CHAPITRE XVI - PARTIE I

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Je ferme les yeux. Pas question que ma dernière vision soit leurs deux faces de rat. Je me remémore des images plus douce, plus appétissante. La première fois où j'ai pris mon fils dans mes bras ou encore la première fois que les lèvres de Bewen ont embrassé les miennes. Démon le plus pénible résidant en mon âme, si seulement j'avais pu me guérir de lui. Pourtant, il demeure, et est l'une des seules personnes à qui je pense avant de succomber à l'existence.

  • Qu'est-ce que tu as fait encore ? intervint l'un de mes deux bourreaux.

Je me tais et écoute leur conversation.

  • Pardon ? Je n'ai absolument rien fait, j'ai suivi les instructions à la lettre ! S'exclame le second, les gouttes de sueur dégoulinant sur son front démontrant sa panique.
  • C'est bon ! La ferme maintenant. Nous sommes immédiatement convoqués par l'intermédiaire du conseil. On doit s'y rendre sur-le-champ et laisser en suspens notre activité.
  • Très bien... admit le second en serrant les poings. Mademoiselle Rousseau, vous êtes prié de sagement nous attendre.

J'ai très envie de les envoyer chier. Je sens la réticente papable et la surprise qui scie leurs voix. Ils sont relativement sous le choc, ce genre de chose n'arrive pas très souvent. Qu'ont-ils bien pu faire comme erreur ? Serai-je puni pour leurs fautes ? Je ne l'espère pas.

Malgré moi, mes yeux se heurtent à la forte ampoule du plafond qui éclaire cette cage. Qu'est-ce que foutent exactement ces connards ! C'est une énième technique atroce de torture mentale pour nous faire souffrir ? Subir l'attente poursuivant l'agonie ? Ces gens sont vraiment des personnes ignobles et sans humanité apparente. Serait-il possible qu'on leur ait soustrait ? Car je ne peux pas croire que notre race s'adonne à des actes aussi répugnants.

Il s'écoule quelques secondes puis une minute et deux, une durée infinie qui m'écorche les veines. Je suis impatiente de nature, mais là c'est un degré différent qui me percute. Désormais que mon heure a sonné, il saurait trop demander de me laisser m'éteindre en paix ? Bam!

Les deux jeunes personnes rentrent en trombe dans la salle. Leurs expressions est loin d'être paisible, non au contraire ils semblent tous deux empreint à une nervosité détonante. J'observe interdite l'un deux ouvrir mes lanières pour me détacher. Mais qu'est-ce qui se passe, bon sang ? C'est sûrement une blague, de très mauvais goûts qui plus est. Cette fois, je ne me laisserai pas embobiner. Ça suffit ! Je refuse d'être pris pour une vulgaire marionnette, si c'est comme ça je mettrai moi-même une balle dans la tête, s'ils ne sont même pas capables d'actionner la détente.

J'assène un violent coup de genou dans la gorge à celui agenouillé face à moi et me lance directement vers le second escorte pour lui arracher une arme. N'importe laquelle fera l'affaire. Je balance mon poing en plein dans la tronche du jeune homme. Il ne possède aucune ressource sur lui seulement un badge qui je déduis doit être son passe d'accès. Je le lui ravis de sa blouse blanche et m'en sers ni plus ni moins pour m'échapper.

Une fois avoir enjambé la sortie, le champ est libre, il n'y a plus un chat dans les couloirs, alors je prends mes jambes à mon coup et laisse mes impulsions guider ma course furieuse. Mon désir fougueux de liberté rugie à pleine dent dans ma poitrine. Je ne sens plus les battements dévergondés de mon coeur qui me rende haletante. Mon instinct de survie a soudainement empoigné les reines de mon esprit divaguant et déchirée par la peur.

Droite, gauche, tout droit. Je ne sais où m'orienter puis une porte indiquant: INSTALLATION XXZ num 34 se dévoile à moi.

