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4, Juillet 1969, 21h15

Un homme, est accoudé à un bar, le regard dans le vide, la main bougeant machinalement le verre. Le barman l'observe un torchon dans une main, un verre dans l'autre, l'air exaspéré.

  • Un autre..., lui dit l'homme déjà à moitié éméché.
  • Bon sang t'en est à ton quatrième verre tu crois pas que c'est assez ? lui demanda-t-il.
  • Un autre j'ai dit !, hurla le client en cassant l'objet qu'il tenait dans la main.
  • Bon d'accord, d'accord ! céda le barman avant de lui ramener une bouteille de wisky.

S'appuyant sur le bar comme un patron de grandes firmes demandant des comptes à ses subordonnées pour connaître l'état de son entreprise, il secoua la tête et lui demanda :

  • Mais qu'est ce que t'as pris encore ? Tu sens d'ici ! Mary Jane ? Héro ?
  • Un zoin et un pote m'a donné ça....

Il lui montra en sortant de la poche de son veston une plaquette de ce qu devait être du LSD qui n'avait pas encore été consommée.

  • Mais tu es dingue ! Donnes moi cette bouteille !
  • Nan...tu sais...tès bien que zai bejoin..., parvient il à prononcer les effets de l'alcool se faisant ressentir.

Le barman n'eu pas le temps de lui retirer la bouteille que son client partait déjà en direction de la sortie, bousculant un habitué.

  • Hey mec ça va ?, lui fit-il.
  • Laisses John... Le pauvre gars est pas dans ses baskets, aujourd'hui c'est l'anniversaire de la mort de sa femme... Prions pour que le Seigneur est pitié de lui.

L'homme monta à bord de sa vieille Chrysler bleue argent, toute cabossée. Il alluma la radio, il passait un titre de Mama Cass, "Dream A Little Dream Of Me", la chanson préférée de sa femme Teresa. Fouillant dans son veston, il en ressortit la plaquette, craqua trois pilule, les mit dans sa bouche avant de les avaler avec une grosse gorgée de whisky. Puis démarra la voiture.

Seule au milieu de la nuit, la voiture filait à toute vitesse, heureusement qu'il n'y avait personne sur la route ! Puis le décor changea, à présent, la voiture était loin de la ville, elle se rapprochait plus de que pouvait être un bayou. Elle ralentit brusquement près d'un sentier qui menait à une petite maison érigé sur pilotis. L'homme en descendit, la bouteille à la main, manquant à plusieurs fois de tomber. Il arriva plutôt vite sur la terrasse au bord de l'eau, quand soudain il vit une femme, allongée sur une sorte de radeau. Elle portait un jean et un crop top blanc à pois noirs. Celle-ci fredonnait une chanson qui envoûta notre homme à tel point que son corps franchissa l'eau pour aller la rejoindre pour s'allonger à côté d'elle.

Stars shining bright above you

Night breezes seem to whisper I love you

Birds singing in the sycamore tree

Dream a little dream of me

Les yeux rivés sur le ciel étoilé qu'elle lui montrait du long de son doigt, il sentit une légère brise estival qui emportait avec elle des brindilles et des plumes d'oiseaux. Comme un choeur ceux-ci chantonnaient une mélodie. Le radeau, fut transporté par le rythme calme du cour d'eau. La femme s'asseya, passant les mains dans ses cheveux court bouclés, on aurait dit Marylin Monroe, elle le regarda tendrement, continuant à chanter :

