune femme serra les dents.

Morpho donna un coup de pied au sol, et se projeta très haut dans les airs. Elle chercha un instant son équilibre, le trouva sans peine, puis elle étendit les bras et laissa les manches de son costume se déployer en de délicates ailes pâles.

L’héroïne plana ainsi jusqu’à une terrasse à deux quartiers d’anciennement Jagged Entertainment, où elle préféra continuer en bondissant de toit en toit. Elle appréciait l’agilité que lui conféraient ses pouvoirs. Quand enfin elle atterrit non loin de la cheminée de l’immeuble, elle trouva les deux héros de l’autre coté de la rue. Et derrière eux, l’éclat vif du voyant d’une caméra. Ils étaient filmés.

MisterBug et LadyNoire cessèrent de parler, et se redressèrent immédiatement, prêts à passer à l’assaut si besoin.

« Bonsoir, » les salua Morpho en s’inclinant.

Ils ne répondirent pas. MisterBug échangea un regard compris avec LadyNoire, et Morpho saisit qu’elle devait être prête à fuir à tout instant. Tout en reculant légèrement pour filer en cas de grabuge, elle ignora le nœud qui lui compressa la poitrine. Puis elle leva la tête. Elle ne se laisserait pas abattre. Elle sauverait Eublemma.

« Avant de rendre notre décision, commença MisterBug, nous aimerions savoir ce qui te motive à utiliser le Miraculous du Papillon en sachant le passé complexe qui l’entoure.

– As-tu seulement conscience des conséquences de tes actes ? s’écria LadyNoire. Sais-tu le nombre de personnes qui te considèrent comme une idole ? Comme la digne descendante de Jagged ? »

Juleka ne s’attendait sûrement pas à cela. Elle pensait essuyer un refus, puis se faire attaquer sans aucun pourparler. Or, on lui présentait une situation dont elle n’avait pas connaissance. Elle s’assit sur le haut du toit pour ne pas en tomber. Si elle devait partir, elle aurait juste à se laisser glisser et déployer ses ailes.

« Comment ça ? demanda-t-elle.

– Tu n’as pas l’air au courant qu’on passe tout notre temps à empêcher tes faux sosies de répandre le chaos, ricana Lady Noire. Tu vis dans un trou ou quoi ?! Il y a pleins de gens qui rêveraient d’être à ta place, et te considèrent comme une déesse simplement parce que tu es celle qui a trouvé le Miraculous ! Mais Morpho, dis-nous : pourquoi ? Pourquoi fais-tu tout cela ? Pourquoi avoir sorti le Miraculous de là où il était caché bien au chaud, et troublé la paix qui régnait sur Paris ? »

LadyNoire bouillait de colère. Elle semblait également fatiguée, mais comme pour Morpho, la transformation lui donnait de l’énergie et l’épuisement était momentanément effacé. MisterBug posa une main sur son épaule pour l’apaiser. La blonde leva les yeux vers lui, réalisa qu’elle se donnait en spectacle, et pinça les lèvres.

« Quoi ? Mais non, non, ce n’était pas mon but du tout ! Au contraire, bégaya Morpho, avant de se reprendre : je voulais faire cesser les vols, surtout pas être une tête d’affiche ! Je veux en finir une bonne fois pour toute avec les Miraculous. Vous seuls, héros, devriez être en leur possession.

– Dans ce cas, pourquoi conserver ton identité secrète et proposer de nous le rendre en échange d’une demande irréalisable ? »

LadyNoire avait tapé juste, et elle le savait. L’héroïne croisa les bras sur la poitrine et renifla d’un air dédaigneux. Morpho ne sut pas quoi répondre. Mais elle n’en eut pas besoin, car MisterBug reprit :

« Excuse son agacement, Lady est à fleur de peau en ce moment. Lors de notre dernière entrevue, tu nous as demandé de sauver une personne qui t’est chère, mais tu ne nous as pas précisé de quoi elle devait être sauvée. Peut-être y a-t-il autre chose que nous pourrions faire ? »

Morpho hocha la tête à la négative.

« Je vous l’ai dis, j’ai déjà retourné le problème dans tous les sens sans trouver de solution plus sûre. Et je l’annonce devant la ville entière : je ne représente pas un danger. Je ne suis pas Jagged, je ne blesserai personne. Je veux seulement sauver celle que j’aime. »

Elle marqua un silence, hésitant à poursuivre et détailler la situation de Rose. Si elle en disait trop, cela ne faisait aucun doute que Luka la percerait à jour s’il regardait le live.

« Elle a eu un accident il y a longtemps, et il n’y a aucune certitude qu’elle se réveille du coma dans lequel elle a plongé. Je ne pourrais pas vivre sans elle. Votre Vœu est la seule manière que j’ai d’être certaine de son réveil.

– Tu dois aussi savoir qu’il ne doit jamais être utilisé à des fins personnelles, remarqua MisterBug.

– Je suis consciente de l’égoïsme de ma demande, reconnut Morpho. Mais la vie ne vaut pas la peine d’être vécue sans motivation. J’ai besoin d’Eublemma. Je serais prête à tout pour la revoir. S’il vous plaît. »

Il y avait de la supplication dans son ton, la nécessité viscérale d’être réunie avec Rose. Mais la moue attristée de MisterBug fut claire et fendit son cœur en un millier de petits morceaux. Sa dernière chance allait lui filer entre les doigts.

