Lundi matin, mon réveil sonne et je n’ai qu’une seule envie, c’est de me rendormir. La nuit a été courte, je fais des cauchemars quasiment à chaque fois. Je revois le visage de ma mère après l’accident et la terreur dans les yeux de mon frère Gabriel. Quant à mon père, c'est autre chose que je vois.

Comme à son habitude, Lucie m’attend et cette fois c’est elle qui ronchonne.

• Pourquoi est-ce que tu râles ? Ce n’est pas dans tes habitudes.
• « Monsieur muscles » veut aller boire un verre ce soir et j’essaie de résister, mais j’ai beaucoup de mal. Aide-moi !!!

Je la regarde en souriant, je sais qu’elle l’aime encore ; Il s’est comporté comme un goujat mais je sais que leurs sentiments sont réciproques.

Donne-lui une dernière chance et s’il te blesse encore une fois, il aura affaire à moi. Tu veux que je t’accompagne avec Ely, au cas où ? On se fera discrets.

• Tu ferais ça ? Merci.
• Allez viens, les cours vont bientôt commencer.

Dans le bus, ma poche se met à vibrer, je viens de recevoir un mail concernant ma réponse à l’annonce pour la garde d’enfant. On me propose un rdv ce soir à 18h. Mon visage s’éclairci d’un large sourire que ma coloc ne manque pas de voir.

• Il y a un homme sous ce sourire ?
• Dis pas n’importe quoi, on me propose un entretien pour du travail. On me demande de venir ce soir. Qu’est-ce que je dois faire ? Et tu as ton rancard ?

Mon amie me prend par les mains, me regarde droit dans les yeux et me dit :

• Je suis super contente pour toi et tu en as besoin, mais habille-toi correctement c’est quand même un entretien. Ne t’inquiète pas pour moi, il y aura Ely et Fred.

Je la prends par le bras et lui pose un bisou sur la joue.

De retour à notre appartement, nous nous préparons à coup de brosse et de maquillage, enfin pour Lucie parce que moi, c’est hors de question. On frappe à la porte, je la laisse terminer tranquillement pour aller ouvrir à Ely et Fred.

• Vous sortez du tribunal ?
• Oui, ma belle et on ne repasse pas par la maison donc on sera habillé comme on est. Miss monde est prête ? me demande Ely.

Mon amie sort de salle de bain et comme à son habitude elle est magnifique. Elle porte une robe verte moulante, elle tout simplement belle. Lucie est grande, mince avec juste ce qu’il faut ou il faut, des cheveux longs, blonds et des yeux d’un vert profond. En plus d’être belle, elle est intelligente et douce. Parfois je ressens une petite pointe de jalousie mais juste passagère, hein !!! Quant à moi, je ne suis pas très grande, j’ai qu’une fossette, brune avec des yeux bleus et des taches de rousseurs sur le nez, je suis jolie à ma manière mais les garçons se retournent plus facilement sur Lucie.

En rentrant à l'appartement, j’ai regardé l’adresse de mon entretien et les bus qui y passent car j'ai le permis mais je ne conduis pas. J’ai une trouille folle depuis l’accident de ma famille.

Fred me tape sur l’épaule :

• Tu veux qu'on te dépose ? C'est mieux que le bus.
• Avec plaisir, merci.

Arrivée à destination, toute la petite clique me fait des bisous en me souhaitant bon courage.

Mon regard se pose sur un énorme portail sculpté en fer forgé, une boule se forme au creux de mon ventre, j’appuie sur la sonnette.

• Oui, c’est à quel sujet ? demanda un homme.
• Je viens pour l’entretien de travail.

Un clac retentit et le portail s’ouvre sur un grand domaine. L’allée qui monte est bordée d’arbres tous aussi grands les uns que les autres, c’est juste époustouflant. La maison est tout simplement hors norme, c’est un vieux manoir anglais. Je monte les marches pour arriver sur le perron en pensant que je ne suis pas à ma place, j’aurai dû écouter Lucie et m’habiller autrement. Je mords l’intérieur de ma joue, je respire un bon coup et toc à la porte.

• Bonsoir, vous devez être Eleanor ? Je suis Sacha Parks.

Merde, merde et merde, je me décompose.

• Heu ! oui, bonsoir, dis-je en bégayant.

Mes joues doivent être d’un rouge prononcé car la personne qui est en face de moi n’est ni plus ni moins que le bel homme de l’autre soir.

J'essaie de me donner un peu de contenance mais c'est peine perdue.

• Ella ! On m’appelle Ella.

Un sourire en coin apparait sur son visage :

• Rentrez Ella, je vous accompagne dans le bureau de mon frère.