Chapitre 46

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Samedi 16 septembre

Ça fait trois jours que nous sommes définitivement tous réunis à Liberta. Je n'ai pas écrit dans mon journal depuis le trente août, date d'arrivée d'Edwina et Charlotte. C'est aussi à cette date que ma relation avec Tommy a changée. Je crois que ce petit strip-tease a éveillé en lui une sensualité insoupçonnée. Dorénavant, il aime essayer des choses nouvelles et il a plus confiance en moi. Sa jalousie a laissé place à de la connivence et il prend même avec humour les gestes coquins que Charlotte à son égard.

Mais la raison de mon silence est le travail nécessaire pour finir au plus vite notre communauté. Notre petit nid douillet est bientôt terminé et nous allons pouvoir y emménager dans une semaine. Comme l'avait prévu Tommy, c’est à cette date aussi que nous organiserons notre union officielle. Les filles ont eu l'idée de mettre les petits plats dans les grands, et même de préparer, le moment venu, deux couronnes de fleurs sauvages pour Tommy et moi. Et pour l'occasion, Alana aussi sera joliment décoré.

D'ailleurs, elle est désormais parfaitement opérationnelle. La cuisine est équipée avec le poêle à bois qui nous permet de cuisiner quotidiennement. Nous pouvons aussi nous laver dans une vieille baignoire en acier galvanisé, que les garçons ont chiné sur une brocante. Nous chauffons de l'eau dans la cuisine pour la remplir, au moment de la toilette. Pour des économies d'eau, nous nous lavons à deux et récupérons l'eau pour arroser le potager. Le cellier, quant à lui, est copieusement rempli avec tout ce qu'il nous faut pour survivre jusqu'à l'été prochain, et même pour dix années pour le sel. Même Octavio a enfin une infirmerie, pour nous soigner et stocker toutes ses herbes médicinales.

Dans un avenir proche, nous avons pour projet, de créer un système d'eau courante. Par anticipation, nous avons donc investi dans des tuyaux et Octavio a récupéré à son travail deux fûts en plastique de plus de deux-cents litres. Ils sont stockés à l'abri, près d'un mur de bûches qui nous sert pour chauffer Alana et tous les logements individuels, qui devraient être terminés d'ici trois semaines.

Nous sommes dans la pleine période des récoltes : pommes, mûres, figues, noix, légumes, champignons et ma tâche principale est de réaliser des conserves de toutes sortes : légumes, fruits, confitures, et même des confits. Ils nous seront très utiles quand la nourriture viendra à manquer en plein hiver.

Hier Tommy a senti pour la première fois le bébé bouger, il était très ému et a même pleuré. Je crois qu'il a vraiment pris conscience qu'il allait devenir Papa. Je n'ose pas lui dire que je suis angoissée par tout ça : notre union, le bébé que nous allons devoir éduquer. Je prends petit à petit conscience de l'inconnu dans lequel nous allons plonger. Nous venons tous deux de communauté où les Papas et les Mamans ont été formés à ce métier. Ce que nous allons vivre sera forcément différent, nouveau et sans filet.

Mercredi 20 septembre

Ce soir, pour la première fois, nous allons dormir dans notre nouvelle maison. Il est temps, car le temps est lourd et je ne serais pas étonnée qu'un orage éclate bientôt. Les autres ont d'ailleurs décidé de remballer les tentes et de dormir provisoirement dans Alana, en attendant que nous finissions leurs logements. Nous l'avons déjà fait il y a un mois, pour la même raison. Mais, à six, nous étions un peu à l'étroit, sachant que l'infirmerie n'était pas encore finie. Au moins nous avons pu éprouver l'étanchéité et la solidité d'Alana, ce qui est rassurant pour l'hiver vers lequel nous nous dirigeons.

Vendredi 22 septembre

Demain, c'est le grand jour. Le beau temps est enfin revenu après deux nuits d'orage. De nouveau, Alana a su nous protéger des intempéries, mais notre petit nid douillet a eu quelques fuites. Il a donc fallu trouver, en urgence, le moyen de réparer la toiture.

Pendant que Tommy et Octavio vont s'occuper des réparations, Fabien nous aidera à préparer les festivités. Comme le temps semble se maintenir sur le beau, nous allons décorer la pergola que nous avons construite il y a deux mois. J'aime cet endroit, qui est à la fois léger et rustique. Sa grande table solide et ses bancs conviviaux. L'ombre légère des canisses quand il fait chaud l'été. Les plantes que nous avons plantées aux pieds des poteaux qui remplaceront dans quelques années les tiges de bois nouées. Nous ajouterons des bouquets de fleurs séchées, des bougies confectionnées avec de la cire d'abeille. J'ai, à deux reprises, trouvé lors de mes promenades des ruches sauvages. Nous les avons récupérées pour les installer dans celle que nous avions achetée. Et Aaprès avoir récolté le miel nous avons récupéré la cire pour en faire des bougies.

Il est temps pour moi de laisser mon journal et de me mettre au travail. La prochaine fois que je reprendrai ma plume, je serai uni à Tommy...

Je suis impatiente...

Je suis terrifiée...

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