CHAPITRE XI - PARTIE I

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L'agitation s'est emparée de moi, je ne suis plus qu'une boule d'énergie coincée dans une cage blanche sans issue. Est-ce l'approche des jeux qui se font de plus en plus résonnants à mes oreilles ou juste les réponses inachevées qu'on m'a révélé la vielle suscitant chez moi un important stresse ? Je ne pourrai pas tenir dans ma cellule plus longtemps, je ne sais pas comment les autres prisonniers font pour se contenir face à une réalité aussi oppressante. Savoir qu'ils demeureront cloitrés à vie dans cet endroit ne leur provoque-t-il pas une folie dangereuse ?

Et bien moi si ! Je n'en peux déjà plus ! J'ai absolument besoin de connaitre au plus vite si les jeux se préparent à m'accueillir, oui ou non. Un nombre incalculable de doutes ont émergé au courant de ma nuit blanche. Des interrogations auxquels je ne m'étais, il y a quelques heures, pas confronté.

En plus cette entrevue, hier, m'a passablement interloqué. Curieuse, je me suis questionnée: à quoi peuvent-ils bien servir des séances avec un psychologue à des prisonniers qui ne reverront jamais la lumière du jour ? Selon ce point de vue, ce n'est qu'une perte de temps et surtout d'argent. Mais si on considère l'existence de The Tower, cela change amplement la donne. Ils nous observent, nous testent sans arrêt.

Je lacère mon visage de mes mains, totalement atrophié par un tel avenir. Suis-je réellement destinée à finir le reste de ma vie dans ce minuscule carré blanc dépourvue de tout air nature ? Non ! Non, il en est or de question ! Je renonce à voir mon destin m'échapper.

Il y a une petite fenêtre qui donne sur le couloir. Deux gardes surveillent attentivement celle-ci. Je m'en approche laissant un bout de ma tête dépasser.

« He ho ! He, il y a quelqu'un ? Interrogé j'impatiente.

Dans un premier temps, un œil las se révèle entre les barreaux pour inspecter ma cellule. Seulement, il se détourne bien vite de mes plaintes, insignifiantes à ses compagnon ses oreilles. Aucune compassion, pourquoi en aurait-il pour moi après tout ? Visiblement désintéressé par ma situation, je crie cette fois, mais en cognant mes poings contre la porte. Peut-être que plus de bruit est la solution.

  • S'IL-VOUS-PLAIT !

La seconde tentative est la bonne puisque l'un des gardes se retourne en fin vers moi pour s'occuper de mes réclamations. Après m'être rouillé les cordes vocales, j'ai enfin éveillé leur curiosité.

  • Qu'est-ce qu'il y a encore ? Tu n'es pas obligée de hurler, je te signale que je suis juste derrière la porte pas à l'autre bout du monde ! Alors la ferme petite conne.

Je me retiens et fais bonne figure, décidant de ne pas répondre à sa mauvaise humeur qui est tout à fait propre au caractère des gardes de la prison d'Elario.

  • Je veux voir Mme.Black. Je crois savoir que je peux demander un entretien avec elle quand je le souhaite non ?

Le gardien roule des yeux ennuyés, il ne supporte pas l'idée que je puisse encore avoir des droits en tant que criminel.

  • Oui, effectivement...»

Les gardes ont pris tout leur temps avant de m'amener dans le bureau de ma psychologue enchaîné des pieds à la tête comme si j'avais provoqué la guerre de Cent.

Pour la première fois de ma vie, je me sens prête à franchir la ligne. Dépasser mes peurs et dévoiler le fardeau que je dois assumer depuis de longues années. Il est impossible de m'en découdre, car elle fait partie intégrale de moi. Elle est probablement tout ce que j'ai au monde pour l'instant. Mon histoire.

Débarrassé, de mes chaînes, je m'assieds face à Mm.Black qui me dévisagent avec grande surprise. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je demande à m'entretenir avec elle, aujourd'hui. La blonde trifouille avec rapidité dans ces feuilles essayant en vain de retrouver mon nom dans ce qui semble un bazar. Elle sort un énorme dossier et le dépose lourdement sur la table. Je ne me rappelle pas avoir été aussi problématique en première section. Je grimace légèrement.

