Chapitre 17

4 minutes de lecture

Tommy s'était allongé dans le lit et me tendit les bras. J'avais vraiment envie de me lover tout contre lui, même si nous n'avions pas le temps de faire plus qu'un simple câlin. Je me glissais donc dans ses bras, blotti en chien de fusil, contre lui.

— Et si on faisait une petite pause, juste comme ça ? m'avoua-t-il.

— Oui, je veux bien. Au contraire.

— Tu pourrais me raconter des choses sur toi ?

— Que voudrais-tu savoir ?

— C'était comment quand tu étais petite ?

— Comme toutes les petites filles, j'ai été confié à une Maman qui avait déjà la charge de neuf autres sœurs. J'ai eu beaucoup de chance, car nous étions trois du même âge ou presque. Mais à l'école nous étions systématiquement séparées, pour ne pas créer trop de lien. D'ailleurs, depuis que j'ai quitté ma famille, je ne les vois pratiquement plus.

— C'est pareil pour moi. La dernière fois que j'ai vu mon Papa, c'était il y a cinq ans. En fait je suis beaucoup plus proche d'Octavio qui a toujours été mon colocataire, depuis que j'ai quitté ma famille. Mais quand je t'écoute ce que je trouve bizarre, c'est que nous avons le même vocabulaire sauf sur certains mots. Par exemple, je pense que le mot fille, c'est le mot garçon chez nous. Il y a aussi Papa et Maman, homme et femme. Je me demande pourquoi.

— Tiens au fait, en parlant de nos différences. Edwina m'a parlé d'une histoire de fleur... Enfin, c'est compliqué. Mais pour faire simple est-ce que les vaches chez vous ont une queue, comme vous ?

— Les quoi ?

— Les vaches. Les animaux qui servent à faire du lait.

— Le lait et fabriqué par des animaux chez vous.

— Bah oui, pas pour vous ?

— Euh non. Ça vient de... d'usine. Enfin, je n’en sais trop rien à vrai dire.

— Mais ça ne me dit pas à quoi ça ressemble.

— Et bien, c'est gros, presque une tonne, je pense. Elles ont des cornes, un pelage court en général une longue queue avec des poils au bout. Ah et c'est avec leur viande que l'on fait les steaks.

— Aah, les taureaux.

Immédiatement, Tommy prit son téléphone et m'en montra la photo.

— Oui, c'est ça, mais là ça à l'air plus gros et les cornes aussi sont plus imposantes.

— Et donc tu voulais savoir si les taureaux avaient une queue ? Mais je suppose que tu ne parles pas de la queue de derrière.

— Oui, c'est ça.

— Eh bien oui.

— Et les autres animaux aussi ?

— Oui, enfin cochon, mouton, chevaux...

— Hola, c'est quoi tout ça ?

Tommy me montra de nouveau ces animaux aux noms étranges. Je reconnus la truie, la brebis, la jument.

— C'est vraiment bizarre tout ça. Je vais finir par croire à cette histoire de fleur mâle et femelle.

Tommy semblant interloqué par ma remarque, je lui expliquai la discussion que j'avais eue avec Edwina. S'en suivit un long silence. Nous étions en train de prendre conscience de quelque chose, mais nous ne savions pas encore vraiment quoi. Et j'avais des milliers de questions qui me traversaient l'esprit. Pourquoi étions-nous séparés, si nous étions si complémentaires ? À quoi servaient nos différences ? Pourquoi les animaux eux aussi avaient les mêmes différences ?

— Au fait, on n’avait pas parlé de manger un morceau ? demandai-je. J'ai une faim de loup.

— Oui, si tu veux, j'ai apporté du fromage et du pain. Ça te va ?

— Oui parfait.

En sortant de la chambre, nous retrouvâmes Edwina et Octavio, qui étaient en train de manger un morceau.

— Enfin fini ? Vous en avez pris du temps, lança Octavio.

— Oui, mais on a juste discuté.

J'en profitais pour expliquer à Edwina tout ce que m'avait dit Tommy. Octavio qui travaillait dans le milieu de l'agriculture, sembla très intéressé et commença à faire le point de tous les animaux domestiques qu'il connaissait. Et à chaque fois, les noms différaient. Et surtout, chez nous, ils produisaient lait et œufs.

— Tu crois qu'en fait le lait et les œufs viennent de votre communauté ? s'interrogea Octavio.

— Peut-être, répondit Edwina.

— Mais pourquoi ? ajoutai-je. Vous pourriez avoir des vaches, des brebis ou des poules. Je ne comprends pas pourquoi, c'est dingue tout ça.

Je sentais un profond agacement monter. Comme un épuisement. Et tout à coup, sans raison, des larmes montèrent.

— Ça ne va pas Naïa ? dit doucement Tommy. Tu veux manger un morceau, ça te fera peut-être du bien ?

— Oui merci.

Mais quand Tommy me servit un morceau de pain avec du camembert, l'odeur me monta au cœur.

— Désolé, je vais prendre juste du pain. J'aime le camembert d'habitude, mais là... ça me donne la nausée.

— Pas de soucis.

— Et tu n'aurais pas des fruits. J'ai une furieuse envie d'orange.

— J'ai des pommes si tu veux.

— Oui parfait.

En mangeant, je pris conscience d'à quel point j'avais faim. Je m'enfilais une demi-baguette avec beurre et confiture et une pomme.

— Et bien, tu as un sacré appétit, remarqua Tommy.

— Je pense que c'est à cause du bricolage, dis-je. D'ailleurs, il faudrait peut-être s'y remettre.

— Oui, c'est une excellente idée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire toutendouceur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0