Je n'ai pas la moindre idée de comment me cacher intelligemment à l'intérieur de cette base. La sortie m'est totalement ors de portée. Dès que je baisse la poignée, je découvre des murs parsemés de toute part de fils électriques, un tableau de couleurs allant du bleu au rouge. Je me faufile dans la pièce en veillant à ne pas avoir été suivi, par une présence non conviée. Maintenant il me reste plus qu'à patienter... Mais pour quoi ? Il faut vite me remuer les méninges et établir un plan solide pour décamper vite fait d'ici.

Je ne dois pas traîner longtemps dans les parages au risque de retourner sur la chaise de la mort. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé, il y a quelques minutes. Pourquoi ont-ils voulu subitement interrompre la manœuvre ? Ils étaient sur le point de désactiver ma puce...

Sur le moment, je ne me suis pas posé plus de questions, car je vivais les derniers instants de mon existence. Mais nous n'avons jamais été informés sur le sujet d'une puce dans notre organisme. Depuis que j'ai fait office de ma présence à la sélection, je n'ai cessé d'en apprendre un peu plus chaque jour sur les conditions de ce pays. Je ne sais pas à quoi sert cette merde, mais si j'avais le moyen de me l'arracher je m'éviterais bien des ennuis supplémentaires.

Cependant, je n'eus le temps d'en déduire davantage que la porte se retrouve défoncée par la force d'une dizaine de gardiens protégée et armée jusqu'aux dents.

C'est à eux qu'on doit les sérieuses décisions et la préservation de la paix. Face aux grands patrons, minuscule, je me sens, oui, on peut le dire. On les appel, les Ailes blanches en référence à la colombe, cet oiseux de grâce supposée insufflée la paix qu'importe les contrés survolées.

C'est eux qui assistent le président du conseil. J'en ai mainte fois entendu parler. Et je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'ils se réunissent pour moi. Ils sont quatre, trois femmes et un homme. Une rouquine, une brunette et deux blonds, pas une seule tête grise. Cela me surprend en règle général c'est la génération disons la plus dépassée par les années qui remplissent des rôles aussi importants que ceux-ci. Mais passons ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres.

  • Madame Andorra Rousseau, vous avez été convié devant l'assemblé des Ailes blanches pour une affaire urgente qui a suscité l'interruption de votre mise à mort, annonce l'un deux derrières le long bureau ou sont installés les quatre émissaires.

Séparé par une importante distance, j'ai tendance à croire qu'ils me craignent.

  • Madame Rousseau engage l'homme, je me présente, Dave Grole.
  • Lewin Klapper, continu la rouquine.

La brunette enleva ses lunettes et me contemple rapidement avant de lancer péniblement:

  • Malika Demmor.
  • Opal Tumé pour ma part, achève la blonde.
  • Pas besoin de me présenter, je présume.
  • Je pense que nous pourrons nous passer de vos commentaires, Madame Rousseau , tranche Demmor, à travers un regard électrique.Bien... Et si nous commencions ? Nous n'avons pas vraiment le loisir de gaspiller plus de temps, explique Dave en tripotant son stylo, Il paraît bien stressé. Je te laisse exposer la situation Malika.
  • Voilà, comme vous l'avez découvert, il y a quelques heures, vous n'aviez malheureusement pas été sélectionnée pour la suite du jeu... Seulement, il se trouve qu'un événement naturellement inattendu a contré le bon déroulement et de l'organisation de The Tower. Une candidate est morte.

Je ne savais même pas qu'une chose pareille était envisageable.

  • Comment ? S'est-elle suicidée sous la pression ? Interrogé-je curieuse.
  • Exactement, répond Opal sans aucun détournement.

Les participants sont choisis à la petite cuillère. Malgré leur expression insondable, je suis presque sûr que ce genre de problème ne leur ait encore jamais tombé dessus. Mes émotions bouillonnent, je ne peux cacher mon étonnement. Voilà donc la cause de ce chamboulement. Mon coeur trépigne sous sa cage thoracique. Une seule réponse peut donc expliquer un tel rassemblement...

  • Une place s'est libérée... poursuit-elle.

Un espoir inouï renaît en moi. Je ne me pensais pas devenir la détentrice d'une telle chance. C'est tout de même hallucinant !