« Depuis hier, j'ai pu dénicher pas mal de choses sur ton compte. Effectivement, déclare-t-elle voyant ma tête indignée, je dois avouer ne m'être préparé à te recevoir dans mon cabinet, à cette heure. Surtout après notre entretien.

  • J'ai changé d'avis, répliqué-je sèchement.

Mes mains tremblent légèrement, je n'ai jamais osé énoncer une miette de ma vie à qui que ce soit, encore moins à une totale étrangère. C'est insensé, mais il y a cette chose en moi qui me bouscule depuis un certain moment. Elle tient absolument à ce qu'enfin je me dévoile. Et puis ce n'est pas tout, j'ai ma petite idée derrière la tête.

La confiance en vers autrui est chez moi très dur à acquérir. Je meus mes yeux dans tout le sens, me pince les doigts et me mort les lèvres. La nervosité n'a pas raté cette éventualité pour m'engourdir de son venin. Des instants terribles dans ma vie j'en ai traversé, mais cette épreuve comparée aux autres me paraît insurmontable.

  • Je t'écoute Andorra. Tu sais qu'aider les gens, c'est mon travail, je n'oserai émettre un quelconque jugement personnel. Tout ce qui se dira durant les minutes qui vont poursuivre restera uniquement entre nous. Tu peux tout me dire.

Je racle ma gorge appréhendant la suite. Malgré son mensonge, il est temps que j'expose tous les éléments composant le début de ma vie un par un. Mais par où entamer ce récit ?

  • J'avais 6 ans, démarré-je brusquement, seulement 6 ans quand ma mère a décidé de me vendre à une famille riche appartenant au clan huit Saphirs aussi connus sous le nom de l'île de Phir. Il racontait qu'il y a bien longtemps, lorsque les premiers survivants de la guerre de 100 ont émergé des décombres pour explorer notre nouveau continent, un homme a découvert cette ile ou la fortune coulait à flots.

Les mots s'emboîtent naturellement. Je n'ai même pas besoin de réfléchir pour structurer mon discours. C'est comme si... C'est comme si ses paroles avaient été rédigées, inscrites en moi depuis... Non c'est impensable. C'est dingue, mais il me semble qu'elles sont là depuis toujours. Pour une raison qui m'échappe, cette sensation est aussi agréable que troublante et surprenante venant de ma part.

  • Ma mère, fille d'un marchand du désert n'a cessé d'entendre cette histoire depuis sa naissance. Elle rêvait de cette île où le bonheur s'avérait être inné, ou la pauvreté n'était qu'un mythe ou l'amour était seule nourriture pour assouvir la faim grandissante des hommes de ces nouveaux paysages, je raconte calmement.

Mm.Black reste silencieux, étudiant avec précaution, au fil de mon récit, la moindre de mes paroles ainsi que mon comportement. Rien ne se soustrait à son radar pointilleux.

  • Elle a cru bien faire en m'envoyant dans cette famille de haute classe. Ma mère voulait désespérément me donnait la vie dont elle n'avait jamais pu profiter. Ses intentions n'étaient pas mauvaises ni égoïstes. C'était une femme grandement angoissée par mon avenir, folle de son unique petite fille. Sa peur la plus terrible fut que je finisse comme elle. Perdu dans le désert, éperdument éprise d'un homme qui n'avait que son amour à lui offrir. Je sais qu'elle m'aimait, qu'ils m'aimaient. C'est regrettable, mais ma mère s'est fourvoyé en me dédiant à ce destin, elle ne m'a pas envoyé au paradis, à la place elle m'a délibérément flanqué en enfer.
  • Tu lui en veux ?
  • Je ne lui en veux pas pour avoir essayé de me rendre heureuse, seulement, je lui en veux d'avoir oublié l'essentiel. Ses valeurs étaient à mon avis trop sales. Elle m'a abandonné à un sort ignoble, en ignorant le véritable bonheur, ne faisant confiance qu'en ses désirs malsains. Et c'est injuste, j'explique en arpentant un semblant de frustration.