« Je suis désolé Morpho, mais nous ne pouvons pas accepter. Le Vœu est notre pouvoir le plus puissant, mais aussi le plus dangereux. Il y a une bonne raison pour que les bijoux soient séparés. »

Morpho eut l’impression qu’on lui assenait un coup de massue dans la nuque. Aussitôt, son corps devint plus lourd que du plomb et sa vue se troubla. Elle se sentait comme dans un état second, où elle ne voyait plus que le désespoir et l’attente sans fin d’un jour qui n’arriverait peut-être jamais.

Cependant, elle s’efforça de se relever pour fuir le plus loin possible et disparaître. Elle ne devait pas laisser paraître son trouble. Elle aurait tout le loisir de s’effondrer plus tard.

« Je m’en doutais, marmonna-t-elle. Dans ce cas, excusez-moi mais je vais devoir vous quitter.

– Et pour le Miracu…

– Malgré tout ce que je vous ai dis sur les aspects négatifs des Miraculous dans ma vie, je garde la broche. A défaut d’avoir mon aimée, je veux rester avec Nooroo. Un jour, si la vie devient clémente et me rend Eublemma, alors je vous le confierai. »

MisterBug acquiesça, comprenant où elle voulait en venir. Plus encore qu’un bijou et des pouvoirs, les Miraculous renfermaient des amis précieux. Avoir auprès de soi l’un de ces êtres fantastiques était une chance. Les kwamis étaient des trésors inestimables.

Il fit signe à LadyNoire de la laisser partir. Mais la super-héroïne n’entendait pas les choses de cette oreille.

« Tu vas la laisser partir avec le Miraculous ? Le Miraculous du Papillon ? Celui qui nous pourrit la vie depuis des années ?! Tu es le mieux placé pour savoir à quel point gérer les conséquences des actes de Morpho est compliqué ! Non, je refuse ! On ne peut pas la laisser s’en sortir comme ça !

– Elle n’a rien fait de mal, Lady, répondit MisterBug.

– Pas encore, » siffla-t-elle.

Sa natte blonde se balançait furieusement dans son dos, reflétant l’humeur de la jeune femme. Elle lança un regard en coin acéré à Morpho, puis amorça un geste pour lui tourner le dos… avant de bondir sur elle.

« LadyNoire ! » hurla MisterBug.

Morpho glapit et recula précipitamment sur les fesses. Dans son empressement, elle glissa sur un versant du toit et manqua de tomber dans le vide. À la limite du toit, elle roula sur le coté pour esquiver LadyNoire. L’héroïne était incroyablement vive, et il était compliqué pour Morpho, inexpérimentée comme elle l’était, de l’éviter.

Elle ne riposterait pas. Elle reculait comme elle le pouvait en cherchant la plus petite des failles où passer pour s’enfuir. Quand enfin elle la repéra, elle attrapa sa canne maladroitement. Ce simple geste la déconcentra un instant, et LadyNoire saisit cette opportunité pour l’attaquer une fois encore.

Morpho tendit sa canne entre elles, et repoussa LadyNoire de toutes ces forces. Elle réussit à expulser l’héroïne sur le toit d’un immeuble voisin. D’un mouvement fluide, elle se redressa et commença à courir le plus loin possible de la scène pour se détransformer. Elle courrait droit vers les caméras, car elle savait que LadyNoire ne ferait aucun mal à Alya et Nino.

Mais alors quelle passant de balcon en balcon, son pied ripa sur une barrière et elle manqua de tomber. Du haut du troisième étage, mieux valait éviter. Elle se rattrapa du bout des doigts. D’une main, elle se tira sur le sol. De l’autre, elle sentait sa canne glisser. Elle resserra sa prise sur son arme. Lorsqu’elle fut de nouveau debout sur ses jambes, et à l’abri des regards, elle souffla.

Son soulagement fut de courte durée. En récupérant la canne, son doigt en avait effleuré le pommeau. Et, alors qu’elle la prenait correctement en main, elle libéra un papillon mauve irisé, presque blanc, enfermé à l’intérieur.

« Non, non, non ! » s’écria-t-elle en voyant le papillon se diriger droit vers les caméras, et ceux qui se tenaient derrière.

Tout en évitant les attaques de LadyNoire, qui était revenue à la charge, Morpho se lança à la poursuite du papillon, essayant de l’attraper sans réussir à le saisir. Elle y était presque, quand MisterBug neutralisa LadyNoire pour laisser Morpho récupérer le volatile fantastique...

Avec épouvante, elle vit son pouvoir atteindre Alya Césaire, et un masque en forme d’ailes se peindre sur son visage. A cet instant, LadyNoire se détacha de l’étreinte de MisterBug pour se jeter sur Morpho et la plaquer ventre au sol, sur un toit à deux pas des caméras. Elle activa son Cataclysme.

La connexion s’établit, reliant le masque d’Alya à celui de Morpho, et elle s’entendit prononcer :

« A l’aide... »

Le corps d’Alya se recouvrit alors d’une fine brume. Elle en ressortit vêtue d’une combinaison fluide blanche, les cheveux retenues par une broche ornée d’un papillon, le regard vide.

Et à l’horreur de Morpho, Alya se jeta sur LadyNoire.

Annotations

Vous aimez lire Solaelora ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0