  • Après avoir scrupuleusement étudié cette situation et la liste, vous semblait être la personne capable de prendre le relais. Vous avez manqué la coche sur un point, ce qui est relativement minime. La question fut donc hâtivement résolue et de notre côté, nous ne pouvions espérés meilleurs futurs participants. Madame Andorra Rousseau, vous faites maintenant partie des seize candidats sélectionnés à The Tower, nous vous présentons toutes nos félicitations, achève Dave n'affichant la moindre jubilation.

Impossible de répondre quoi que ce soit, j'en ai perdu la voix. Que ce soit une doubleuse de leur comédie ou non, je m'en moque éperdument. Dès lors, je peux enfin contempler s'ouvrir à moi une brèche plus jouissante que la mort. Je vais pouvoir continuer à respirer marcher et toucher, mais surtout me battre, le combat étant loin d'être terminé. Car cette liberté, il va falloir encore que je la remporte. Et rien ne me semble être facile à obtenir en cet instant, à part le soulagement.

Les Ailes blanches se consultèrent mutuellement par un coup d'oeil et Demmor s'empresse d'ajouter son grain de sel. Cette femme me déplaît déjà fortement. J'espère à ne plus à devoir la rencontrer après cet entretien.

  • Seulement, nous vous prions impérativement de camper dans les rangs. La liste est longue... Et nous ne priverons pas de vous supprimez à la première minute, s'il vous prenait de réitérer ne serait-ce qu'une incartade, n'imaginons pas un écart injurieux comme tout à l'heure. En clair, aucun acte pittoresque ne sera en aucun cas toléré. J'espère que vous percevez l'obligation, ceci ce n'est pas un conseil, mais un ordre, Madame Rousseau.

Je serre les dents, mes mains se crispant sur mes cuisses. Pour le coup, Demmor ne déploie aucune parcimonie. Ce n'est véritablement pas le moment de me donner en spectacle. Mes mots s'impatientent furieusement sur ma langue. Ne ne gâchons pas tout maintenant.

  • Rien à rajouter ? Demande la conseillère à ses collègues.

Tous se taisent, visiblement satisfaits par les dires intransigeants attestés.

  • Très bien, vous pouvez disposer mademoiselle Rousseau. Nous vous souhaitons une très belle et longue aventure au sein de The Tower. Que la paix s'imprègne de votre être et prospère jusqu'à votre dernier souffle, clame Opal Tumé.

Jadis, la couleur blanche me transissait de grâce et de légèreté. Aujourd'hui, elle renverse mon estomac au point qu'elle me pétrit d'une irrésistible envie de vomir. L'attente est interminable, je me questionne sur la suite des événements et je m'impatiente à l'idée de m'exercer à ce nouveau challenge.

Subitement, la porte émet un bruit.

Assise au milieu d'une pièce, la solitude s'évapore, l'heure de la révélation a sonné. Deux femmes débarquent, pour être plus exacte une noiraude et une blonde dotée d'accoutrement étant ce que j'avais vu de plus extravagant lors ma courte existence. La noiraude était un peu moins enveloppée de tissus que l'autre. De longues bottes noires claquent en ma direction, montant jusqu'à ses genoux. Un mini short et un bandeau noir au niveau de sa poitrine couvrent également une part de sa chair. Le seul accessoire ressortant est son petit gilet en maille beige.

Peut-être qu'au capital ce style fait rage dans les rues ? Qu'en sais-je. Dans mon clan, je n'aurai jamais eu l'opportunité de m'accoutrer de la sorte.

La réelle question qui se pose s'attarde sur leurs identités ? Qui sont-elles ? Et que vont-elles encore me faire subir ?

Elles se rapprochent et se plantent face à moi. La blonde étant sur la ligne arrière, j'en déduis que la jeune femme aux bottes mène la danse. Depuis son entrée en scène, la blonde vêtue d'une robe rouge, ne se détache pas de son sourire. Ces deux inconnus me semblent du moins plutôt intrigants aux premiers abords.

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