La nervosité m'a quitté peu à peu sans persistance.

  • Depuis l'âge de mes 6 ans, jusqu'à mes 18 ans, j'ai grandi auprès des Hammer. Mes parents adoptifs ont toujours été corrects avec moi. Imbus de la société qui les entourait, stricte, mais eux m'ont au moins apporté l'amour que ma mère n'a su me procurer, continué-je à explorer, Au début, ce fut dur d'accepter que je ne revoie plus jamais mes parents. Mais j'ai, moi-même, développé la capacité à effacer certains souvenirs. Je n'avais pas le choix, je me devais d'éradiquer la douleur. J'ai eu des frères incroyables, trois pour être exact Lane, Bewen et Coy. Je me suis très vite habitué à cette vie de bourgeoisie prestigieuse. J'ai été doté d'une éducation remarquable avec les meilleurs professeurs de la région. Étant la seule fille de la famille, mes caprices étaient immédiatement satisfaits. On ne me refusait pas un bijou ni une nouvelle robe. En conclusion, j'ai pris goût à la richesse et à tous ses avantages, sans grande difficulté. Là n'était pas le problème, je tranche.

Le visage de Mm.Black cède à la mésentente.

  • Votre vie semblait parfaite, je ne comprends pas, qu'est-il arrivé ? m'interroge ma psychologue sur un ton curieux.
  • Rien d'atypique. Je me sens idiote tout d'un coup de devoir avouer cela. J'aurais dû barricader mes émotions, me blottir dans un monde opposé, cependant, je n'ai eu ni le courage ni la force de vaincre mes sentiments et puis on ne peut pas entièrement contrôler ce genre de chose. Seule une volonté de fer aurait pu m'éviter cette misère. Aujourd'hui, je m'en sens tout à fait capable, mais à l'époque quand j'étais adolescente, c'était trop demandé à mes pulsions. Selon moi, la plus grande faiblesse de l'homme est son appétit du pouvoir, de la gloire, et de la reconnaissance pour moi ce fut l'amour.

Je me permets une petite pause. Nous allions embarquer dans la part conséquente de mon histoire.

  • Au départ, nos intentions étaient si innocentes et si pures. Nous ne comprenions pas pourquoi... ni comment... Nous ne posions pas beaucoup de questions. À aucun instant, nous n'aurions pu envisager que les événements prendraient une tournure aussi déchirante. 14 ans, ce n'était qu'encore un simple jeu pour nous. Et à 16 ans les choses sérieuses ont commencé. On est rentrée dans la cour des grands, perçant les aspects les plus sombres de notre monde et de sa nature profonde. Intrigues et secrets sont le train-train quotidien chez les aristocrates. Je me souviendrais toujours, lors de se fameux baisé sur un balcon à la vue de tous, j'ai senti cette chose improbable, cette miroitante étincelle rare, unique en son genre. Heureusement, personne ne nous avait remarqués à cette soirée. Et j'ai compris, on a compris que cet amour ne serait jamais comme les autres. Comment décrire une sensation à la fois aussi extraordinaire et interdite. Elle vous déglingue. Telle une balle froide dans le coeur. J'ai aimé cet homme à un sens inimitable, vous ne pouvez pas l'imaginer. Deux âmes tiraillées contraintes à s'aimer pour l'éternité voila à quoi se résumait notre destin.
  • Je ne comprends pas, vous êtes tombée amoureuse d'un homme vous étiez ensemble, mais pourquoi vous cachez ? Qu'avait-il de mal à cela ? 
  • Bewen, c'était Bewen. Et il était censé être mon frère, je conclus. 
  • Oh je vois... Cependant, il n'était que votre frère adoptif. Dans un sens ce n'est pas si mal que ça, enfin... ? 
  • Pour vous, pas pour eux.
  • Eux ?

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