Chapitre 58

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- Allez, Naïa, il faut pousser une dernière fois et le bébé sera là.

Donnant mes dernières forces dans la bataille, je hurlais toute la rage accumulée ces dernières heures. Tommy était resté avec moi tout le long, me tenant la main et m'encourageant. Je sentis Octavio attraper le bébé et le sortir. Immédiatement, il le posa sur mon ventre, prit une serviette et l'essuya. Il était couvert de sang, mais bizarrement, je ne m'affolais pas, je n'avais qu'une envie le tenir dans mes bras.

- Tommy, peux-tu couvrir le bébé, dit-il en montrant une serviette propre posée sur le lit.

Je voyais Octavio encore s’affairer, alors que je m'impatientais.

- Donne-moi le Tommy.

- Attend un peu répondit Octavio, il faut que je coupe le cordon qui lui servait à manger dans le ventre. Je t'expliquerais tout ça.

Quand enfin le bébé fût prêt, Tommy me l'apporta et le posa dans mes bras.

- Bonjour toi, lui dis-je doucement.

Il gesticulait dans mes bras, ouvrant légèrement les yeux, découvrant pour la première fois le monde extérieur. Bien qu'encore couvert de sang, il était la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir. Il semblait si fragile et pourtant, il était le symbole de la vie. Sentant sa chaleur contre ma poitrine et ses petits mouvements, je fus submergé par l'émotion. Comment pouvais-je ne pas pleurer de bonheur devant ce petit bout de moi. Ce petit bout de nous. Tommy nous enveloppait, tous deux, de ses bras forts et souriait aux anges.

- Il est magnifique.

- Elle, dit Octavio. C'est une fille. Et il va falloir lui trouver un prénom.

- Nous n'y avons pas pensé, avoua Tommy.

Que dirais-tu d'Edmara, c'était une petite fille de ma classe, il y a trois ans. Elle débordait de vie et posait toujours plein de questions.

- C'est très joli. Alors, va pour Edmara.

- Bonjour Edmara, dis-je d'une voix douce.

Elle bougeait de plus en plus et tournait la tête dans tous les sens, la bouche grande ouverte.

- Tu crois qu'elle a déjà faim ? me demanda Tommy.

- Il faut croire.

- Je vais chercher un biberon.

Mais quand Tommy revenu, le biberon n'était plus nécessaire.

- Regarde, elle était contre moi et j'ai senti des picotements dans la poitrine. Alors je lui ai présenté mon téton et elle l'a littéralement gobé.

- C'est extraordinaire.

- Oui on a trouvé toutes seules, instinctivement.

- Et ça ne fait pas mal ?

- Non, pour l'instant ça chatouille juste un peu.

Elle s'était endormie dans mes bras, quand Octavio la prit pour lui faire sa toilette. Il proposa à Tommy de le suivre pour apprendre les premiers gestes qu'il devrait reproduire de nombreuses fois. J'aurais dû être épuisé, il devait être bientôt minuit, mais l'adrénaline devait encore faire effet.

Quand Tommy revint avec Edmara, elle regardait partout, comme émerveillée par ce nouveau monde.

- Tu devrais te reposer, la journée a été longue, me proposa-t-il. Je vais profiter d'Edmara et la coucher dans sa chambre.

- Elle pourrait rester avec nous cette nuit. Je serais rassurée.

- Oui, tu as sûrement raison.

La nuit ne fut pas très reposante. Edmara se réveilla plusieurs fois pour boire. Tommy se leva systématiquement pour me l'apporter dans le lit. J'adorais voir sa petite bouche téter et entendre les adorables petits bruits de contentement qu'elle faisait à chaque gorgée.

Le soleil venait tout juste de se lever quand arrivèrent tous mes amis.

- Alors, raconte, demanda Charlotte tout excitée.

Comme pour leur enseigner toutes ces choses que nous avions découvertes, je n’omettais aucun détail, même le moment plutôt désagréable ou Octavio avait dû recoudre une petite déchirure qu'avait laissée Edmara sur son passage. Mais je leur disais aussi le bonheur que j'avais ressenti quand je l'avais eu pour la première fois dans les bras. Ce sentiment puissant qu'immédiatement, j'avais ressenti pour elle.

Edwina était la plus curieuse, car bientôt, ce serait son tour. Et elle aurait la chance de profiter de mon expérience.

Le clou du spectacle arriva quand Edmara réclama de nouveau la tétée. Octavio qui réfléchissait toujours beaucoup en conclut, que nos autres animaux produiraient sûrement du lait à leur tour quand il ferait des bébés. D'ailleurs les lapereaux que nous avions eus l'avaient fait aussi. Il était émerveillé par autant de perfection. La vie était exceptionnelle et ce nouveau monde nous offrait tellement de savoir et de compréhension sur notre existence.

Je dus attendre quelques jours avant de pouvoir me lever. Mais Tommy avait laissé le berceau près du lit pour que je puisse la prendre à tout instant. Et heureusement, j'avais l'impression qu'elle passait son temps à vouloir boire. Mais ce troisième jour fut aussi le moment où mes seins se mirent à gonfler, à tel point qu'il me faisait mal. Edmara s’étouffa presque quand le lait se mit à couler avec un débit inhabituel. Elle réagit étrangement, comme surexcitée par la profusion de nourriture à laquelle elle aurait sûrement droit dorénavant. Elle ne trouva d'ailleurs pas le sommeil et pleurait dès que je la reposais dans le lit.

Les jours suivants tout était rentré dans l'ordre, même si le lait était toujours abondant.

Charlotte était la plus régulière de mes visiteurs et me posait toujours beaucoup de questions. Mais ce jour-là, je sentais que quelque chose était différent.

- Dis Charlotte, je sens qu'il y a quelque chose qui te tracasse.

- Oui, ça fait plusieurs jours.

- Et c'est pour ça que tu viens si souvent ?

- Oui, je pense.

- Alors je t'écoute.

- Et bien, je n'ai jamais eu de règles très régulières, donc je ne me suis pas affolé tout de suite quand le retard s'est accumulé, mais là ça fait trois semaines et en plus, j'ai les seins tout tendus.

- Tu penses que tu es enceinte.

- Oui, dit-elle avec un sourire timide.

- Mais je croyais que tu ne pouvais pas avoir de bébé.

- Je le croyais aussi, mais je crois qu'ils se sont trompés, dit-elle avec un sourire timide.

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