Chapitre 20

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Cette journée avait été un tourbillon sensoriel. Faisant remonter à la surface des souvenirs enfouis. J'étais épuisée et m'allongeais cinq minutes attendant le retour d'Edwina, qui m'avait envoyé un message pour me dire qu'elle ne devrait pas trop tarder.

Fermant les yeux, je repensais à toutes ces questions dans l'auditorium, certaines m'ayant plus interpellées que d'autres. Celle d'Agathe, qui aurait bien aimé choisir de garder le bébé, par exemple.

— Madame, vous savez où est ma Maman ? dit la voix du petit garçon.

— Mais que fais-tu ici, comment es-tu rentrée ?

— Je cherche ma Maman, elle m'a laissé et je suis seul maintenant.

L'enfant commençait à pleurer et cela me déstabilisait.

— Viens là, viens avec moi sous la couette pour me faire un câlin.

— Vous connaissez ma Maman ? dit-il en grimpant dans le lit pour se blottir contre moi.

— Non, je suis désolée.

— Tu sens bon, tu sens comme ma Maman. Elle aussi aime me faire des câlins.

— Tu sais, je ne suis pas une Maman, alors c'est la première fois que je fais un câlin à un enfant et...

Une émotion intense me submergea. L'enfant se blottit contre moi, si près si fort que petit à petit, il devint mon ventre. Celui-ci était maintenant aussi gros que celui de Marie, la jeune fille qui avait parlé à mes élèves cette après-midi. Posant ma main dessus, je le sentis bouger et une larme coula sur ma joue.

— Naïa, tu dors ? demanda Edwina. Pourquoi pleures-tu ? Naïa ?

— Désolé, je me suis allongée cinq minutes et je me suis assoupie.

— Tu faisais un cauchemar ?

— Pas vraiment, mais un rêve étrange. En ce moment je rêve beaucoup, mais avec tout ce qui se passe, c'est normal, je pense.

— Oui, sûrement, dit-elle. Bon, alors... Tu as trouvé des réponses à la maison de la maternité.

— Et bien pas exactement, mais j'ai réussi à récupérer une éprouvette.

— Une éprouvette de quoi ?

— Et bien de liquide séminal.

— Super, il est où ? À quoi ça ressemble ?

— Et bien, il est dans ma poche et je n'ai pas encore pris le temps de l'inspecter. Je préférais le faire avec toi.

Je me levais et fus prise d'un vertige.

— Tu t'es levée trop vite. Assieds-toi sur le lit et dis-moi où est l'éprouvette.

— Dans la poche de ma veste, sur le dossier de la chaise de la salle à manger.

Edwina revint quelques secondes après avec l'éprouvette. Je n'avais pas pris le temps de l'observer, il y avait dedans un liquide blanchâtre et visqueux. Edwina s'amusait à la secouer lentement de droite à gauche.

— Alors c'est ça que l'on nous a mis dans le vagin, remarqua Edwina.

— Donne-le-moi s'il te plaît.

J'hésitais pendant quelques secondes, ayant peur que l'éprouvette explose ou qu'un truc affreux se passe. Puis délicatement, je tournais le petit bouchon pour mieux inspecter son contenu. Devais-je le toucher ou pas ? J'avais un peu peur.

— Ça sent quoi, me demanda Edwina.

Je pouvais le porter au nez, sans trop de peur. Enfin, j'espérais. Approchant lentement l'éprouvette de mes narines, je humai une petite premières fois, le liquide visqueux. Cette odeur fut familière, mais je n'avais pas vraiment osé le renifler à plein poumon. Je pris une grande inspiration et l'évidence m'apparut. Mon cerveau commença à s'embrouiller et tout se chamboula dans ma tête.

— Qu'est-ce qui t'arrive Naïa ?

Comme je ne répondais pas, Edwina prit le flacon et le porta à son tour au nez.

— Merde, mais c'est... du sperme ! Tu veux dire que ce que l'on nous injecte dans le vagin, pour l'insémination, c'est du sperme.

Une forme de diarrhée verbale se mit à sortir de la bouche d'Edwina, qui commençait à prendre conscience de tout ce que cela impliquait. Eh oui, l'homme était la fleur mâle de la femme. D'ailleurs femme et femelle avaient-elles la même étymologie ? Cela voulait dire que nous avions dû vivre les uns avec les autres et que l'on nous cachait cette vérité. Et puis nous avions pris le risque de tomber enceintes.

— Mais tu vas fermer ta gueule Edwina. Tu ne comprends pas ? Je n'ai plus mes règles !

— Oui et alors ?

— Et bien dis-je en larme, tu ne te rappelles pas que lors de ta grossesse, tu n'avais plus tes règles ?

— Si, mais... Oh Merde ! Tu es enceinte.

— Oui, je suis enceinte.

Je répétai ces mots pour les rendre moins insupportables et effrayants.

— Il va falloir aller voir le Médecin.

— Bah non...dis-je avec une moue dubitative.

— Ah oui, bah non. Il vaut mieux garder tout ceci secret.

Comment allais-je pouvoir cacher ma grossesse à tout le monde. J'étais terrorisée, si la Grande Mère venait à apprendre tout ceci, il m'arriverait sûrement des problèmes. Mais à quel point, je ne savais pas.

— Je crois que dans un premier temps, il va falloir prévenir les garçons. Je crois que ça va être un choc pour eux, eux qui pensaient être issus du clonage.

— Je suis enceinte, répétai-je. J'attends un bébé.

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