Say nighty night and kiss me

Just hold me tight and tell me you miss me

While I'm alone and blue as can be

Dream a little dream of me

Elle passa ses mains sur ses épaules comme si elle avait froid et il vint l'enlasser pour la réchauffer. Le courant les avait étrangement emmené jusqu'à un estuaire. Il voulu croiser son regard comme pour partager cette surprise avec elle mais il s'obstrua à un visage fermé, fixant un point dans le vide. Le radeau s'échoua sur une plage de sable blanc. Il sauta à pied joints sur la terre ferme, se retourna mais elle avait disparue. Il faisait dans plus chaud, alors il porta la bouteille d'alcool à sa bouche. Ayant plus de mal à marcher, il dégringola d'une dune de sable avant de finir sa course près du rivage. Il contempla la mer et le coucher de soleil. Il aurait bien aimé qu'elle reste avec lui pour apprécier ce moment. A un moment donné, il crû que les effets de la drogue lui jouaient des tours : une forme rectiligne plus brillante que le Soleil l'éblouie à tel point qu'il dû mettre son coude en visière au dessus de sa tête. Finalement, elle était revenue mais elle avait changé, à présent ses cheveux blonds tombaient en cascade sur son dos et elle avait troqué ses vêtements contre une robe de plage scintillante. La seule chose qui n'avait pas changé c'était le son mélodieux de sa voix :

Stars fading but I linger on dear

Still craving your kiss

I'm longing to linger till dawn dear

Just saying this

Elle s'asseya à côté de lui et vînt lui déposer délicatement un baiser sur la joue avant de disparaître derrière lui passant ses bras autour de son cou, puis devant ses yeux le balançant de droite à gauche qu'il eu l'impression de se trouver sur un bateau. Il se retrouva finalement à tournoyer sur une chaise de bureau et finit sa course à une table de cabaret. En face, de lui, se trouver une femme qui faisait son show.

Sweet dreams 'till sunbeams find you

Sweet dreams that leave all worries behind you

But in your dreams, whatever they be

Dream a little dream of me

De dos, vêtue d'une longue robe en satin rose, celle ci était formé d'un bustier en coeur et de volants. Un micro à la main, elle descendit de l'estrade etvînt à sa rencontre. Elle se posa délicatement sur la table, et du haut de son piédestal le regarda tendrement si bien qu'il avait l'impression que des flammes crépitaient derrières ses pupilles bleues. Elle l'invita à danser ce qui permit au pianiste d'être un court instant la vedette de la scène. Il se surprit à danser, alors que quelques minutes ou quelques heures plus tôt il trébuchait sur une dune de sable blanc, étrange..

Le couple dansait, se regardant droit dans les yeux comme pour savourer cet instant. Il se demandait bien ce qu'il avait pû faire pour quelle le regarde avec ses yeux tendre ainsi, il n'y avait aucun doute qu'il était le plus heureux des Hommes. Mais sans qu'il ne s'y attende, lui qui volait sur un petit nuage, telle une furie elle le poussa sur sa chaise, et semblait s'en amuser.

Stars fading but I linger on dear

Still craving your kiss

I am longing to linger till dawn dear

Just saying this

Surpris, il resta béat, il ne comprenait pas son geste, mais il n'eu pas le temps d'y réfléchir qu'elle le poussa comme si il se trouvait sur un fauteuil roulant. La musique continuant de jouer derrière eux, ils se rapprochaient à vitesse folle de la sortie qui lorsqu'il la franchissa, l'aveugla par sa clarté, deux serveurs leur ayant ouvert les portes. Il se retrouva au volant de sa vieille Chrysler, la jeune femme blonde à ses côtés. Elle avait l'air plus calme que tout à l'heure. Elle glissa sa main sur celle de l'homme et il eu un déclic.

-Teresa ? Oh ma chère et tendre Teresa...., prononça-t-il des larmes de joies roulant sur ses joues

A son nom elle sourit de plus belle, comme si elle le félicitait de l'avoir reconnu, après avoir séché ses larmes avec un mouchoir, elle reposa sa main sur celle de son mari, actionnant le levier de vitesse, elle tourna la tête en direction de la route, écoutant la musique qui allait bientôt s'achever, le rayons du soleil couchant éclairant son visage.

Sweet dreams till sunbeams find you

Sweet dreams, all worries far behind you

But in your dreams whatever they be

Dream a little dream of me

La voiture qui avait, il y a quelque minutes, quitté le parking du bar fit une sortie de route, puis une dizaine de tonneaux avant de se retrouver sur le toît au milieu des branchages, laissant son conducteur, seul, inanimé, probablement mort, le visage ruisselant de sang. Seule, au milieu de cet endroit silencieux, la musique jouait ses derniers accords.

FIN

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